Crise sécuritaire au Mali : Dans quel pays sommes-nous ?

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Pendant que l’insécurité résiduelle se propage à travers tout le pays, les Maliens chantent et dansent. Le président Modibo Keita avait coutume d’avertir: «lorsque les propriétaires deviennent des observateurs, c’est le festival des brigands».

En fait, depuis 2012, le territoire malien est occupé et sont intégrité est de plus en plus en question. Le Nord de notre pays qui était devenu un no man’s land sous le Général ATT, échappe chaque jour davantage au contrôle de la République.

En tout cas, depuis l’éclatement de la rébellion de 2012 dans le septentrion malien, il faut dire que cette partie est devenue un champ de bataille de plusieurs armées contre les rebelles du Mouvement national de libération de l’Azawad (MLNA) associés au Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO) et autres islamistes venus de tous les coins du globe notamment de certains pays arabes. Cette guerre a longtemps été préparée au  regard des évènements qui s’y sont produits pendant le second mandat d’ATT.

Nous rappellerons simplement le fameux avion dénommé «Air Cocaïne» qui a été brulé à Gao était le prélude aux évènements que le Mali allait connaitre plus tard. En fait, un avion inconnu qui s’est posé dans le désert de Gao à l’abri des regards fut calciné après que son  contenu soit totalement débarqué. C’était en 2009. Etait-ce de la drogue qu’il transportait ? Etait-ce des armes ? Et en provenance d’où ? Peut-être le saura-t-on un jour ?

Avec la fin de la guerre dans les pays d’Europe occidentale contre le paisible peuple africain de Libye, les armes qui y avaient été parachutées notamment par l’armée française ont disparu dans le septentrion de notre pays. Ce n’était pas tout, loin s’en faut. Il fallait attendre l’ouverture des fronts pour se rendre compte que des centaines de futs d’essence, des centaines d’armes, de véhicules pick up plus légers et plus opérationnels ont été enfouillés dans le sable béni du grand nord-Mali en vue de la rébellion qui était en cours de préparation dans les trois régions du pays.

A ce niveau, il est curieux que tous ces préparatifs aient lieu dans notre pays sans que les populations autochtones sédentaires et nomades s’en rendent compte. Visiblement, l’on ne peut épargner les complicités directes et tacites au sein de ces populations du Nord. Surtout, bien d’étrangers faisaient les va-et-vient dans les trois régions jusqu’à s’en raciner et cela aux dires de certains voyageurs. Il y en a même qui s’y sont mariés, certainement pour le besoin de la cause.

Et où étaient les autorités régionales sous les yeux desquelles se produisaient ces valses régulières ? Ont-elles pris sur elles la décision d’aviser les autorités de Bamako. Et les services de renseignement du régime ATT ? On-elles failli ? Et pourquoi ? ATT était-il au courant des préparatifs de cette rébellion ? Pourquoi n’a-t-il pas pris le devant ? Où alors était-il complice de ce qui est arrivé dans le septentrion de notre pays ? Ces questions trouveront-elles des réponses à l’avenir ? Qui vivra verra ! La seule certitude c’est que le régime ATT n’a rien fait pour éviter à notre peuple ce qui lui est arrivé.

D’autre part, les autorités de la République sous ATT doivent s’expliquer nécessairement sur la sape d’une armée malienne qui imposait à qui veut l’entendre le respect de l’intégrité territoriale du Mali. Et pourquoi tous ces généraux sur le dos du contribuable malien si le pays devait subir un tel cataclysme sous leurs yeux incompétents ou indifférents ?

Aujourd’hui, on parle d’insécurité résiduelle, pendant que nos soldats pratiquement tous les jours dans l’immense désert du grand nord. Et  pourtant la France est bien présente dans notre pays, depuis le 11 janvier 2013 ! La MINUSMA aussi se trouve sur le terrain. Mais les massacres de nos hommes se poursuivent allègrement comme si de rien n’était. Très peu de familles ici au Mali ne sont pas encore endeuillées par cette guerre larvée contre notre peuple et ses enfants.

Mais malgré les nombreuses pertes en vies humaines, tout se passe chez nous comme si tout va bien. La guerre s’est pratiquement déplacée du nord vers le centre où Amadou Koufa sème la terreur dans les cœurs et dans les esprits. Tient-il des ficelles tirées depuis Bamako ?

En tout état de cause, en dépit de ce que certains appellent insécurité résiduelle, le président de la Haute Cour de Justice, Abdramane Niang a échappé de justesse à la semaine dernière à la mort entre Tenenkou et Dia dans la région de Mopti. On déplore la mort des six (06) compagnons d’infortune. Il y a donc un constat d’embrasement général au Mali quelque soit le contenu qu’on veut lui donner. C’est face à ce climat d’insécurité de plus en plus criarde que tout se passe ici comme si tout allait à merveille: les mariages et baptêmes donnent lieu à des cérémonies grandioses et à des dépenses ostentatoires. Il suffit de regarder le long des grandes artères de Bamako, les jeudis et dimanches pour s’en convaincre. Pendant ces jours la ville de Bamako est en ébullition tandis que nos soldats meurent au Nord.

A Bamako, les cérémonies de mariages donnent lieu à une ambiance bon enfant, à des rallyes de motos causant ainsi des dommages aux nombreux usagers de la route. Dans quel pays sommes-nous lorsque toutes les semaines on organise un festival, un grand Sumu, un concert géant alors que le pays est en décomposition ?

Les jeudis et dimanches, Bamako ressemble hélas au far West des USA et cela sous l’œil indifférent d’une police lasse de voir ces exhibitions sans borne. Que faire, si ces cortèges de mariages sont ceux de papa ou de fils à papa ? Ces jours de bamboula prouvent à suffisance le désintérêt de la situation dramatique provoquiéerpar l’insécurité résiduelle dans notre pays. Mais faut-il résumer cette bamboula par un simple désintéressement, une simple indifférence de la population vis-à vis de l’insécurité résiduelle de plus en plus grave dans le pays ? Certainement tout n’est pas dit par là !

Louis Auguste Martin disait: «le silence d’un peuple n’est qu’un effet de contrainte et non pas une adhésion volontaire à la servitude ; c’est, le plus souvent le couvre-feu d’une révolte à venir».

En attendant des jours meilleurs, pendant que les victimes de l’insécurité dite résiduelle sont de plus en plus innombrables sur l’étendue du territoire national, les Maliens chantent et dansent. Que Dieu éclaire leur lanterne pour le bonheur de tout notre peuple.

Fodé KEITA

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