Pour expliquer la cause des conflits dans le sahel, plusieurs analystes établissement des liens avec le réchauffement climatique. Dans leur Briefing du vendredi 24 avril 2020, l’international Crisis Group fait comprendre que ce facteur n’est point le plus déterminant.
« [ndlr] ce n’est pas parce qu’ils viventsur des espaces de plus en plus pauvres que les ruraux du Sahel s’opposent les unsaux autres », lit-on dans le Briefing du vendredi 24 avril de l’international Crisis Group. Selon ce groupe international d’analyse, les conflits au sahel central ne sont pas strictement dus au réchauffement climatique. Le facteur le plus déterminant de ces conflits est la course aux ressources disponibles.
Dans ce Briefing, ce groupe international indique d’ailleurs que « Les politiques de développement, si elles partent du postulat que la raréfactiondes ressources conduit automatiquement à une flambée des violences, risquent deformuler des réponses inadaptées à la mutation profonde des systèmes agropastoraux. » Le Crisis Group insiste que le changement climatique ne saurât aucunement servir d’explication fondamentale de « la montée de l’insécurité » dans le sahel central.
Comme cause supplémentaire de ces conflits, le Crisis Group souligne qu’« Au Sahel central,les politiques publiques favorisent depuis longtemps les agriculteurs sédentaires audétriment des éleveurs nomades, phénomène dont il faudrait se soucier. » Ce n’est pas tout, il note également la politique de modernisation des économies, mais aussi de la multiplication des ressources sans mettre en place des garde-fous pour gérer les conflits que celles-ci pourraient engendrer.
« [ndlr] la priorité accordéepar l’État malien à la modernisation de son économie agricole et à l’autosuffisancealimentaire a globalement avantagé les agriculteurs par rapport aux éleveurs », lit-on dans ce Briefing qui laisse comprendre que ces inégalités créées par les autorités politiques deviennent des sources de conflits qui dépassent les responsables.
En ce qui concerne la modernisation des économies ou encore de la multiplication des ressources, il faudrait noter qu’avec l’utilisation des produits chimiques qui détériorent la productivité des sols, les paysans se voient dans l’obligation de s’accaparer de nouvelles terres. Une tentative qui aboutit le plus souvent à des conflits.
Pour sortir de ce labyrinthe, il ne suffit point d’attribuer ces conflits uniquement au réchauffement climatique. Selon le Crisis Group, il convient de changer d’angle d’analyse. Car « La multiplication des conflits dansla région est moins liée à la diminution des ressources disponibles qu’à la transformation des systèmes de production qui génèrent des compétitions mal régulées autour de l’accès aux ressources — en particulier foncières — de plus en plus convoitées. » Un aspect qu’il est possible de constater dans la région de Mopti au Mali, épicentre des conflits au centre du Mali depuis 2015. Dans cette localité, les compétitions autour de l’accès à la Bourgou ne sont pas un secret de polichinelle.
Fousseni Togola