Droits de l’Homme au Mali : Le constat mitigé d’Alioune Tine

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À l’issue d’une visite dans notre pays, l’expert  indépendant des droits de l’homme de l’ONU, Alioune Tine, s’est félicité de l’amélioration de la situation sécuritaire dans le Nord du pays mais s’est dit préoccupé par la violence et l’impunité croissantes dans le Centre.

« La mise en œuvre de l’Accord d’Alger de 2015 dans le nord du Mali, avec le redéploiement progressif des Forces armées maliennes (FAMa) reconstituées à Kidal et Tombouctou et leur prochain déploiement à Menaka et Taoudénit, est une étape importante vers le retour à la paix », a déclaré Alioune Tine, l’Expert indépendant des Nations Unies sur la situation des droits de l’homme au Mali.

« Ce processus est le résultat du Dialogue national inclusif, qui a été un tournant majeur. Les résolutions actuellement mises en œuvre apportent un nouvel espoir de paix et de retour progressif à un processus politique pacifique au Mali, à travers l’organisation d’élections législatives », a expliqué l’expert. Les élections législatives au Mali sont prévues les 29 mars et 19 avril 2020.

  1. Tine a salué les efforts de l’État, des groupes armés et de la Mission multidimensionnelle Intégrée des Nations Unies pour la Stabilisation au Mali (MINUSMA) pendant tout le processus.

Cependant, la situation se détériore dans la région du Centre, où des civils sont victimes d’organisations criminelles transnationales, de groupes terroristes et de milices armées qui accroissent leur emprise sur la région, a déclaré l’expert. « Dans le centre du Mali, j’ai observé un cumul des défaillances sécuritaires, judiciaires et administratives qui facilitent la violence de masse en toute impunité. Les Forces armées maliennes et la MINUSMA n’ont pas réussi à assurer une sécurité adéquate aux civils de la région », a-t-il constaté.

L’expert onusien s’est dit, en particulier, consterné par l’attaque d’hommes armés sur le village d’Ogossagou, dans la région de Mopti, le 14 février. Au moins 33 personnes ont été tuées, trois blessées et 20 portées disparues. « J’ai été choqué d’apprendre que le détachement des Forces armées maliennes, qui avait jusque-là assuré la sécurité du village, s’était retiré de la zone la veille », a declaré M. Tine.

Presque tous les représentants de l’État et de l’armée rencontrés par l’Expert indépendant ont souligné que les auteurs d’attaques similaires antérieures dans différentes régions n’avaient pas été amenés à répondre de leurs actes ; et que cette impunité est l’un des facteurs aggravants de la violence actuelle.

Les autorités judiciaires ont assuré que des enquêtes étaient en cours, mais qu’en raison de la situation sécuritaire – qui ne permet pas d’arrêter les auteurs présumés – et du climat de peur – avec des témoins et des victimes craignant des représailles – le processus judiciaire est lent.

 

Détérioration de la situation au Centre

La violence croissante au Mali a contribué à une détérioration préoccupante de la situation humanitaire, a déclaré l’expert indépendant. Selon les chiffres de l’ONU, le nombre de personnes déplacées à l’intérieur du pays est passé de 99.000 à 207.751 de mars à décembre 2019. Le nombre d’écoles ayant fermé leurs portes en raison de l’insécurité est passé de 866 à 1.113, affectant la scolarite d’environ 333.900 enfants.

« La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Union africaine (UA) doivent trouver d’urgence, en coopération avec la communauté internationale, des moyens efficaces pour mettre fin à la violence et aux graves violations et abus des droits de l’homme dans le centre du Mali », a dit M. Tine.

L’expert estime que le Conseil de sécurité des Nations Unies devrait également réévaluer la situation sécuritaire dans la région et ajuster le mandat de la MINUSMA en conséquence. « La violence actuelle est de plus en plus difficile à contrôler et pourrait devenir une menace majeure pour l’ensemble de la sous-région », a-t-il déclaré.

L’expert indépendant présentera un rapport complet de sa visite lors d’un dialogue interactif organisé en mars 2020 par le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, en présence de représentants du gouvernement malien.

Mémé Sanogo

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