Drogue en provenance de Colombie

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Bamako et Razzia sur la chnouf, l’histoire rompt avec l’image paisible du Mali et révèle ce pays comme un carrefour africain de la drogue en devenir. Notre confrère « Le Monde » enfonce le clou en accusant notre pays d’être un transit pour la cocaïne en partance pour l’Europe.

 

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Révélations accablantes de nos confrères du « Monde »

Selon ceux-ci, notre pays est devenu en quelques années, une plaque tournante de la cocaïne en direction de l’Europe. Dans une enquête rondement menée par nos confrères ici à Bamako et au Maroc, le Mali est devenu une passoire pour les narco trafiquants.

Premier acte : le 22 août 2010, un dimanche après-midi, l’attention

 

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des policiers patrouillant dans une zone industrielle à l’ouest de Bamako est attirée par un 4× 4 qui, sortant en trombe d’un entrepôt de ciment, emporte une partie du portail sans s’arrêter.

 

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Interpellé, le conducteur, un Blanc, est réticent à laisser les agents pénétrer dans les locaux. On le comprend: à l’intérieur, les policiers découvrent deux individus qui achèvent de découper un corps humain à la tronçonneuse.

 

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La tête, elle, est déjà fourrée dans une poche en plastique

 

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cachée sous des sacs de ciment, sans doute comme preuve de

 

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l’exécution. Tout le monde est interpellé, des armes sont saisies.

 

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L’homme au 4×4 est un Espagnol du nom de Miguel Angel Devesa;

 

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les découpeurs, eux, sont pour l’un, vénézuélien–GustavoValencia et pour l’autre, portugais – Souza Miranda. La victime, Thomas

 

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alias Johnny, est un Colombien porteur d’un faux passeport ukrainien.

 

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Pareil assemblage, peu fréquent sur les bords du fleuve Niger, aurait pu sembler bizarre aux policiers bamakois. Pourtant, ils traitent l’affaire comme un banal homicide, sans investigation particulière sur les mobiles

 

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du trio dont le chef, l’Espagnol Devesa, se présente comme un entrepreneur en bâtiment. Sa version est simple mais difficilement

 

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crédible : le Colombien a voulu tirer sur lui, mais son garde du corps portugais a dégainé.

 

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La presse rapporte qu’ils ont offert 14 millions de francs CFA

 

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(21000 euros) aux policiers pour qu’ils oublient tout. En vain. Les

 

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voilà détenus à la prison de Bamako, en attente d’un jugement devenu improbable, tant l’affaire est devenue embarrassante.

 

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Deuxième acte : trois mois après l’affaire de la tronçonneuse, au Maroc, les policiers interrogent un Espagnol qu’ils viennent d’interpeller en démantelant un vaste réseau de trafiquants de stupéfiants.

 

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L’homme évoque un « règlement de comptes » à Bamako. Les Marocains découvrent l’épisode bamakois sanglant et établissent que Miguel Devesa est un trafiquant au pedigree connu. En outre, l’Espagnol

 

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arrêté au Maroc affirme avoir convoyé un camion de kérosène vers Tarkint, petite ville du nord-est malien. Or, depuis novembre 2009, cette

 

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localité est associée dans les mémoires maliennes à un avion que la presse a surnommé le

 

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«Boeing d’Air Cocaïne ». Pendant trois semaines, les autorités de

 

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Bamako avaient alors caché l’atterrissage en plein désert de ce B727, dont la cargaison, de 5 à 6 tonnes de cocaïne destinée à l’Europe, avait disparu. L’avion n’avait pas pu redécoller, sans doute à cause de la mauvaise qualité du kérosène convoyé. Il avait alors été volontairement détruit par le feu.

 

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« Depuis quelques années, le Mali est devenu un pays de rebond: la cocaïne arrivée de Colombie remonte vers l’Europe via Bamako», confirme une source policière. Le désert du Sahel tient lieu de carrefour. Selon la même source, le règlement de comptes entre Miguel Devesa et ses acolytes sud-américains était lié à la  « manne d’Air Cocaïne≫, estimée à plusieurs millions d’euros.

Un télégramme secret de l’ambassade américaine à Bamako rendu

 

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public par WikiLeaks le 14 décembre accrédite l’hypothèse d’une protection en haut lieu du vol « d’Air Cocaïne ≫.

 

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Selon ce document étudie par Le Monde, l’administration de l’aviation civile malienne, prévenue du fait que le certificat de navigabilité du B727 avait expiré, s’est vu interdire d’intervenir et d’enquêter sur le crash. En outre, les autorités de Bamako ont refusé de communiquer à ce sujet

 

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avec l’agence américaine anti stupéfiante, révèle encore la dépêche

 

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diplomatique. «Le président malien se trouve redevable envers des personnalités qui ont négocié avec succès la libération d’otages occidentaux, analyse une source diplomatique occidentale. Certaines d’entre elles sont impliquées dans le trafic de drogue. »

 

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En revanche, selon une source bien informée, le lien entre le Boeing « d’Air Cocaïne≫ et les terroristes d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), allégué par les autorités marocaines, est infondée.

 

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«AQMI a des contacts avec les trafiquants mais n’est pas impliquée

 

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dans l’organisation du trafic. Les islamistes n’en ont pas besoin : ils ont l’argent des rançons.» Le rapport désormais établi entre le règlement de comptes à la tronçonneuse et l’atterrissage secret du B727 n’en est pas moins embarrassant pour les autorités maliennes. d’autant que le

Consortium espagnol d’investissement,

 

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l’une des sociétés qui servaient de couverture aux trafiquants, avait pignon sur rue. Le ≪consortium≫, dont les bureaux étaient logés dans le même immeuble que la délégation de l’Union européenne à Bamako,

 

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intervenait dans l’immobilier et le secteur minier. Il participait à des appels d’offres pour obtenir des marchés publics.

 

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Plusieurs interlocuteurs évoquent le blanchiment d’argent. Investissant dans le bâtiment, il se faisait fort de développer les logements sociaux alimentés par l’énergie solaire et se présentait comme un « acteur du développement». Les trafiquants aujourd’hui incarcérés finançaient une

 

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association d’aide à l’enfance et, en février, avaient remis un chèque de 4millions de francs CFA (6000euros) à la ligue régionale de football de Mopti, comme en atteste un article de presse.

 

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Depuis le rebondissement marocain, l’affaire a été retirée au

 

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juge d’instruction et confiée aux services de sécurité maliens. « Je

 

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ne pense pas que le Mali veuille les juger », commente pourtant un

 

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juriste proche du dossier. « Il n’est pas outillé pour le faire et ce serait

une mauvaise publicité. »

 

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Tous les observateurs soulignent le caractère encombrant de

 

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ces détenus hors normes. Déjà, l’un des membres du trio, de nationalité

 

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portugaise, a échappe à ses geôliers dans des conditions inexpliquées.

 

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Philippe Bernard, Le Monde

 

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