Criminalité organisée, trafic de drogue et de stupéfiants … Le rapport du Groupe d’experts accable la Cma

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Dans son rapport à mi-parcours, le Groupe des experts sur le Mali accable la Coordination des mouvements de l’Azawad (Cma) d’être en connivence avec les groupes terroristes et d’être impliquée dans la criminalité organisée à travers le trafic de stupéfiants.

Rappelons que dans son précédent rapport, le Groupe d’experts avait décrit de violentes escarmouches et des détournements de résine de cannabis (haschich) de Gao vers la région de Kidal, impliquant à chaque fois un individu faisant l’objet de sanctions, Ahmoudou Ag Asriw.

Selon le rapport à mi-parcours, depuis le dernier épisode connu, qui s’est produit à Tabankort le 19 avril 2019, le Groupe d’experts n’a pas reçu d’informations analogues concernant une quelconque rivalité sur cet axe. Et d’ajouter que nommé chef d’état-major dans la nouvelle section du Gatia, Ag Asriw a cherché à se rapprocher de la Cma en septembre 2019, de même que du Maa-Plateforme. Il semble qu’en raison de cette évolution, Ag Asriw ait été suffisamment accommodé dans des opérations de trafic qui nécessitent une coordination entre les réseaux criminels associés au Maa-Plateforme et à la Cma dans les localités de Gao et Kidal, respectivement, à mesure que la drogue circule dans leurs zones de contrôle respectives.

Parmi les réseaux criminels associés à la Cma et impliqués dans les convois de drogue, le rapport cite le nom du Commandant régional du MnlA, Mohamed Ag Akly et Mahamadou Ag Attayoub, membre de la fraction des Ifergoumissen de la tribu des Ifoghas qui agit au nom de Khalid Ag Mohamed, fils de Mohamed Ag Intallah. Contrairement à ce qui s’est passé dans les régions de Gao et de Kidal, des convois de stupéfiants ont été attaqués dans la région de Tombouctou et des attaques ont été diligentées par Hussein Ould Ghaname alias Guigoz de la fraction Oulad Ghanam.  Et de poursuivre que la plus récente d’entre elles s’est produite à la mi-novembre 2019 à Bou-Djébéha à 150 kilomètres au nord de Tombouctou. Et, les auteurs de ces actes n’ont pas encore été identifiés.

“Les précédentes attaques contre les convois de Guigoz en 2018 ont été attribuées à des hommes agissant pour le compte de Settar Ould Ahmed Hairi, homme d’affaires et membre de l’autorité intérimaire de Taoudenni, qui a été assassiné le 8 juillet 2018 en même temps que le Commandant du Maa-Plateforme du Mécanisme opérationnel de coordination à Gao, Mohammed Ould Hinnou, qui se trouvait dans le secteur. Settar a entretenu des relations d’affaires avec le chef du Maa-Plateforme, Hanoune Ould. Les réseaux criminels convoyant la drogue, soutenus par le Maa-Plateforme et la Cma dans la région de Tombouctou ne sont pas interdépendants, comme dans les régions de Gao et de Kidal, et la rivalité qui les oppose donne lieu à des accrochages répétés, qui ne font pas l’objet d’une médiation”, peut-on lire dans le document.

Trois Colombiens et un Malien ont été arrêtés pour trafic de drogue

Aussi, la Mauritanie aurait également intercepté deux des convois de drogue de Guigoz au second semestre de 2019 et le Groupe d’experts a demandé un complément d’informations. Ainsi, il a également obtenu des renseignements sur la saisie de 1 625 kilogrammes de résine de cannabis par le Front populaire pour la libération de la Saguía el-Hamra et du Río de Oro (Front Polisario) en juillet 2019 le long du secteur sud du mur du Sahara occidental, dit mur de sable. Une opération au cours de laquelle quatre hommes armés ont été arrêtés qui se rendaient au Mali.

Aux dires des experts, les autorités maliennes et nigériennes ont connaissance d’un convoi de drogue qui a traversé la région de Ménaka au Mali pour se rendre au Niger le 21 avril 2019. Arrivé à Arlit, le convoi est entré en Algérie à Assamakka. “Étant donné que cela s’est produit deux jours après l’incident présumé à Tabankort, le convoi pourrait avoir été impliqué dans le détournement de drogues par Ag Asriw et Mahamadou Ag Attayoub. Le 2 septembre 2019, les autorités bissau-guinéennes ont effectué une importante saisie de cocaïne de 1 947 kilogrammes, la deuxième de l’année. Six Bissau-Guinéens, trois Colombiens et un Malien ont été arrêtés dans ce cadre”, mentionne le rapport.

Par ailleurs, le Groupe d’experts n’a pas trouvé de preuves liant les cargaisons saisies à l’individu visé par les sanctions, Mohamed Ben Ahmed Mahri alias Rouggy qui était impliqué dans le transport des 789 kilogrammes de cocaïne saisis le 9 mars 2019. La présence de logos semblables sur les colis de drogue indique un chevauchement entre les réseaux criminels qui envoient ou reçoivent les stupéfiants.

Au vu du gel des avoirs imposé à Mohamed Ben Ahmed Mahri alias Rouggy, le Groupe d’experts a mené de nouvelles enquêtes sur les sociétés écrans dont lui et ses associés pourraient se servir pour blanchir de l’argent et financer des opérations. Comme indiqué dans les précédents rapports, Ben Ahmed Mahri est trempé dans des opérations de trafic de drogue qui ont conduit à trois importantes saisies de drogue dans la région : au Niger (14 juin 2018), en Guinée-Bissau (9 mars 2019) et au Maroc (21 avril 2019).

Aussi, Mohamed Ben Ahmed Mahri est le directeur de Tilemsi Distribution au Niger, tout comme son associé Ben Kazou Moulati. Ce dernier a été arrêté à Niamey dans le cadre d’une affaire d’expédition de 10 tonnes de résine de cannabis, dont une partie a été saisie. Le directeur de la société est Attaye Ben Ahmed Mahri, le frère de Mohamed, qui est également responsable de la société mère à Gao.

Une société impliquée dans le trafic de drogue basée à Bamako

Selon les dossiers de la Chambre de commerce du Niger, Tilemsi Distribution compte parmi ses activités déclarées la prospection et la vente de métaux précieux. Toutefois, la société n’a pas obtenu de permis de prospection ou de commerce. En outre, aucune société n’était domiciliée à Niamey. Pendant le reste de son mandat actuel, le Groupe d’experts continuera d’étudier la possibilité que l’argent de la drogue soit blanchi au moyen du commerce de minerais, voire d’or.

Mohamed Lamine Sekouni a été arrêté en avril 2018 en même temps que Ben Kazou Moulati à Niamey. Il a constitué le Groupe Sekouni International, une société d’import-export dont la société mère est enregistrée à Laayoune (Maroc). La société est inactive dans les deux pays depuis son enregistrement en 2017 et 2016. Aucune entreprise n’est domiciliée aux adresses indiquées. L’exemplaire du contrat de location fourni au Maroc au moment de l’enregistrement a été falsifié. Sidi Ahmed Mohamed, l’associé de Ben Ahmed Mahri a été arrêté près de la ville de Safim (Guinée-Bissau) à la suite de la saisie du 9 mars.

En août 2018, le rapport souligne qu’il avait fondé la société d’import-export Siyama, au Niger. A ce titre, le Groupe d’experts a obtenu des relevés bancaires faisant état de plusieurs dépôts en espèces importants pouvant atteindre 25 millions de francs Cfa et totalisant 140 millions de francs Cfa pendant la période du 21 août au 30 septembre 2019.

En février 2019, avant de se rendre à Bissau, Sidi Ahmed Mohamed a retiré 40 millions de francs Cfa. Selon les experts, cette somme a probablement servi à financer l’opération de trafic de drogue. En ce qui concerne la saisie au Maroc, le Groupe d’experts a identifié une société basée à Bamako et d’autres détails ne sont pas divulgués pour le moment afin de ne pas compromettre les enquêtes en cours.

     Synthèse de Boubacar PAÏTAO

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