Aux dernières nouvelles, une accalmie peut-être relative et temporaire a été finalement obtenue, dans la journée d’hier, par le Préfet et des notabilités de Koro, une contrée fortement agitée la veille par de vives tensions entre les forces armées et de sécurité et la population. L’épisode, selon des sources concordantes, a fait suite à une tentative d’arrestation d’un élément clé de la milice Dan Nan Ambassagou. Il s’agit de Mahamadou Guindo, commandant d’un camp de cette milice basé dans un village du nom de Orokoro. Objet de fortes présomptions d’implication dans les massacres, selon les mêmes sources, la traque de l’intéressé a conduit les forces de l’ordre à une descente musclée dans la ville Koro où elles ont procédé à l’encerclement de l’état-major local des chasseurs Dozos en plein conclave. Leur cible ne leur sera toutefois pas livrée puisque ses compagnons d’arme s’y sont vigoureusement opposés et n’étaient point disposés à le laisser embarquer seul avec les forces de l’ordre. Intervenu le jour du marché de Koro, l’événement a aussitôt enflammé la ville où la présence des FAMAs a été présentée aux résidents ainsi qu’aux forains dogons venus de toutes parts comme une opération de désarmement de la milice locale que le habitants considèrent comme un rempart irremplaçable contre les ennemis djihadistes, d’autant que l’armée régulière ne répond presque jamais aux cris de détresse des paisibles populations en cas d’agression.
Il va sans que les FAMAs sont deviennent aussitôt indésirables et s’attirent la vindicte populaire à coups de jets de pierres, de huées et de conspuassions contre le contingent déployé pour l’arrestation du commandant d’auto-défense Moussa Guindo. Jeunes et et femmes de la ville se sont mobilisés pour voler au secours de Dan Nan Ambassagou en poussant la loyauté jusqu’à prendre pour cible des symboles de l’Etat comme la gendarmerie et la préfecture. Finalement pris en tenailles par la masse à peine contrôlable, la mission-commando conduite par un certain colonel Modibo Koné n’a été extraite du lynchage que grâce à une médiation des notabilités de la ville auprès de ses femmes et jeunes. Le contingent est ainsi retourné Mopti sans le suspect et ne s’ajoutera visiblement pas aux six premières personnes détenues dans le cadre des enquêtes sur les crimes d’Ogossagou et dont l’arrestation est d’ailleurs vivement contestée par la même population de Koro.
Quoiqu’il en soit l’épisode met en évidence les limites de l’engagement euphorique ainsi que de la capacité des autorités maliennes à désarmer une milice du Centre qui continue de lui opposer résistance malgré le retrait de son récépissé.
La Rédaction