En mois d’août dernier, la Minusma a publié une note sur les tendances des violations et atteintes aux droits de l’Homme et au droit international humanitaire au Mali. Ainsi, selon ce document, au cours du second trimestre 2021, la Division des Droits de l’Homme et de la Protection de la MINUSMA (DDHP) a documenté une augmentation du nombre de civils affectés par les violations et abus des Droits de l’Homme au Mali. Qu’entre avril et juin, au moins 527 civils ont été assassinés, blessés ou enlevés/disparus, soit une augmentation globale de plus de 25% par rapport au premier trimestre qui était de 421.
En effet, ce document de 10 pages sur les tendances des violations et atteintes aux Droits de l’Homme et au droit international humanitaire au Mali a été élaboré par la Division des Droits de l’Homme et de la Protection de la MINUSMA (DDHP) et dévoilé au grand public le mois d’Août dernier.
Une analyse géographique indique que les principaux actes de violence contre les civils et leurs biens ont été commis dans les cercles de Douentza, Djenne, Bandiagara, Niono, Mopti, Ségou et Koro (50%), ainsi que dans ceux de Gao et Ansongo (15%), peut-on lire dans ce document. « L’absence de violence physique contre les civils dans certains cercles du centre du Mali, en particulier ceux de Youwarou et Tenenkou, tient au fait qu’ils sont soit sous le joug du JNIM (Jama’at nusrat al-Islam wal Muslimin) ou ont signé des accords locaux dits de ‘’non-agression ou réconciliation’’ avec les représentants de ce même groupe. « En raison de contraintes diverses, les autorités maliennes et la MINUSMA n’ont pas pu avoir accès à ces zones depuis des mois » soutient ce support.
La DDHP a aussi noté une augmentation inquiétante des incidents liés à l’extrémisme violent dans plusieurs régions du sud du Mali, telles que Koutiala et Sikasso, le long de la frontière avec le Burkina-Faso. Elle avance qu’ au cours du second trimestre, les groupes tels que JNIM (Jama’at nusrat al-Islam wal Muslimin) et autres groupes similaires, ainsi que les milices et groupes d’autodéfense communautaires figurent parmi les principaux auteurs d’actes de violence contre les civils. Selon les informations collectées par la DDHP, ils ont été responsables de 54 % des personnes tuées, blessées et enlevées. Les principaux cercles touchés par ces exactions sont restés ceux de Douentza (région de Douentza), de Djenne et Mopti (région de Mopti), de Gao et Ansongo (région de Gao) et de Ménaka (région de Ménaka). « Toutefois, avec le temps, les activités de ces groupes se sont étendues vers les cercles du sud du pays, notamment dans les régions de Ségou et Sikasso » a-t-il informé.
A la lumière de ce rapport, il ressort que les modes opératoires de ces groupes ont varié en fonction de leurs cibles. Qu’au cours des récentes attaques, des confrontations ont parfois eu lieu avec les milices ou groupes d’autodéfense qui ont poussé des centaines de civils à fuir leurs villages. A titre d’exemple, un affrontement survenu le 15 avril entre des chasseurs ‘’dozos’’ et des éléments affiliés au JNIM dans le village de Sare Here (cercle et région de Mopti) a entrainé le déplacement de plus de 1800 personnes.
Les victimes d’enlèvement de JNIM sont 156 soit 8% des Fonctionnaires, 35% d’Humanitaires, 6% des Autorités traditionnelles ou religieuses et 51% de la Population locale 51%, souligne ce rapport.
Les violences sexuelles et basées sur le Genre
En plus des attaques, ce dossier a mis l’accent sur les violences sexuelles et basées sur le Genre dans les localités indiquées. Qu’au Mali, les cas de violences sexuelles et basées sur le genre ne sont pas suffisamment dénoncés par les victimes par crainte des représailles des auteurs ou de la stigmatisation au sein de leur famille ou communauté. Au cours de ce trimestre, dit le rapport, la DDHP (Division des Droits de l’Homme et de la Protection de la MINUSMA) a annoncé un cas de violence sexuelle liée au conflit, impliquant une femme victime d’un viol collectif par des hommes armés dans la ville de Ménaka. Outre ces incidents de violence sexuelle, la DDHP a pu recueillir des informations sur des violences basées sur le genre dont ont été victimes des femmes vivant dans des localités sous le contrôle des groupes tels que JNIM et autres groupes similaires. « Au cours du second trimestre, dans la ville de Niono et les villages de N’Doukala (région de Ségou), au moins deux femmes et une mineure de 16 ans ont été flagellées en public pour avoir refusé de porter le voile. D’autres n’ont pas été autorisées à sortir de leur domicile pour exercer une activité professionnelle » a fait savoir ce document de la DDHP de la Minusma.
Par Mariam Sissoko