DR Naffet Kéita à propos du thème «Paix, sécurité et stabilité au Mali et en Afrique» : «La circulation des armes, la paupérisation des populations menacent notre sécurité»

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Pour ce chercheur, la chute du régime de Kadhafi a fait que nombre d’émigrés maliens esquissèrent le chemin d’un retour forcé, du fait de l’instabilité politico-sécuritaire dans le pays d’accueil. Cette trajectoire a également été celle de beaucoup de Maliens établis en Côte d’Ivoire et en Centrafrique. Ces retours forcés ont ainsi dopé la démographie du pays. Avec un taux d’accroissement d’environ 3,6% par an sur la période intercensitaire allant de 1998 à 2009, la population globale du Mali est estimée à 14 528 662 habitants, dont environ 3 608 713  de citadins, soit un taux d’urbanisation de l’ordre de 22,5%.  Les indicateurs sociaux sont encore très faibles, malgré des améliorations par rapport à 1996. Ainsi, si l’espérance de vie à la naissance est de 55,6 ans ; le taux de la mortalité infantile de 104 pour 1000 naissances vivantes ; et le taux  d’analphabétisme de 68,7% (64,2% pour les hommes contre 73,2% pour les femmes) ; tandis que le nombre de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté (165 431 FCFA en 2010) se situe à 43,6%19 de la population.

Déficit démographique

Pour Dr Naffet Kéita, il est peu probable qu’une  bonne croissance économique du Mali soit possible avec un taux de croissance démographique annuel de 3,6%. A cet égard, alors que l’on commence à parler pour d’autres pays africains de “dividendes démographiques “, le Mali, lui, souffre toujours d’un “déficit démographique” surtout quand nombre de ses populations continuent d’emprunter le chemin de l’exil y compris ses milliers de déplacés depuis l’éclatement de la crise du Nord.  L’enjeu consisterait donc à corriger ce ” déficit “ pour plus tard en tirer les ” dividendes “. .. .

Le socio-anthropologue rappelle qu’en dépit des événements qui l’ont secoué, le Mali joue toujours son rôle de “grenier du Sahel “, avec, en 2012, une récolte de près de 10 millions de tonnes sur les six (6) principales céréales20 consommées dans la région, entraînant une stagnation, voire une baisse des prix des produits alimentaires. Or, l’étalement des villes maliennes constitue encore un handicap majeur dans leur développement durable. Ce handicap perdure, malgré le fait que la quasi-totalité des villes secondaires soient dotées d’outils de planification orientés vers l’amélioration de la coordination des interventions publiques et privées, aussi bien dans l’implantation et la réalisation des infrastructures et équipements collectifs que dans l’aménagement des zones d’extension et leur exploitation, en vue de fournir des services de meilleure qualité.

Il paraît donc nécessaire de procéder au renforcement de la concertation entre les décideurs et tous les acteurs locaux afin de favoriser l’identification d’actions prioritaires dans le cadre d’un partenariat véritablement dynamique permettant de minimiser la consommation des réserves foncières, de plus en plus limitées, du fait d’installations anarchiques. On note donc d’énormes difficultés dans la gestion foncière qui est, en effet, marquée par des pratiques opaques malgré les efforts accomplis pour plus de transparence dans les procédures d’attribution des terres publiques, comme en témoigne la création de l’Agence de Cessions Immobilières (ACI).

Maîtrise des réserves foncières

Ces pratiques représentent aujourd’hui, à en croire le chercheur, une contrainte importante en termes de sécurisation foncière, notamment pour les ménages pauvres. Elles constituent également un frein à la fluidité du marché, avec un impact négatif sur le développement urbain et les activités économiques. Aussi, au regard des recommandations des Etats Généraux du Foncier (EGF), il s’agira d’assurer la maîtrise des réserves foncières par leur matérialisation, en tenant compte des vocations fixées par les différents documents de planification.

L’examen de la situation foncière de ces dernières décennies conduit à affirmer que l’État n’a pas une réelle maîtrise du domaine et du cadastre. C’est en pratique une multitude de droits coutumiers ou d’usage, qui permet au Mali de gérer les ressources rares entre l’agriculture et l’élevage. Dans ce contexte, la généralisation de la propriété privée risque de fragiliser la société malienne et d’accoucher de catastrophes. Une telle situation se caractérise par une hausse de l’insécurité dans les grandes villes, notamment à Bamako. La circulation des armes, la prolifération de quartiers spontanés, la paupérisation des populations qui s’y entassent et la faiblesse du dispositif sécuritaire ont pu faciliter la multiplication de zones à risques dans les villes, faisant de l’insécurité une préoccupation majeure. …

Source :

Etude de Dr Naffet Kéita

 

 

 

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