Crise au Mali : qui peut sauver le pays ?

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État-major malien réuni au grand complet à Bamako le 13 février 2012.

Plus le temps passe, plus la situation dans le nord du Mali devient intolérable. Le recours à la force semble désormais inévitable. Armée malienne, opération africaine, appuis occidentaux… Jeune Afrique présente les différents scénarios militaires.

Ce n’est plus une hypothèse, c’est une certitude : plus les jours passent, plus s’accentue la décomposition de cet État désormais éclaté, et plus le cauchemar stratégique, humanitaire et politique d’une somalisation du Mali hante l’Afrique de l’Ouest, le Maghreb et bientôt l’Europe. Même ceux qui, il y a deux mois, accordaient à la sécession du Nord quelques circonstances atténuantes par sympathie pour les revendications socioéconomiques trop longtemps négligées des Touaregs sont effarés par la mainmise brutale des groupes islamistes les plus intransigeants sur ce qui reste des populations de l’Azawad. Comment accepter que le terrorisme et les trafics en tous genres trouvent un sanctuaire en plein coeur du Sahel, sous le couvert de la charia et la bannière d’un djihadisme dévoyé ? Reconquérir le Nord, par la négociation et la persuasion, mais aussi, ne nous leurrons pas, par la force, est donc un impératif. Reste à savoir comment.

Jusqu’ici, toute éventualité d’intervention militaire au Mali était soumise à un double préalable : elle devait se faire dans le cadre de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et avoir pour objectif immédiat le rétablissement de l’ordre constitutionnel à Bamako. Or cette double condition, régionale et institutionnelle, est désormais jugée inopérante pour trois raisons. Le capitaine putschiste Sanogo s’est officiellement retiré du pouvoir, laissant la place à une transition certes fragile, bancale, contestée et privée de son président en convalescence à Paris, mais reconnue par la communauté internationale. Les chefs d’État africains, à commencer par le président en exercice de l’Union africaine, Thomas Boni Yayi, jugeant le cadre de la Cedeao trop restrictif et exclusif, ont décidé de porter la crise malienne devant le Conseil de sécurité de l’ONU, afin d’obtenir de sa part un feu vert pour une intervention plus large dans le cadre du chapitre 7 de la charte – objectif auquel on voit mal l’un des cinq « grands » mettre son veto. Enfin, les éléments qui au sein d’une armée malienne humiliée demeurent opérationnels – en particulier, selon un spécialiste militaire français de la région, les unités formées par les marines américains ainsi que les milices arabes alliées – ne cachent pas leur volonté de revanche sous les ordres de quelques officiers de valeur prêts à en découdre.

La solution militaire n’aura de sens que si elle s’accompagne d’une solution politique.
Dès lors, les contours d’une opération de reconquête du Nord susceptible d’être déclenchée à brève échéance ressembleraient à ceci : une double offensive au sol de l’armée malienne, à partir de Bamako en direction de Tombouctou et à partir de la frontière nigérienne (où sont stationnés les 600 hommes du colonel loyaliste Alhaji Ag Gamou) en direction de Gao. Quatre pays voisins pourraient s’y adjoindre sous mandat onusien : le Niger, la Mauritanie, le Nigeria – via son aviation de transport militaire – et… l’Algérie. Ce dernier pays, le seul à pouvoir offrir l’appui aérien indispensable pour traquer les katibas rebelles en dehors des villes, serait prêt à s’engager à deux conditions, selon un proche conseiller du président nigérien Issoufou : « Pas de troupes au sol et pas d’intervention occidentale, en particulier française. » Dans cette hypothèse, l’aide de Paris et de Washington serait donc cantonnée à trois secteurs clés, mais en back office : le renseignement, la logistique de « l’arrière » et le financement, direct ou indirect, de l’effort de guerre malien.

Reste que rien de pérenne ne sera possible si, parallèlement au rétablissement de l’autorité de l’État sur le territoire, un remède n’est pas trouvé pour traiter à la racine le mal malien. Dans le Nord : négocier avec la branche « laïque », majoritaire, du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) une forme de fédération. Dans le Sud : mettre en place un pouvoir démocratique légitime en mesure de retrouver la confiance du peuple.
19/06/2012 à 17h:05 Par François Soudan- jeuneAfrique

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8 COMMENTAIRES

  1. Monsieur François Soudan, je te rappelle que traiter le mal malien à la racine n’est pas synonyme d’appliquer un système d’Etat fédéral.
    Tu as passé à côté.

  2. deux points intriguent dans ce beau plaidoyer, à savoir :

    1. […] les revendications socioéconomiques trop longtemps négligées des Touaregs […]

    2. […] négocier avec la branche « laïque », majoritaire, du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) une forme de fédération.

    1. l’auteur de ce texte – qui certes, n’est pas malien – heurte sans nul doute en attisant une certaine aversion en d’autres maliens à travers une sympathie occidentale presque inconditionnelle basée sur le seul mythe qu’entretient cette infime minorité ethnique, pourtant chouchoutée dans les faits au grand dam du reste de la population malienne. ce qui est fort regrettable… mais il faut savoir que tout ou presque tout dans ce pays a été investi au nord ces dernières années au nom d’une hypothétique paix, et que ces gens entrent et sortent dans les structures de l’État, notamment les rangs des forces armées et de sécurité comme bon leur semble sans la moindre conséquence pour eux… peut-on encore parler de négligence après cela ?

    2. imaginer même une seule seconde qu’il puisse y avoir un courant “laïque” parmi ces égarés de tout acabit et après tout ce qui s’est passé jusqu’à maintenant, c’est faire plus qu’étalage d’une cécité volontaire et d’une mauvaise foi évidente. car jusque dans les méandres de ce qui se gesticule comme la structure politique de ce machin…, il n’est question que d’idéologie religieuse et rien d’autre. et c’est incroyable qu’au sein d’un magazine aussi respectable que JA, cela puisse souffrir de l’ombre du moindre doute, hélas !

  3. Le problème d’irrédentisme touarègue au Nord du Mali et du Niger est un problème sociologique surtout. Il faut noter que ce problème ne concerne pas à vrai à toutes les tribus touarègs. Les différentes rébellions armées conduite par des touarègs ont principalement comme revendication l’érection ethnique. Le nord du Mali est peuplé majoritairement de songhoi, peulh, bozo etc.
    Un certain nombre de touarègs ont du mal à supporter en réalité l’autorité étatique, le respect des lois républicaines et les principes démocratiques notamment le fait majoritaire.
    L’histoire de l’Afrique n’a jamais enregistré l’existence d’une entité étatique touarèg. L’azawad est tout simplement un fantasme et folie guerrière.

  4. Monsieur Ag Ibrahim, tu nous racontes des balivernes!

    Tu n’es pas un touareg. Allah va te punir pour ce mensonge!

    Personne ne peut arrêter la roue de l’histoire. La République de l’Azawad est libérée depuis 3 mois, et l’armée Malienne mise en fuite. Aujourd’hui, l’Armée Azawadienne est 1000 fois plus forte que le 06 avril 2012, date de la fuite enjambée des 25 000 soldats maliens.
    Nous sommes en train de renforcer nos forces de defense et de sécurité pour faire une Republique forte et redoutable dans toute l’Afrique. Nous avons dejà pris des contacts pour fabriquer notre propre bombe atomique que nous n’hesiterons pas à utiliser si jamais notre integrité territoriale est menacée.

    Le soit disant Ibrahim ag nous parle de soutiens pour les autre communautés de l’Azawad. C’est ridicule! Nous sommes prêts à faire la guerre à toute l’afrique noire, si besoin est.

    Vous ne savez pas à qui vous avez affaire, cher maliens naifs rigolots aux abois!

    • S’il raconte des balivernes ils faut bien te renseignés les avions ont commencer a bombarder des convois dans le Sahara c’est début vous allez voir

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