Convocation des chefs d’état du G5 sahel en France : Le sort de ‘‘la minorité’’ d’IBK qui trouble le sommeil de Macron à l’ordre du jour à Pau

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Le sommet de la clarification des positions des chefs d’État du G5 Sahel sur la présence des forces françaises dans leur pays s’ouvre aujourd’hui à Pau dans le sud de la France. Il réunit autour du président français et ceux du G5 Sahel, accusés de laisser une ‘‘minorité’’ développer un sentiment anti français dans leur pays. Cette rencontre, à n’en pas douter, décidera du sort de la ‘‘minorité’’ qui trouble le sommeil de Emmanuel Macron, fortement contesté dans son pays par des manifestants qui rejettent sa politique des retraites.

Avant de s’envoler pour la France, où ils doivent répondre à Pau, dans le sud de l’Hexagone, à la convocation du président français qui les accuse de  laisser se propager dans leurs pays un sentiment anti français, les présidents  malien et nigérien ont tenu à se réconcilier avec leur homologue français très remonté contre eux par rapport aux manifestations de rue contre la présence militaire française dans les pays du G5 Sahel. Ils ont qualifié de ‘‘minorité’’ ceux qui demandent le départ des troupes françaises.

Le président nigérien, Mahamadou Issoufi, a été le premier  à donner son avis sur les manifestations contre la présence militaire dans son pays. Au micro de nos confrères de RFI et de France 24, le 19 décembre 2019, il déclare ainsi: «Ce n’est pas la base populaire qui s’exprime sur les réseaux sociaux. Ce n’est pas la base populaire qui s’exprime dans la rue. Ceux qui s’expriment dans la rue sont très, très minoritaires. Je ne vois pas de foule, en tout cas au Niger, en train de contester les alliances que l’on veut mettre en place pour lutter contre cette menace, qui est une menace planétaire…»

Quant au président malien, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), dans son adresse, à l’occasion du nouvel an 2020, s’est exprimé en ces termes «…Ce sentiment de gratitude est, j’en reste convaincu, celui de la majorité des Maliens.
Celle-ci ne saurait être confondue avec une minorité d’activistes, de francs-tireurs ou de forces centrifuges qui cherchent à faire feu de tout bois, y compris le jeu des terroristes.».

Le chef de l’État du Mali ne s’est pas arrêté là. À l’occasion de la présentation des vœux aux forces vives de la nation, il enfonce le clou en déclarant que ceux qui demandent le départ des forces étrangères sont les ennemis des Forces armés maliennes (FAMAs).

Les déclarations de ces deux (02) présidents dont les populations reprochent aux forces militaires françaises de ne rien faire pour combattre les terroristes et les djihadistes annoncent les couleurs de ce qui va être décidé à Pau contre ‘‘la minorité’’ d’agitateurs qui empêchent le président français Emmanuel Macron de dormir à poings fermés. Ibrahim Boubacar Keïta et Mahamadou Issoufi méprisent l’aspiration des peuples qui ne supportent plus l’occupation de leur pays par des armées étrangères. Et livrent aussi les manifestants à la merci de Macron qui n’attend que cette occasion pour prendre des mesures répressives, à travers leur président, contre ceux qui réclament dans les rues le départ de ses soldats. À leurs yeux, les forces françaises ont un autre agenda que celui de la lutte contre le terrorisme pour lequel elles ont été déployées dans les pays du G5 Sahel. Elles sont aussi accusées de soutenir les terroristes de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) avec laquelle elles ont fait d’une bonne partie du territoire malien un no man’s land dans lequel les responsables de ce mouvement terroriste s’adonne à toutes sortes de trafics.

Les Maliens ont de quoi dénoncé la présence des forces étrangères sur leur sol. Les faits sont là et patents. En juillet 2016, les responsables du  GATIA et de la Plateforme avaient dénoncé l’ingérence française en ces termes: «Les Français ont sauvé leurs protégés».

On se rappelle que le 27 avril 2015, la Plateforme avait pris Ménaka. Mais à la suite d’un arrangement sécuritaire, sous la pression de la médiation internationale, elle a été contrainte d’abandonner cette ville au profit de la CMA. Avec l’aide de ses soutiens occultes, la CMA récupère Anéfis d’où elle avait été chassée, en septembre 2015, par la Plateforme. Il a eu aussi les événements de Kidal. La Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), à la grande surprise, a délimité unilatéralement, le 18 août 2015, une zone de sécurité autour de Kidal pour empêcher le Groupe d’Autodéfense des touaregs imghads et alliés (GATIA) d’y pénétrer.

À ceux-ci s’ajoutent les attaques des positions des forces maliennes de défense et de sécurité par des terroristes sans que la force Barkhane avec des moyens militaires importants dont elle dispose n’apporte aucun soutien à celles-ci. Alors qu’elle doit être normalement aux côtés de l’armée malienne pour chasser les malfrats qui sèment terreur et désolation au sein de la population malienne.

Il est normal que face aux manœuvres politiciennes du président Macron qui consistent à créer le chaos au Mali que le peuple malien dans sa partie consciente se fasse entendre par la plus belle manière. Le président français supporte les manifestations de son peuple contre ses mesures impopulaires, mais ne souhaite pas que les Africains dénoncent la recolonisation de leur pays. Il a créé la confusion en déclarant que les présidents du G5 Sahel ont laissé propagé un sentiment anti français dans leur pays. Il n’y a pas de sentiment anti français au Mali encore moins dans les autres pays du G5 Sahel. Mais il y a plutôt une dénonciation de la politique française dans ces États qui consiste à piller les ressources naturelles avec la complicité de leurs mandibules africaines tapies dans l’ombre pour tirer les ficelles de leur maintien dans nos pays.

Il n’y aura pas de clarification à Pau. Les chefs de l’État du Niger et du Mali ont déjà clarifié leurs positions avant même le sommet de la clarification du 13 janvier. Le premier en décembre 2019 et le second, en janvier 2020. Toujours au micro des médias français, Mahamadou Issoufi  déclare «Je ne pense pas que l’on soit arrivé à la limite de Barkhane. Nous avons besoin de plus de Barkhane. Nous avons besoin de plus d’alliés. C’est ma conviction. Parce que, ceux qui critiquent la présence française ou la présence des alliés dans le Sahel oublient que, sans l’intervention de Serval, le Mali serait aujourd’hui sous le contrôle des terroristes ! Peut-être que le Niger aussi ! Alors, imaginons que Barkhane s’en aille… Cela va affaiblir notre lutte. Cela va affaiblir notre camp. Au profit de qui ? Au profit des terroristes ! Vous savez, on dit souvent qu’en matière de stratégie, une des meilleures stratégies, c’est de s’attaquer aux alliances de l’ennemi. Les terroristes s’attaquent à nos alliances.

Les terroristes veulent défaire nos alliances. Il ne faut pas qu’on joue le jeu des terroristes. Les terroristes cherchent des relais au sein des populations pour les aider à défaire ces alliances. Nous, on ne doit pas observer cela les bras croisés. On doit tout faire pour maintenir et renforcer nos alliances. C’est ce que nous sommes en train de faire. C’est ce que nous avons l’intention de continuer à faire.»

Le président IBK lui emboite les pas en ces termes: «Cependant, les Maliens gardent dans leur cœur, Damien Boiteux, le premier soldat français tombé sur le sol malien en janvier 2013 lors de la défense de Konna.
Ils gardent dans leur cœur tous les autres soldats, français, tchadiens, ou d’autres nationalités, qui ont payé de leur vie pour que les Maliens, eux, soient libres.
Du reste, tous les discours officiels de 2012 où nous n’étions pas encore aux affaires, à la date d’aujourd’hui portent témoignage de la solidarité sans précédent dont notre pays a bénéficié tout au long de sa crise.

Que tous nos partenaires trouvent ici l’expression de notre profonde gratitude pour leur fraternelle coopération: Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), Union africaine, MISMA, Serval, MINUSMA, Barkhane, Union européenne, OCI, coopération bilatérale, humanitaires prenant tous les jours des risques pour porter assistance aux populations ou pour ouvrir de nécessaires canaux de dialogues avec ceux que le seul dialogue permettra de récupérer. Ce sentiment de gratitude est, j’en reste convaincu, celui de la majorité des Maliens.
Celle-ci ne saurait être confondue avec une minorité d’activistes, de francs-tireurs ou de forces centrifuges qui cherchent à faire feu de tout bois, y compris le jeu des terroristes
».

Chez IBK et Mahamadou Issoufi, les choses sont claires. Ils ont abandonné leur peuple pour se ranger du côté de Macron qui les entend de pieds fermés à Pau. Les positions de ces deux (02) chefs d’État étant déjà connues avant même le sommet de la clarification, il ne s’agira plus qu’à prendre des mesures répressives contre des manifestants qui demanderont le départ des militaires français des pays du G5 Sahel.

Ces deux (02) présidents, habitués aux méthodes musclées contre leur peuple, viendront renforcer de Pau avec d’autres mesures pour mater ceux qui vont critiquer la politique de Macron dans leur pays. Après Pau, ce qui est sûr, rien ne sera plus comme avant.

Yoro SOW

 

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