Plusieurs incidents sécuritaires entraînant la mort de civils et de militaires se sont déroulés la semaine passée au Nord et au Centre du pays. Dans la région de Ménaka, près d’une vingtaine de personnes appartenant à la tribu Ibogolitane ont été tuées. Pendant ce temps, les Forces armées maliennes ont subi plusieurs attaques dans les localités de Ténenkou, Niafunké, Douentza et Boni. Toutes ces attaques se sont déroulées entre la nuit du lundi 24 au mercredi 26 septembre 2018.
C’est au petit matin du mardi 25 septembre 2018 que des hommes armés circulant à moto sont arrivés dans les environs d’Inekar dans la région de Ménaka, plus précisément à 45 km à l’Ouest de la ville de Ménaka. Des témoins affirment que les assaillants portaient des armes et des grenades à la ceinture.
Ils ont d’abord saccagé les habitations de la population et ont ensuite procédé à des exécutions sommaires. C’est ainsi qu’une douzaine de personnes auraient donc été tuées. Les raisons de ces assassinats restent pour le moment inconnues, mais la totalité des civils tués sont de la tribu des Touaregs Ibogolitanes, selon une source locale jointe au téléphone par Le Reporter.
Plusieurs hypothèses sont avancées par des spécialistes de questions sécuritaires pour expliquer ces «exécutions sommaires». Selon eux, les causes de ces tueries pourraient provenir des conflits communautaires fréquents dans la zone ou encore la forte présence du groupe djihadiste État islamique au grand Sahara.
Dans un communiqué rendu public, le 27 septembre, reconnaissant le massacre de 35 civils à Inekar, le gouvernement promet de traquer les auteurs afin de les punir. Au surlendemain de ces assassinats ciblés, l’armée française a largué 120 parachutistes dans la région de Ménaka.
Environ 80 parachutistes ont été largués par deux Transall et 40 autres ont sauté d’un A400M, dans l’est du pays. L’armée française a largué 120 parachutistes jeudi 27 septembre matin dans la région de Ménaka (nord-est du Mali), l’une des zones les plus instables du pays, dans le cadre de son opération anti-djihadiste. Cette annonce intervient alors que sept soldats maliens et un civil ont été tués par l’explosion d’engins artisanaux dans le centre du pays.
Ces parachutistes de la force Barkhane étaient épaulés par une troupe d’infanterie de l’armée malienne. Ils avaient pour mission de débusquer ceux qui ont commis ce forfait à Ménaka. Au cours de leur opération, ils procédé aux perquisitions de plusieurs habitations avant d’arrêter huit hommes appartenant à l’antenne régionale de la CMA de Ménaka.
Au même moment, une escorte militaire de bus de transport a été attaquée entre Simby et Boni dans la région de Mopti. Des témoins affirment que les assaillants auraient mis le feu à deux (2) citernes qui étaient devant le convoi militaire. Les passagers se rendaient à Gao. Une partie du convoi a donc replié sur Boni.
Toujours dans la région de Mopti, des soldats maliens ont arrêté plusieurs civils lundi 24 septembre à la foire hebdomadaire de Dioura, une localité située dans le cercle de Ténenkou. Ces arrestations sont intervenues après qu’un individu armé non identifié a tiré à bout portant sur un militaire en plein marché.
Le mercredi 26 septembre, une autre mission de l’armée malienne est tombée dans une embuscade suivie d’un combat d’une rare violence entre Douentza et Bambara-Maoudé, faisant d’emblée sur le champ 8 soldats tués dont des officiers. Pour le moment, l’on n’a aucune nouvelle de la dizaine de soldats portés disparus. Au total, c’était une quinzaine de soldats dont des officiers qui étaient de la partie. Selon une source sécuritaire, les recherches sont en cours pour les retrouver le plus rapidement possible.
À Tombouctou, c’est un véhicule de ravitaillement d’eau des Fama qui a heurté le 24 septembre un engin explosif entre Soumpi et Niafunké. Un bilan provisoire fait état de deux morts et deux blessés.
Pour Serge Daniel, journaliste et spécialiste du Mali, approché par le journal Le Reporter, «l’État malien doit mettre un embryon d’administration dans ces zones pour combler son absence. Et dès qu’il y a un problème, intervenir dans les 30 minutes qui suivent».
Ousmane DIAKITE