Après un bon moment de silence, le doyen Seydou Badian KOUYATE a rencontré la presse, hier mercredi, à son domicile à l’Hippodrome, pour se prononcer sur la situation socio-politique et sécuritaire de notre pays et faire des propositions pour une sortie honorable de cette crise qui n’a que trop durée.
La proposition phare faite par le vieux Seydou Badian est de sursoir à l’organisation de l’élection présidentielle de 2018 pour construire une union sacrée autour du pays.
Ce compromis proposé par le doyen Seydou Badian voudrait que le Président IBK reste au pouvoir et continue directement avec son second mandat.
A l’entame de ses propos, le doyen Seydou Badian KOUYATE a affirmé qu’il a tenu à rencontrer la presse, car ce qu’il apprend sur notre pays à travers les médias n’est pas brillant et ne présente de quoi être fiers.
Après avoir énuméré des cas d’attaques terroristes avec plusieurs cas de morts et de blessés, cette semaine, le conférencier dira que les faits rapportés par les journaux ne sont que la partie visible de l’iceberg.
Selon lui, il y a beaucoup d’autres faits dramatiques que certains ont peur de révéler et font semblant d’ignorer.
Face à la réalité des attaques récurrentes avec son corollaire de morts d’hommes et de blessés, Seydou Badian KOUYATE a affirmé avec amertume que notre pays vit «une situation pas belle, une situation trouble et très dramatique».
Pour lui, les morts et les blessés que la presse rapporte, ne constituent que la partie visible qui cache beaucoup d’autres choses.
Selon ses analyses, l’Etat dans lequel nous vivons n’est pas véritablement un Etat de paix. Sur la base de ce triste constat, le doyen Seydou Badian KOUYATE propose de sursoir à l’organisation de l’élection présidentielle de 2018.
A son avis, les fonds qui attendent d’être engagés dans la présidentielle doivent servir à donner une nouvelle vie à l’éducation, à la santé, à l’armée et à la sécurité.
Ainsi, en lieu et place de l’organisation de l’élection présidentielle de 2018, il propose une union sacrée du pouvoir et de l’opposition.
Le doyen a fait comprendre que cette union sacrée est aujourd’hui une nécessité tant le terrorisme ne fait pas de distinction et frappe de tous les côtés.
Ce compromis proposé par le doyen Seydou Badian voudrait que le Président de la République Ibrahim Boubacar KEITA reste à la magistrature suprême et continue directement avec son second mandat.
Ainsi, les fonds devant servir à l’organisation de la présidentielle seront investis pour faire face à certaines urgences.
Il suggère que le président de la République travaille avec l’opposition et la société civile pour faire sortir le pays de l’impasse.
En tout cas, souligne-t-il, la réussite de cette union sacrée passera par l’implication de tous les Maliens en laissant de côté les petits calculs, les règlements de compte et les ambitions personnelles.
« Notre pays vit une situation trouble. Personne ne sait ce qui va arriver demain dans tel village, dans telle région ou même à Bamako. Il est temps de prendre conscience de ce que nous vivons. Il est temps de prendre les problèmes avec l’implication de chacun. Que tu sois opposant ou majorité que chacun considère que la situation le concerne, l’intéresse et veut qu’il s’implique », a affirmé le vieux, avant d’ajouter que son souhait le plus ardent est l’instauration d’une véritable paix au Mali. Pour ce faire, il appelle tous les Maliens à se considérer comme auteur et bénéficiaire de cette paix.
Le doyen a promis qu’une fois cette union sacrée mise sur pied, il aura l’occasion de s’exprimer pour faire d’autres propositions sur la suite.
Il a également saisi l’occasion pour expliquer d’où vient le problème du Mali et de l’Afrique en général.
Selon lui, le colonisateur nous a conduits vers un chemin qui n’était pas celui de notre intérêt propre. Un chemin qui consistait à imiter les Blancs en créant l’opposition et la majorité. Le Doyen a expliqué qu’à l’orée des indépendances, nos pays avaient besoin d’une union sacrée si bien que rien n’était construit au départ.
«L’on avait tout à faire, et quand on a tout à faire on cherche la force qui vient de nous-mêmes. Les divisions n’intéressent personne et n’apportent rien. Nous avions besoin d’être ensemble pour être fort. L’on avait besoin de cette union sacrée dès l’orée de l’indépendance, nous n’avions pas compris cela. Ce que nous vivons aujourd’hui est une expérience. Peut-être les générations futures comprendront qu’il faut se donner la main pour bâtir le pays. Nos ennemis ce sont d’abord nous-mêmes. Il faut laisser tomber ces petits calculs, ces ambitions personnelles et matérielles et se dire qu’on doit s’unir pour être fort. Unis, on sera fort parce qu’on nous écoutera. Mais si les uns tirent à gauche et les autres à droite on s’affaiblie et on perd beaucoup», a conseillé Seydou Badian KOUYATE.
Il a enfin rappelé qu’il est le seul membre vivant du bureau politique de l’US RDA qui a participé aux négociations pour l’indépendance du Mali.
Seydou Badian a soutenu qu’il est nécessaire qu’il se prononce sur la situation qui prévaut au Mali pour que ses camarades de lutte, qui ne sont plus de ce monde, ne désespèrent pas de lui, s’il reste indifférent.
PAR MODIBO KONE