Conséquence de la crise au centre du pays selon Ocha-Mali : 312 000 personnes sont en situation de crise ou d’urgence alimentaire

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22 % des 170 milliards Fcfa recherchés à travers l’appel de fonds humanitaire pour 2019 sont mobilisés à ce jour

Le Bureau de la Coordination des Affaires humanitaires des Nations Unies (Ocha)-Mali a publié son rapport sur les violences perpétrées dans le cercle de Bandiagara, notamment dans les localités de Sobane-Da et Djoumba-Peulh. Selon l’organisation, plus de 312 000 personnes sont en situation de crise ou d’urgence alimentaire dont 256 000 personnes à Mopti et 56 000 personnes à Ségou, soit 56% de la population touchée dans le pays. Aussi, elle estime que seulement 22 % des 170 milliards de Fcfa recherchés à travers l’appel de fonds humanitaire pour 2019 sont mobilisés à ce jour.

Selon le rapport, dans la nuit du 9 au 10 juin, des individus armés non-identifiés ont encore attaqué le village de Sobane-Da, situé à 43km au nord-est de la ville de Bandiagara. Et de poursuivre que lors de cette attaque, 35 personnes, dont 24 enfants, ont été tuées tandis que 60 autres sont toujours portées disparues, selon un communiqué du Gouvernement du 12 juin.

Au total, précise le rapport, 9 blessés dont 4 enfants ont été enregistrés selon la même source. En outre, déplore l’Ocha-Mali, une vingtaine de cases et une trentaine de greniers ont été incendiées. “Le village de Sobane-Da comptait environ 429 personnes avant l’attaque. Plus de 330 personnes parmi les rescapés se sont déplacées vers le cercle de Koro. Une autre attaque s’est produite dans le village de Djoumbo-Peulh, dans le cercle de Bandiagara, le 10 juin. Cette attaque a entrainé le déplacement d’environ 500 personnes dont 310 enfants vers Sévaré”, a ajouté le rapport de l’Ocha-Mali.

A en croire l’organisation, depuis le 10 juin, plusieurs missions des autorités maliennes ont rendu visite aux personnes affectées pour s’enquérir de la situation et évaluer leurs besoins. Et de souligner que, le 12 juin, les organisations humanitaires intervenant dans la région de Mopti ont aussi effectué une mission d’évaluation rapide des besoins à Sobane-Da pour mieux adapter leurs actions à la réponse fournie par le Gouvernement. “Bien que la violence de l’attaque du village de Sobane-Da soit singulière, cette dernière est malheureusement un exemple parmi une multitude d’autres de la détérioration de la situation dans le centre. Depuis plusieurs mois, les incidents sécuritaires dans la région de Mopti sont récurrents et continuent d’affecter de plus en plus de civils”, a indiqué le rapport de l’organisme.

Aux dires de l’organisation, les populations sont parfois réticentes à l’idée de se déplacer à cause de l’insécurité, limitant fortement l’accès aux soins de santé de base et impactant durement les conditions de vies parce que la crise humanitaire provoquée par les conflits a atteint aujourd’hui un seuil alarmant et sans précédent.

Evoquant les conséquences, l’Ocha-Mali dira que celles-ci combinées aux besoins humanitaires inhérents à la période de soudure agricole actuelle créent une augmentation du nombre de personnes ayant besoin d’assistance d’urgence dans le centre du pays. En effet, selon les analyses du Cadre harmonisé de mars 2018, plus de 312 000 personnes sont en situation de crise ou d’urgence alimentaire à Mopti (256 000 personnes) et Ségou (56 000 personnes), soit 56% de la population touchée dans le pays.

En outre, mentionne le document, plus d’un million de personnes dans le centre sont à risque d’insécurité alimentaire et pourraient basculer dans la phase de crise ou d’urgence au moindre choc. Aussi, les ressources financières disponibles restent très limitées face aux besoins humanitaires croissants. Pour l’organisation, seulement 22 % des 296 millions de dollars soit près de 170 milliards de Fcfa recherchés à travers l’appel de fonds humanitaire pour 2019 sont mobilisés à ce jour.

Dans le chapitre des besoins humanitaires, il estime que la plupart des personnes qui ont survécu à cette attaque restent traumatisées et réclament une meilleure protection. Et la plupart d’entre elles ont besoin d’un suivi psycho-social pour se remettre des actes de violence vécus. “Des soins de santé, des vivres, des biens non alimentaires (habits, ustensiles de cuisine, kits de dignité, couchettes…), de l’eau potable et des produits d’hygiène et d’assainissement ainsi que des abris ont été identifiés comme les besoins prioritaires des rescapés et des personnes déplacées à la suite des évaluations rapides conduites par les autorités maliennes et les partenaires humanitaires”, a-t-il ajouté.

Dans le cadre de l’assistance fournie, l’Ocha-Mali laisse entendre que les personnes blessées sont prises en charge sur les plans médical et alimentaire dans les structures sanitaires par l’Etat avec l’appui des partenaires humanitaires tels que l’Oms, l’Unicef, la Coopi et le Pam. “Le Gouvernement a mobilisé cinq tonnes de vivres pour les rescapés et les personnes déplacées internes de Sobane-Peulh. L’Association Dogon Initiative a distribué des vivres à 108 personnes déplacées internes dans le cercle de Koro”, peut-on lire dans le rapport. Selon l’Ocha-Mali, l’Unicef, l’Oim et le Hcr se sont positionnés pour apporter une assistance en tentes. Ainsi, l’Unicef prévoit également de fournir des kits d’hygiène et des kits scolaires aux personnes affectées. “Le 13 juin, le Pam a assisté 501 personnes déplacées qui sont dans la ville de Sevaré, regroupés dans 89 ménages. Une ration alimentaire de 10 jours de vivres (légumineuses, huile, sel et biscuits énergétiques) a été distribuée à ces personnes déplacées à la suite de l’attaque du village de Djoumbo-Peulh”, a conclu le rapport.                                                                 

  Boubacar PAÏTAO

 

 

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