Crise malienne : Faire la guerre ou pas ?

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A propos de l’occupation du nord-Mali par les islamistes, des efforts sont sans cesse consentis. En guise d’exemple, la France qui ne voulait quasiment pas parler d’intervention militaire, en est devenue la plus farouche partisane. Dans son sillage, l’ONU a timidement fait bouger les lignes. 

Pour autant, c’est loin d’être clair. On est même dans la confusion la plus totale. Tandis que quelques indiscrétions dans les couloirs des Nations unies laissent croire qu’il faudra, dans le meilleur des cas plusieurs mois avant de voir les premiers soldats ouest-africains au Mali, le ministre français de la défense, Jean-Yves Le Drian, lui, parle de quelques semaines seulement. Finalement, on ne sait à quelle déclaration se fier. D’autant plus qu’au sein même de la CEDEAO, les partisans du dialogue ne s’avouent pas encore vaincus. Sans oublier quelques incertitudes au sujet des potentiels fournisseurs de troupes. En somme, c’est le flou total.

On croyait qu’en ce qui concerne l’intervention au nord du Mali, les contradictions avaient vécu. Malheureusement, c’était vite aller en besogne. Dans une interview que le président du Burkina Faso et médiateur dans la crise malienne, Blaise Compaoré a accordée à nos confrères de Jeune Afrique, il assimile l’option militaire à une ultime solution. Selon lui, pour le moment, le spectre du déploiement des forces ouest-africaines n’est agité que pour indiquer aux islamistes que rien n’est exclu. En quelque sorte, à en croire le président du Faso, l’option militaire n’est qu’un moyen de pression.

C’est à se demander sur quoi le ministre français de la défense, Jean-Yves Le Drian fonde ses prévisions. Car au-delà du son de cloche divergent émis par Blaise Compaoré, la réticence algérienne est à prendre très au sérieux. Si Alger persiste à ne pas voir des troupes étrangères le long de sa frontière sud, des observateurs pensent qu’elle a des atouts à faire valoir dans ce sens.

Dans la même logique, l’enlèvement des six travailleurs humanitaires à Dakoro vient compliquer davantage la question de la fourniture des troupes. En effet, en sachant leurs ressortissants aux mains des islamistes, Niamey, N’Diamena et Conakry réfléchiront certainement à deux fois avant de donner l’ordre de déployer des forces. Or, indépendamment de ce dernier développement, les fournisseurs ne se bousculaient déjà pas au portillon.

Par ailleurs, dans la timide résolution que le Conseil de sécurité de l’ONU a récemment adoptée sous la pression de la France, il est de nouveau question de la précision et de la clarté qu’il faut apporter au plan de déploiement des forces de la MICEMA. En raison de ce travail de précision préalable, l’organisation onusienne tablait, dans le meilleur des cas, sur le premier trimestre de l’année prochaine pour l’effectivité de l’intervention.

Une nouvelle fois, aussi optimiste qu’elle peut paraître, la déclaration de Monsieur Le Drian manque de réalisme. A moins que l’on nous cache d’autres facettes de la stratégie.

Fode Kalia Kamara pour (Guineeconakry.info 18/10/2012)

 

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