Conférence internationale sur le nord : Intox au sommet

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L’idée du président Touré d’organiser une rencontre au sommet sur la Bande sahélo saharienne est en train d’être récupérée par certains de ses pairs protégés de Sarkozy. En outre, Paris veut imposer la participation du MNLA à cette rencontre. Que veut enfin la France ?


Mardi dernier, répondant aux questions de Christophe Boisbouvier, journaliste de RFI, le président béninois, Yayi Boni, a évoqué la possible tenue d’une conférence régionale sur la paix, la sécurité et le développement dans la bande sahélo saharienne. Selon Yayi Boni, cette rencontre est un projet du chef de l’Etat tchadien, Idrisse Déby. Une participation du MNLA a également été évoquée. Des remarques s’imposent.
La tenue d’une telle conférence au sommet est le projet et la volonté du président Amadou Toumani Touré depuis 2008. Il a soumis cette idée à tous ses pairs des pays du champ. Et si le projet n’a jamais pu voir le jour, c’est parce que des esprits particulièrement retors et vicié, pour des raisons faciles à deviner, n’ont jamais voulu lui reconnaitre le mérite d’avoir pensé avant eux, et, surtout n’ont jamais toléré que certains autres pays soient associés au projet. Aujourd’hui, cette initiative, qui ne peut avoir été prise que dans un pays libre et souverain, non inféodé à la France comme le Bénin ou le Tchad, est récupérée par les protégés de la métropole. Mais même si personne ne se trompe sur l’origine d’une telle initiative impropre au cogito d’un dictateur et ancien ( ?) chef de guerre comme Déby, même si on lui vole son idée à ATT, le chef de l’Etat sera le dernier à revendiquer la paternité de l’idée ou de quoi que ce soit, pourvu que la conférence se tienne et qu’elle soit porteuse.
En revanche, il est exclu que le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) participe à cette rencontre comme semble le suggérer la France et ses Yayi Boni. A quel titre le MNLA prendra-t-il part à ces assises ?
Le MNLA n’est pas un mouvement populaire et n’est composé que de quelques centaines d’aventuriers dont personne n’est sûr qu’ils soient tous de nationalité malienne. Il n’a aucune légitimité peinant à s’aliéner l’adhésion des habitants des trois régions concernées par son projet. Ils n’agissent pas dans la légalité ayant préféré prendre les armes plutôt que de poser des revendications dans un pays où existent des tribunes d’expression démocratique. En somme, ils ne représentent personne, pas même leurs propres communautés de base qui les renient.
En outre qui ira le représenter à une table de concertation, ici à Bamako ou ailleurs ? A supposer qu’il y ait des rescapés, les autorités maliennes ne doivent jamais s’asseoir à la même table qu’eux. Parce que sous la pression de la grande amie, la France, elles pourraient être tentées, encore une fois, de les intégrer dans les forces armées et de sécurité et dans l’administration. Or il est avéré que ces individus sont avant tout des criminels infréquentables. En Libye, ils étaient des mercenaires en quête d’argent nécessaire à se procurer des armes qu’ils ont retournées contre leur propre pays, manipulés par des mains extérieures. Ils ne sont que quelques centaines, mais une fois revenus, ce sont des criminels qui ont attenté à la paix et à la stabilité dans lesquelles vivaient des centaines de milliers de personnes. Celles-ci sont aujourd’hui contraintes à l’exil. Le pays est divisé. Et la voie est ouverte aux traditionnels négociateurs et médiateurs qui avaient auparavant tiré les ficelles.
Mais cette fois-ci, pas question de négocier. La France peut déjà chercher un autre interlocuteur à ses amis du MNLA. Ou de ce qu’il en restera quand l’armée se sera lassée d’écraser de la vermine.
Cheick Tandina

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1 commentaire

  1. Si nous avons entendu le meme message de Yayi sur RFI, il n’y a mentionné nulle part une possible participation des bandits à la conference.

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