Crise de souveraineté du Mali : Relever le défi sécuritaire ou périr

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L'État paie sa faillite d'assurer ses missions régaliennes
(photo archives à titre illustratif)

Chaque semaine au Mali apporte son lot de morts et de désolation. Le décompte macabre continue et ne semble pas prêt de s’arrêter. Les forces de sécurité tentent mais arrivent très difficilement à faire face à la guerre asymétrique, posture militaire adoptée par les terroristes depuis l’opération Serval en janvier 2013. Le Mali est sans doute le pays du Sahel qui devra investir toutes ses ressources pour relever son défi sécuritaire, condition sine qua non à sa survie en tant que Nation. Pour cela, une prise de conscience globale est nécessaire au niveau local. Mais, des pratiques toujours aux antipodes d’une gouvernance vertueuse prouvent que la « révolution » des mentalités tant attendue n’est pas pour demain.

Vers la fin de la semaine dernière, hélas encore une fois, un véhicule transportant des civiles de retour de la localité de Konna, saute sur une mine. Bilan, 5 morts et 15 blessés dont 6 dans un état grave. Des évènements de ce genre se multiplient pratiquement chaque semaine au point que cela devienne banal. Alors que la cinquième année d’une gouvernance que d’aucuns qualifient de « normale » en comparaison à l’anarchie totale qui régnait en 2012 suite à l’effondrement de l’appareil étatique et de l’occupation des 2/3 du territoire, est entamée, le pays prend-il le bon chemin ? L’accord pour la paix et la réconciliation, signé au forceps, est-il, après près de trois ans de pratique, un instrument fiable ? Rappelons au passage, que cet accord, n’a même pas été soumis au vote de la Représentation populaire, qu’est l’Assemblée Nationale. Le comble de ce fait, est que les députés eux-mêmes n’ont pas cherché à être sollicités.

Le contexte sécuritaire au Mali est des plus précaires. La communauté internationale jugea bon de forcer les autorités du pays dans la voie du maintien de la paix, en l’absence de toute initiative locale viable. Aujourd’hui, elle se heurte au manque d’autorité et même de responsabilité de l’Etat central. Pendant ce temps, Al Qaida au Maghreb Islamique sévit au nord malien ; dans cette nébuleuse que dirige le terroriste Iyad Ag Ghaly, avec quelques-uns de ses fidèles lieutenants. Au centre, les hommes de Ahmadou Kouffa font la loi selon leur vision de la charia. Un peu plus au sud, ce sont des mines qui sautent quand des bandits armés ne sèment la terreur. Où est donc l’Etat ? Il colmate, il bricole, il essaye de donner l’impression que des efforts sont fournis pour maintenir un minimum de sécurité. Certes, l’Administration IBK a hérité d’une situation extrêmement délicate, notamment avec la mise à terre d’une armée malienne, que beaucoup pensaient comme la plus puissante de l’Afrique de l’ouest. Mais si l’on prétend que l’on peut moudre les épis de mil en poudre, que l’on soit sûr d’avoir le matériel nécessaire. A défaut, rendre le tablier est la meilleure des solutions. Mais pour cela, il faudra attendre encore quelques mois. Mais, lorsqu’on sait que, dès décembre 2015, la Présidence a passé un contrat avec Havas Worlwide (ainsi que Synergie, agence nationale appartenant à un proche de Karim Keita, le fils d’IBK) pour préparer 2018, on peut affirmer, avec très peu de risques de se tromper qu’IBK briguera un second mandat.

Une prise de conscience globale est vitale. Le citoyen lambda mais surtout l’élite doit comprendre que d’ici quelques années, la récolte sera faite. Et elle sera fonction des pratiques accomplies les années précédentes. L’élection du très charismatique et supposé autoritaire IBK n’a rien changé aux pratiques de mauvaise gouvernance. Corruption, népotisme et clientélisme ont toujours pignon sur rue. Comme si, tout allait pour le mieux au Mali. L’amnésie inconsciente des cadres maliens continuent de plus belle, sans se soucier du devenir proche du pays. Discipline et sérieux devront être les nouvelles règles à tenir. Le souvenir douloureux de 2012, avec tant de vies brisées, doit pourtant être suffisant pour nous rappeler que l’heure est au travail et au don de soi.

De plus, la situation géographique du Mali n’arrange rien. La partie septentrionale du pays est très peu peuplée avec un relief tourmenté et des conditions de vie très hostiles. Le désintérêt de Bamako pour cette partie du Mali, durant des décennies, constitua le terreau fertile à la prolifération de toutes sortes de trafics. Et d’ailleurs, la réticence des groupes armés indépendantistes à rentrer dans le giron de l’Etat malien s’explique en grande partie par l’activité très lucrative de la drogue et de la contrebande auxquelles ils s’adonnent depuis des années. Curieusement, la communauté internationale n’en touche mot. Peut-être pense-t-elle que cette partie du travail revient à l’Etat du Mali ?

Relever le défi sécuritaire ou périr. Tel pourrait se résumer la tâche du gouvernement malien dans les années à venir. Le pays de Feu le président Modibo Keita à qui le concept de souveraineté était si cher, devra bâtir une forte armée afin de mériter le titre de pays souverain et indépendant.

Ahmed M. Thiam

thiam@journalinfosept.com

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