L’attaque meurtrière du village d’Ogossagou et environs a coupé le sommeil aux aux autorités maliennes en leur inspirant une flopée de sanctions prises par le gouvernement. Mais le mal pouvait être circoncit depuis le début de l’année 2019.
L’émoi est encore vif dans les esprits après l’expédition punitive des Dozos qui, faisant feu de tout bois, se sont livrés à des tueries n’ayant épargné même le chef du village et d’autres autorités coutumières, y compris de localités voisines. Au final plus de 160 morts et tout un pays en émoi. De quoi provoquer la tenue d’un conseil des Ministres extraordinaire suite auquel la milice armée DAN NAN ANBASAGOU a été dissoute. Ce n’est pas tout. Le même conseil des Ministres a aussi démonté net la chaîne de commandement militaire en limogeant tous les chefs d’Etats-majors, sans que la vague puise emporter le ministre de tutelle.
Et pourtant, l’épisode n’est pas le premier du genre. En janvier, massacre similaire contre la communauté Peule s’est produit provoquant la convocation du Premier Ministre à la représentation nationale. SoumeylouBoubeyeMaiga avait même en son temps convenu avec les députés de la dissolution de la milice AN BA SAGOU.
C’est dire que la récidive continue de belle surtout que la milice d’autodéfense Dogon avait publié un courrier à la mi-mars pour prévenir qu’elle allait sévir dans certaines localités qu’elle considère comme des menaces potentielles. Une négligence coupable des services de sécurité, est-on tenté de dire, dans un pays où le chef de Sécurité d’Etat s’est illustré récemment par un buzz d’un anniversaire arrosé avec un certain FallyIpupa rémunéré pour 35 millions CFA.
Notons que le Centre du Mali est déchiré depuis plus de deux ans par des affrontements communautaires partis de vieux litiges connus un peu partout dans la sous-région : celui des éleveurs et agriculteurs. Les peuls ont toujours eu des incidents avec les Dogons lors de la transhumance, mais le contexte sécuritaire avec la circulation incontrôlée des armes a fini par favoriser le prédicateur Amadou Kouffa qui a su l’instrumentaliser.
Finalement des milices proches de chaque communauté ont vu le jour et l’amalgame est total. Le gouvernement essaie désormais de prendre les choses en main mais force est de constater que la partie est loin d’être gagnée.
Le Centre du Mali qui est situé essentiellement dans la région de Mopti est frontalier du Burkina Faso où les mêmes violences ont lieu. Plusieurs localités ont vient la triste réalité que l’Etat n’existe plus. Des élus locaux aux forces armés, plus rien n’existe occasionnant un vide qui profite aux islamistes et autres bandits armés. Les paisibles populations y subissent par endroit le joug de la charia et ne peuvent se défaire de l’emprise des nouveaux maîtres des lieux.
Après la visite d’une délégation présidentielle partie pour soutenir la population éplorée, il est fort probable que le même cycle recommence et que les hostilités reprennent de plus belle.
Idrissa KEÏTA