Embuscade au Niger: Donald Trump et l’armée américaine face à la polémique

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Les quatre sergents des forces spéciales américaines tués le 4 octobre dans une embuscade au Niger. De gauche à droite: Jeremiah Johnson, Bryan Black, Dustin Wright et La David Johnson. Army Special Operations Command/Handout via REUTERS
Les quatre sergents des forces spéciales américaines tués le 4 octobre dans une embuscade au Niger. De gauche à droite: Jeremiah Johnson, Bryan Black, Dustin Wright et La David Johnson. Army Special Operations Command/Handout via REUTERS

Lundi 23 octobre 2017, Donald Trump a remis la médaille d’honneur à un infirmier militaire pour acte de bravoure pendant la guerre du Vietnam, quelque 40 années après la fin du conflit. De quoi contraster avec la polémique mettant aux prises le président et la veuve de l’un des quatre soldats américains tués début octobre au Niger. L’affaire ne cesse de faire couler de l’encre. Le chef d’état-major interarmées a dû prendre la parole lundi pour revenir sur les conditions de cette embuscade meurtrière.

Le 4 octobre dernier, quatre soldats américains tombaient dans une embuscade de jihadistes du groupe al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Et samedi 21 octobre, l’un de ces soldats, La David Johnson, 25 ans, était inhumé dans un cimetière d’Hollywood, en Floride, en présence d’un millier de personnes.

Sa veuve, Myeshia, enceinte de six mois, se trouvait au premier rang avec leurs deux autres enfants, Ah’Leeysa, 6 ans, et La David Jr, 2 ans. Et lundi, elle a ensuite accordé sa première interview à la chaîne ABC. L’occasion de confirmer les dires de l’élue démocrate de Floride Frederica Wilson, qui avait lancé la polémique.

Myeshia Johnson a raconté le malaise qu’elle avait ressenti lorsque le président Trump l’a appelée pour lui présenter ses condoléances : « Ça m’a fait pleurer, parce que j’étais en colère à cause du ton de sa voix. Il ne se rappelait même pas du nom de mon mari et c’est ce qui m’a fait le plus mal. »

Myeshia, veuve du soldat américain La David Johnson, tué le 4 octobre 2017 au Niger. Hollywood, le 21 octobre lors des obsèques du jeune homme.REUTERS/Joe Skipper
Myeshia, veuve du soldat américain La David Johnson, tué le 4 octobre 2017 au Niger. Hollywood, le 21 octobre lors des obsèques du jeune homme.REUTERS/Joe Skipper

« Pourquoi ne pouvez-vous pas vous souvenir de son nom ? »

Le président Donald Trump « ne se souvenait de son nom que parce qu’il m’a dit qu’il avait son dossier sous les yeux », considère la jeune femme. Et de marteler : « Il ne pouvait pas se souvenir du nom de mon mari. Je l’ai entendu bafouiller en essayant de se souvenir de son nom. »

Il « savait à quoi s’attendre » en s’engageant, « même si c’est probablement douloureux », lui aurait fait remarquer le chef d’Etat. Mais « si mon mari est en train de se battre pour notre pays, risque sa vie pour notre pays, pourquoi ne pouvez-vous pas vous souvenir de son nom ? », demande Myeshia.

Dans un tweet, relate notre correspondant à Washington, Jean-Louis Pourtet, Donald Trump a répondu. Le président des Etats-Unis a certifié sur son réseau social favori que la conversation avec la jeune femme avait été très respectueuse et qu’il avait prononcé le nom du soldat dès le début, sans aucune hésitation.

« Ils ne m’ont rien montré, pas un doigt, pas une main »

Mais Myeshia Johnson est aussi en colère contre l’armée, qui ne lui a donné pratiquement aucun détail sur les circonstances de la mort de son mari, et qui a refusé de lui montrer sa dépouille : « J’ai besoin de le voir pour savoir que c’est mon mari. Ils ne m’ont rien montré, pas un doigt, pas une main. »

« Je ne sais pas ce qu’il y avait dans ce cercueil et pour autant que je sache, il aurait pu être vide », conclut la veuve, alors que lors d’une conférence de presse, le chef d’état-major interarmées, Joseph Dunford, a déclaré lundi que les familles des victimes seraient les premières informées des résultats de l’enquête en cours.

Pour couper court aux nombreuses critiques qui s’élèvent, le général Dunford a d’ailleurs parlé aux journalistes une cinquantaine de minutes. Selon lui, l’armée est tout aussi désireuse que le Congrès, les journalistes et les Américains, de faire la lumière sur cette attaque que les services de renseignement n’avaient pas prévue.

Le chef d’état-major interarmées n’a cependant pas pu donner beaucoup de détails nouveaux. Il a révélé que le groupe composé de 12 soldats américains des forces spéciales et de 30 Nigériens n’avait appelé des renforts qu’après une heure de combat, ce qui laisse supposer qu’ils pensaient pouvoir se débrouiller seuls.

Conférence de presse du général Dunford au Pentagone, à Washington, le 23 octobre 2017.U.S. Department of Defense/Handout via REUTERS
Conférence de presse du général Dunford au Pentagone, à Washington, le 23 octobre 2017.U.S. Department of Defense/Handout via REUTERS

Quelque 6 000 soldats américains répartis en Afrique

Le général Dunford décrit la suite : « Dans l’heure, des Mirages français sont arrivés sur les lieux et un peu plus tard dans l’après-midi, des hélicoptères d’assaut français sont arrivés à leur tour, alors que les forces nigériennes d’intervention rapide parvenaient à l’endroit où nos soldats étaient en contact avec l’ennemi. »

Le chef d’état-major a rappelé qu’il y avait des militaires américains au Niger depuis plus de 20 ans, et que leur nombre actuel était de 800. En dépit de l’accrochage, les Etats-Unis ont l’intention de continuer les opérations dans la région. Au total, 6 000 soldats américains sont répartis dans 53 pays africains.

Pour le Commandement des Etats-Unis pour l’Afrique (Africom), ce nombre est insuffisant. Le commandant américain, le général David  M. Rodriguez, pourrait en effet obtenir des renforts du Congrès de Washington sur le terrain, alors que la mouvance islamiste gagne du terrain sur le continent africain.

 Par RFI Publié le 24-10-2017 

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