SAINT-CERE (France), L’ancien otage Daniel Larribe et son épouse Françoise ont décroché mercredi à Saint-Céré, commune lotoise où il est né, la banderole de soutien accrochée au fronton de la mairie, une manière de commencer à tourner la page après trois ans d’épreuve.
“On tire un trait”, résume, aux anges, Claude Larribe, frère de l’ancien otage libéré quinze jours auparavant au Mali.
Daniel Larribe, 62 ans, dont 1.139 jours comme prisonnier d’Aqmi dans le désert du nord-Mali, et son épouse Françoise, qui avait elle-même connu cinq mois de captivité, sont d’abord venus remercier le comité de soutien de Saint-Céré. Le couple a aussi symboliquement décroché la banderole qui demandait que Daniel Larribe, Thierry Dol, Marc Ferret et Pierre Legrand enlevés au Niger le 16 septembre 2010 “retrouvent la liberté”.
Au moment de dire sa gratitude, en présence du maire Pierre Destic (DVD) du député Jean Launay (PS) et de 300 habitants venus le saluer, Daniel Larribe avait parfois la gorge serrée.
Le visage émacié mais l’air d’être en bonne forme, sa courte barbe taillée avec soin, il a expliqué que cela lui fait “chaud au coeur de revoir tout le monde”. “Je veux dire ma gratitude à tous ces comités sans lesquels notre libération n’aurait pas été possible”. Il a rendu également hommage à son employeur Areva qui” a oeuvré dans l’ombre” et surtout à son épouse qui ” a +managé+ la communication et l’approche des politiques”.
Le directeur de production d’Areva, vivement applaudi, est passé de groupe en groupe. Après l’austérité du désert, la crainte, les geôliers, il a reçu les embrassades des Lotois, les anciens copains d’école se rappelant à son souvenir.
Le pull blanc faisait ressortir son bronzage. Le regard bleu est pénétrant mais doux et l’ancien otage a fait face avec dignité aux assauts des amis et de la presse.
’Prendre un peu de distance’
Il a savouré son “retour à la liberté et à la démocratie”. Mais le vertige du retour n’est pas complètement surmonté. “Nous sommes en phase d’atterrissage, j’ai mis le train arrière sur la piste, maintenant il faut basculer et mettre le train avant”, a-t-il dit aux journalistes.
“Ensuite je vais vivre, me reposer, prendre un peu de distance par rapport à cette expérience malheureuse”.
Quatre de ses cinq frères et soeurs sont venus, la cinquième est aux Etat-Unis. Ils l’ont exfiltré peu à peu “pour un déjeuner en famille et avec les amis proches”, a expliqué Claude Larribe.
Line Andrieux, une de ses soeurs venue de Limoges, s’est réjouit de “pouvoir enfin parler avec Daniel” car depuis le tourbillon du retour, ce sont ses premières retrouvailles avec la famille. Le chèche bleu des Touaregs autour du cou – comme beaucoup de membres du comité de soutien – elle a assuré qu’elle le porterait encore “pour les autres otages” toujours détenus.
L’heure du retour au calme n’est pas encore venue. Après un séjour éclair dans le Gard où réside le couple, les Larribe sont attendus vendredi à Paris pour rencontrer “les collègues d’Areva qui s’étaient fortement impliqués”, explique Daniel.
L’ancien otage va ensuite continuer de rendre visite aux comités qui l’ont soutenu. “Il faut rendre la pareille, on le fait tranquillement, posément”, a t-il déclaré, sans se départir d’un sang-froid qui a dû l’aider à ne pas désespérer pendant les trois années de captivité.
Il a évoqué Thierry Dol, l’ingénieur martiniquais dont il n’a jamais été séparé et avec lequel il a tenté une évasion en février 2012. “C’est sûr, cela tisse un lien, trois ans avec cette personne”.
Les quatre collaborateurs du groupe nucléaire public français Areva et de son sous-traitant Satom ont été libérés le 29 octobre.
Ils avaient été enlevés le 16 septembre 2010 par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) sur un site d’extraction d’uranium d’Arlit (nord du Niger). Françoise Larribe, malade, un Togolais et un Malgache également capturés, ont été libérés le 24 février 2011.
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