De la terrasse à Radisson : Le Mali dans l’œil du cyclone !

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D’un attentat à un autre, le Mali semble être dans la mire de groupes islamistes extrémistes et terroristes qui sévissent dans le pays, d’est en ouest, du nord au sud. L’année 2015 aura été particulièrement prolifique en attaques, attentats et prises d’otages, tous revendiqués par des mouvements djihadistes liés à Al Qaïda. La Terrasse à Bamako, le Byblos à Sévaré et le Radisson Blu à Bamako, sont trois repères historiques de ce douloureux constat et qui commandent de renforcer la vigilance, de mettre plus de moyens dans la formation et l’équipement de nos forces de sécurité.

En mars 2015 et tout près, la semaine dernière, Bamako est frappée de plein fouet par les terroristes et djihadistes, respectivement au bar-restaurant-night-club La Terrasse et à l’hôtel Radisson Blu. Entre les deux attentats, une prise d’otages à l’hôtel Byblos de Sévaré en août avait fait des vagues. Les trois actes qui totalisent une quarantaine de morts sont tous revendiqués, via l’agence de presse privée mauritanienne Al-Akhbar, par le groupe islamiste, Al-Mourabitoun de Mokhtar Belmokhtar dit le Borgne.

 

La Terrasse : les Occidentaux ciblés

Dans la nuit du vendredi 06 au samedi 07 mars 2015, un Français et un Belge sont abattus à l’étage du bar-restaurant La Terrasse, située rue Princesse, dans le chic quartier de l’Hippodrome, par des assaillants, au nombre de trois, selon des témoins. Outre les deux Européens, 3 Maliens sont tués dans cette attaque et 8 personnes blessées, dont trois Suisses.

L’établissement étant très apprécié des expatriés, on en déduit que ce sont ceux-ci qui étaient visés par les terroristes.

Tôt le matin, le Premier ministre Modibo Kéita et trois ministres se rendent sur les lieux du drame, suivis un peu plus tard par le président Ibrahim Boubacar Kéita. Celui-ci convoque un Conseil de défense extraordinaire auquel prennent part, le Premier ministre, Modibo Kéïta, les ministres de la Défense et de la Sécurité intérieure, Gal. Sada Samaké et les chefs d’état-major des différents corps, les responsables de la Sécurité d’Etat et plusieurs hauts gradés de l’armée, de la police et de la gendarmerie. Principale décision : le renforcement des mesures de sécurité à travers la capitale Bamako et ses environs.

De son côté, le gouvernement condamne fermement cet acte ignoble ; se dit attaché à la recherche de la paix ; et promet de ne pas se laisser intimider par « ceux qui n’ont d’autres desseins que de faire éloigner les perspectives de la paix et de la concorde entre les Maliens ».

Les autorités françaises aussi condamnent. Le président François Hollande dénonce «avec la plus grande force le lâche attentat» et offre l’aide de la France au président IBK.

Le Premier ministre, Manuel Valls, se déclare «horrifié» par «l’abjecte attaque terroriste».

Le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius affirme pour sa part que «ce crime renforce notre détermination à lutter contre le terrorisme, sous toutes ses formes».

Quelques jours plus tard, les forces spéciales de la SE mettent hors d’état de nuire l’un des cerveaux de l’attentat.

 

Le Byblos : la Minusma en ligne de mire

Cinq mois après le drame de la Terrasse, le Byblos, un hôtel de Sévaré (située à 13 km de Mopti), où séjournent des Occidentaux, notamment des membres de la Minusma, est investi par un commando armé, tôt le vendredi 07 août.

Dans la nuit, des éléments des forces armées et de sécurité maliennes (appuyées par des soldats français, à retardement) mettent fin à la prise d’otage, permettant la libération de quatre otages. Le bilan est lourd : 13 morts dont 5 membres de la mission de l’Onu et 4 soldats des Forces armées maliennes. De même, 4 terroristes dont un portait une ceinture d’explosifs sont tués dans l’assaut.

Dans un communiqué, l’Onu confirme que parmi les victimes figuraient cinq de ses contractuels: Un Malien, qui était le chauffeur de la compagnie sous-traitante de la Minusma, un Népalais, un Sud-Africain et deux Ukrainiens.

Ici, il n’y avait aucune enquête à mener, tous les assaillants ayant été abattus.

 

Radisson Blu : le carnage

Trois mois après, c’est l’attentat le plus meurtrier depuis le début de la crise malienne qui est commis à l’hôtel Radisson Blu de Bamako. Deux assaillants s’introduisent dans l’établissement vers 7h du matin, prenant en otage environ 170 personnes.  Aussitôt entrés après avoir déjoué les dispositifs de sécurité, les terroristes, ouvrent le feu à la réception et aux différents et compartiments de l’hôtel, faisant d’emblée des morts et des blessés.

Les forces de sécurité maliennes, appuyées d’unités françaises, américaines et de celles de la Minusma, débloquent la situation au bout de plus de 9 heures d’horloge.

Toute l’opération durant, le Premier ministre, Modibo Kéïta, préside un Comité de crise. Le ministre de la sécurité intérieure et de la protection civile, colonel Salif Traoré, se mobilise à fond et informe régulièrement les médias sur l’évolution de la situation.

Le président IBK, qui se trouvait à N’Djaména, au Tchad, pour le sommet du G5 Sahel, écourte son séjour et regagne Bamako. Il préside un conseil des ministres extraordinaire. Le gouvernement décrète l’état d’urgence pendant dix jours. Un deuil national de trois jours débute ce lundi. Le drapeau sera en berne jusqu’à mercredi.

A la presse, le président IBK salue le professionnalisme des forces de défense et de sécurité maliennes. Nous aussi !

A travers les témoignages, les confidences, les médias, les réseaux sociaux, les Maliens, toutes couches sociales confondues, disent leur (grande) fierté des services de renseignement et des forces de défense et de sécurité du Mali pour cet exploit ; eux qui avaient déjà réussi à déjouer plusieurs tentatives d’attentats fomentées par Aqmi et alliés.

Pour une des rares fois, la nation malienne se montre unie et soudée derrière son président et ses forces de sécurité. Les populations seraient encore plus utiles en osant dénoncer les personnes suspectes.

Sékou Tamboura

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