Crise foncière : Le village de Niankadina sur une poudrière

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Crise foncière : Le village de Niankadina sur une poudrière

Berceau présumé de tous les Traoré, le village de Niankadina, situé à 80 kilomètre près de Bankoumana dans le cercle de Kati, est dans le cœur historique de l’empire Manding, une zone où les rivalités claniques peuvent encore être tenaces. Ici, un conflit foncier oppose deux clans Traoré (Famorola et Damanan). Et rien ne semble apaiser Sékou Traoré, environs 80 ans, qui dit avoir subi un affront dans cette affaire ! Surtout à cause de son passage à la prison de la gendarmerie locale. Les frères ennemis de ce village millénaire sont maintenant suspendus à la décision de la commission de réconciliation mise en place par le maire alors que la justice doit aussi se prononcer.

«Le champ-là leur a été prêté ! Ce n’est pas une donation. Nos ancêtres ont accepté de prêter une partie de leurs terres aux ancêtres de ceux qui sont opposés à nous», explique Sékou Traoré, le patriarche de Famorola, sur un ton qui inspire la pitié. Pour le vieil homme, le problème est que les descendants de ceux qui ont bénéficié des largesses de son clan refusent aujourd’hui de rétrocéder le champ qui est l’objet de la dispute.

Le vieil homme rumine encore sa colère, rappelant qu’il a été jeté en prison, dont il est sorti malade, par des puissants qui veulent retirer leurs terres par la force. «Si on ne reprend pas un champ prêté, à la longue les emprunteurs vont penser que les terres leur appartiennent», ajoute le vieillard qui habite le même village que ses rivaux.

Les gens du Damanan, le clan opposé, auraient exploité le champ litigieux pendant trente ans avant de l’abandonner. «Leur ancêtre qui a emprunté le champ en question s’appelle Walamako. Mon père a confié l’endroit à ce Walamako. Mon oncle Dyara, sur instruction de mon père, est allé montrer à Walamako l’endroit qu’ils ont exploité pendant 30 ans avant de l’abandonner», poursuit le vieux Sékou.

Menaces de mort

Le champ abandonné par les rivaux du vieil homme est au cœur d’un litige depuis deux ans. Pourtant, le patriarche dit ne pas être en mesure de créer des problèmes dans un village où il fut conseillé de la chefferie pendant trois décennies. Ainsi, un arbitrage impliquant plusieurs personnalités et même des représentants d’un village voisin avait apaisé les tensions autour de la parcelle où le clan opposé au vieux avait planté des pieds d’anacarde.

Mais plus tard, les choses se sont compliquées lorsque les planteurs d’anacarde ont eu des yeux pour plus de terres. Les planteurs portent l’affaire devant les autorités de la gendarmerie dans la sous-préfecture de Kourouba, puis à Ouéléssébougou. Le vieux Sékou Traoré et les siens ont déclaré qu’ils n’acceptent pas que des pieds d’anacarde soient plantés sur les terres qu’ils considèrent comme leur héritage.

Les planteurs d’anacarde ont leur propre lecture, estimant que le champ problématique est plutôt son héritage. C’est ainsi que Madou Traoré, 65 ans, estime que son père, avant d’abandonner le champ, l’avait prêté à une tierce personne. «Je ne suis pas aussi bon paysan que cela. Mais nous n’accepterons pas que la moindre partie de nos terres soient dérobée», affirme-t-il à qui veut l’entendre.

C’est le clan des planteurs qui a porté l’affaire devant la gendarmerie parce qu’ils étaient en colère après que des pieds d’anacarde aient été arrachés par leurs adversaires. C’est le moment de reprendre le champ, dit Madou Traoré, pour l’exploiter. Sa famille ambitionne de planter en effet plusieurs hectares d’anacarde.

En attendant, le chef de village Bakary Traoré, 71 ans, souhaite que les deux clans s’entendent enfin pour que la quiétude d’antan revienne. Un moment, les deux clans en étaient venus à se menacer de mort. Mais le maire appelle les deux parties à renouer avec le dialogue surtout que la commission de réconciliation mise en place est censée suivre l’affaire de près.

Soumaila T. Diarra

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2 COMMENTAIRES

  1. Bonjour,
    Au moins on apprend plus qu’on espère dans ce recit loin de toute falsification et d’arrière-pensée. Comment prendre contact avec toi? Je suis Traore!
    Merci Sankingba

  2. Quelle référence à faites vous allusion pour affirmer que Niagadina est le berceau présumé de tous les Traoré? N’est ce pas qu’en déformant l’histoire dans sa quintessence vous insinuez des problèmes d’identité culturelle?
    Des grands historiens comme Djibril Tamsir Niang, Kalilou Fofana, Youssouf Tata Cissé, Bakari Kamian vous diront que tout Traoré s’identifie à Baranzan dans le cercle de Kangaba. C’est de là que Tiramakan marchait sur Tamaga (cercle de Kita) pour traverser le fleuve et rejoindre le pays de Djolol, dans la région boisée de baobab près de Tambacounda. A présent le gué sur le fleuve près de Tamago est appelé “Tiraman Tiguè dan” autrement le port de la traversée de Tiramakan.
    Tiramakan évoluera dans ses conquêtes jusqu’à Mapatin et à Gabou dans l’actuelle Guinée Bissau. Ses descendants sont les Manè et les Sanè. Pour le magnfier, la kora lui a été dédiée par un Kouyaté. C’est lui qui etendit l’empire du Manding jusqu’aux côtes de l’océan Atlantique.
    Les reliques de Touramakan sont censées être sous la garde des patriarches de Balanzan où cohabitent les descendants de Mouké Moussa et de Mouké Dantouman. Sikasso a été fondée par l’un des descendants de Tiramakan. Tout comme les Traoré de Souban, de San, Sombo, de Fatinè et au delà.
    Niagadina ne doit son rayonnement qu’à l’avènement de Nansa Tamba avant et pendant la conquête samorienne. C’est pourquoi le nom Tamba est vénéré à Niagadina qui entretient une rivalité séculaire avec les camara de Dankassa. Les descendant de Missadjan Konaté de Kourouba en sont témoins de cette partie de l’histoire.
    Alors, monsieur le journaliste, transposez au moins ce qui semble convainquant mais pas du n’importe quoi.

    Qu’en soient témoins de mon récit, les descendants de Fali Woulé KEÏTA de Koursalé ou ceux de Bologouè KEÏTA de Djoliba ou la lignée de Bolomamadi Doumbia de Tiakadoudou Faraba ou les Niambelé de Dogo

    Pour la République et que le Seigneur pérennise le Mali de tous les noms de famille qui le composent.

    VIVE LA RÉPUBLIQUE.

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