Dialogue avec les touaregs du Mnla et d’Ançardine : La fuite en avant des autorités de Bamako

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Des membres du groupe islamiste Ansar Dine, lors d’une réunion à Ouagadougou, le 6 novembre 2012
© AFP

Alors que les groupes rebelles ont fait des concessions significatives pour convaincre de leur disponibilité au dialogue (même si ces concessions sont « à prendre avec des pincettes »), certains acteurs à Bamako veulent bloquer les voies du dialogue en misant exclusivement sur la perspective du déploiement de la force internationale dans le Nord.                                                                                                       

Après que le Président français, François Hollande, eut souligné, la semaine dernière, la nécessité que le «dialogue politique s’intensifie entre les autorités maliennes et les représentants des populations du Nord du Mali qui rejettent le terrorisme», c’était au tour, jeudi dernier, du haut représentant de l’Union africaine (UA)v pour le Mali et le Sahel, le Major Pierre Buyoya, d’insister une nouvelle fois sur l’urgence de l’installation, par les autorités maliennes, de la Commission nationale pour le dialogue avec la rébellion du Nord. Ce rappel à l’ordre du haut représentant de l’UA s’explique par le fait que de lourdes incertitudes pèsent sur les assises nationales maliennes, prévues théoriquement à partir du 26 novembre. Des participants à ces assises, il  est attendu qu’ils élaborent une feuille de route comportant un calendrier électoral pour restaurer l’ordre constitutionnel et surtout, qu’ils définissent les Termes de référence (TDR) et la composition de cette Commission nationale qui sera chargée des négociations avec les représentants des populations du Nord. Ces incertitudes sont corroborées par les atermoiements observés du côté de certaines composantes des autorités de transition. De cette attitude découlent deux remarques. La première tend à confirmer que ces autorités sont profondément divisées et que certains leaders se projettent déjà dans la prochaine élection présidentielle. Partant de ce constat, de nombreux observateurs soutiennent l’idée que la situation a un besoin urgent de cohérence au sommet de la pyramide institutionnelle de transition, d’autant que ces autorités n’ont aucun contrôle sur les forces de sécurité et de défense.                                                                                                         En second lieu, alors que les groupes rebelles ont fait des concessions significatives pour convaincre de leur disponibilité au dialogue, on soupçonne fortement certains acteurs à Bamako de vouloir quelque part bloquer les voies du dialogue en misant exclusivement sur la perspective du déploiement de la force internationale au Nord. Par ailleurs, beaucoup de gens considèrent comme une avancée importante le fait qu’Ançardine (un groupe rebelle targui d’obédience islamiste) et  les nationalistes touaregs du MNLA se soient dits prêts au dialogue avec Bamako.

Les calculs de Cheik Modibo Diarra

Le 16 novembre, leurs représentants ont d’ailleurs été reçus ensemble à Ouagadougou par le Président burkinabé, Blaise Compaoré, Médiateur de la crise. Dans une déclaration commune, les deux groupes rivaux ont également appelé l’armée malienne à cesser les hostilités contre les civils. L’inconvénient, c’est qu’effectivement, à Bamako, autant qu’à Niamey d’ailleurs, on ne semble pas du tout prêt à négocier avec un quelconque groupe armé intervenant au Nord. Pourtant, depuis son retour de Paris en fin juillet, le Président Dioncounda Traoré a promis à plusieurs reprises de mettre en place une structure de dialogue avec les groupes armés du Nord. Mais trois mois plus tard, rien n’a toujours pas bougé. C’est justement ces tergiversations qui ont convaincu «Monsieur Sahel» de l’Union africaine (le Major Pierre Buyoya) de rappeler aux autorités maliennes leurs responsabilités dont l’une consiste justement à installer urgemment cette fameuse Commission du dialogue national. En tout cas, tous les acteurs engagés dans le règlement de la crise du Nord-Mali se disent persuadés qu’avec les dernières évolutions, les autorités maliennes ne peuvent pas faire fi du consensus international qui se dégage clairement en faveur du dialogue et de la négociation. Et ce consensus inclut également la France qui est pourtant en pointe concernant la question de l’intervention militaire au Sahel.

Paul N’Guessan

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8 COMMENTAIRES

  1. LES MALIENS DOIVENT DÉPASSER LEURS ÉGOS ET PRENDRE DE LA HAUTEUR POUR SE CONCERTER, DÉFINIR LE FUTUR SOUHAITÉ, NÉGOCIER ET S’ENTENDRE LIBREMENT SUR CE QU’ILS VEULENT DEVENIR

    Bonjour,
    Merci pour les nombreux internautes et Maliens qui échangent sur le devenir du Mali. Certains pensent que le fédéralisme sera imposé aux Maliens par des organisations et des pays étrangers.

    La bonne gouvernance passe par l’unité du commandement mais aussi par la fixation de règles claires entre commandements pouvant être hétérogènes, à condition que les parties prenantes s’y conforment.

    Ce dernier cas est semblable à celui qui est nécessaire pour l’élan harmonisé entre les différents contingents qui composeront la force de la CEDEAO/UA/ONU qui sera utilisée pour la restauration de l’intégrité territoriale du Mali.

    Donc, une parfaite harmonisation entre les différentes parties prenantes est nécessaire pour atteindre, sans surprise, un objectif.

    C’est le cas de la négociation qui exige qu’on sache qu’est ce qu’on doit négocier, avec qui et pourquoi en ayant défini au préalable des principes, conditions et des règles à respecter, d’où la proposition que j’ai faites d’un guide et d’une plateforme de concertations nationales, de négociation pour une sortie durable de la crise.

    Les propositions que font les Maliens ont pour but de retrouver leur souveraineté en s’entendant sur une solution consensuelle pour une sortie durable de la crise. Si les miennes coïncident avec celles de beaucoup de Maliens (politiciens ou membres de la société civile), tant mieux, c’est cela qu’on cherche.

    Mais s’étonner, comme certains le sont, qu’il y ait identité de vues avec des pays ou des organismes étrangers est surprenant.

    Chacun a sa façon de voir, ce qui n’empêche pas des points de vue identiques.

    Au contraire, nous devons apprécier le fait que plusieurs pays s’accordent, aujourd’hui, sur l’intérêt de la négociation pour éviter les méfaits et les effets collatéraux d’une guerre.

    Contrairement à ce que disent certains, je ne pense pas que tout soit déjà ficelé par l’ONU ou par certains pays.

    C’EST AUX MALIENS DE DÉFINIR LE FUTUR QU’ILS SOUHAITENT ET DE TRAVAILLER ENSEMBLE EN FIXANT DES PRINCIPES ET DES CONDITIONS A RESPECTER POUR Y PARVENIR.

    Le MNLA et Ansar Dine seront soumis à des principes (non impunité, respect des droits de l’homme, refus du terrorisme, coexistence pacifique) et des conditions (dépôt des armes, indivisibilité du Mali et laïcité) fixés par les Maliens d’un commun accord et non par des étrangers, comme certains le pensent.

    La condition d’indivisibilité est contraire au concept de fédéralisme. De ce fait, si ailleurs certains veulent imposer ce dernier, c’est aux Maliens de s’y opposer.

    C’est aux Maliens de s’entendre pour bâtir un Mali nouveau répondant à leurs souhaits et aux conditions et principes qu’ils définiront.

    C’est pourquoi, les Maliens doivent s’entendre sur un guide et une plate-forme de concertations nationales et de négociation pour une sortie durable de la crise.

    D’où l’intérêt de ma proposition en ligne sous forme de lettre ouverte au Président du Mali, au gouvernement, à la commission nationale d’organisation des concertations nationales et à tous les Maliens, mais aussi au médiateur.

    Souhaitons que tous les Maliens dépassent leurs différences pour s’accorder sur ce qu’ils veulent devenir sans qu’on le leur impose d’ailleurs.

    Bien cordialement
    Dr ANASSER AG RHISSA
    EXPERT TIC ET GOUVERNANCE
    E-mail : Webanassane@yahoo.com

  2. “L’inconvénient, c’est qu’effectivement, à Bamako, autant qu’à Niamey d’ailleurs, on ne semble pas du tout prêt à négocier avec un quelconque groupe armé intervenant au Nord.”

    Je demande au journaux malien de ne pas mentionner le niger dans leurs problemes .Qui vous dit que le Niger ne negocie jamais avec ces touaregs ? Les touaregs du Niger se sentent chez eux .
    Ils ne subissent une stagmatisation eternelle comme au Mali .
    Quelque soit les raisons qui ont conduit à ce conflit , un constat s’impose les touaregs du mali et ceux du Niger ne sont pas traités de la meme facon .

    A bon entendeur de salur

  3. Le MUJAO est un mouvement malien plus représentatif que le Mnla quand a sa composante ethnique car regroupant beaucoup d’ethnies du mali à la différence du Mnla qui est composé exclusivement de touaregs et qui est un mouvement de voyous et de racistes.Le Mujao à la différence du Mnla ne viole pas ,ne détruit pas par haine,ne tue pas par racisme,ne détruit pas les hôpitaux,ne brutalise pas les malades.De grâce soyons raisonnables,comment voulez-vous qu’on supporte un mouvement raciste et composé de voyous et d’opportunistes qui est à la base du malheur de milliers de personnes et qu’aujourdhui veut faire la victime?MON SOUHAIT est que le MUJAO BOTTE LE MNLA JUSQU’AU DERNIER BANDIT.jE VOUS FAIT SAVOIR QU’AU MOMENT VENU,LE MUJAO QUITTERA LES VILLES SANS COMBAT,REJOINDRA LES MONTAGNES ET RETOURNERA INVESTIR ENCORE AU MALI POUR LE BIEN DES POPULATIONS A LA DIFFÉRENCE DE CES PARASITES SOCIAUX DU MNLA.

  4. AUTORITES DE LA TRANSITION. Regardez vous même ces bandes comédiens qui neservent qu’à bouffer de l’argent. Ils n’ont aucune culture du travail, à fortiori du travail bien fait.

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