«La géopolitique des crises change, de nouvelles menaces émergent en Afrique. Le continent fait face à une menace géostratégique marquée par les conflits, la criminalité, le trafic et le terrorisme fondamentaliste». C’est sur ce constat que l’ASEAF (Association des Stagiaires et Etudiants Africains en France), en partenariat avec la Fondation Gabriel Péri, a organisé cette conférence le vendredi 13 juin 2014, dans la salle 6217 de l’Assemblée nationale, à Paris. De nombreuses personnalités étaient invitées à donner leur point de vue et proposer des pistes concrètes «pour favoriser la sécurité et l’émergence de l’Afrique». Les panels de l’après-midi devaient se concentrer sur «l’Afrique, face à l’intégrisme ; et l’Afrique et la guerre contre le terrorisme».
Anne Giudicelli, fondatrice de TERR(o) RISC, structure spécialisée sur le risque politico-sécuritaire en Afrique et au Moyen-Orient, a rappelé que le terrorisme est à géométrie variable puisque tout dépend de qui l’utilise, et dans quel contexte politique national et international il émerge. Le Colonel Auguste Barry, conseiller technique du ministère de la Défense du Burkina Faso, a effectivement appelé à s’interroger à chaque fois sur les acteurs du terrorisme. Sont-ils étatiques, non étatiques, ou opposants à un régime dictatorial ? Tous utilisent la violence pour imposer une tendance, une idéologie, qu’elle soit politique ou religieuse. Les terroristes considèrent leurs actes légitimes, puisqu’ils se voient comme des combattants pour la liberté, telle qu’ils la définissent.
Le Dr. Brice Mankou, sociologue, a souligné qu’au moment où l’émergence économique de l’Afrique est médiatisée, l’immense majorité des populations demeure privée de ses besoins humains fondamentaux, à savoir, la santé, la sécurité alimentaire et l’éducation. Cela fait naître des sentiments de désespoir et d’injustice, alors que passent les 4X4 rutilants de ceux qui, en toute impunité, les abandonnent à l’insécurité et au dénuement.
La pauvreté n’est bien sûr pas la source du terrorisme, mais c’est un des leviers sur lesquels l’extrémisme violent s’appuie. Lorsqu’il n’y a aucune perspective de vie meilleure, surtout pour les jeunes, les promesses faites au nom d’une idéologie peuvent, de fait, exercer une fascination. Selon l’écrivain Michaël Kamgaing Sidze, les inégalités socio-économiques Nord-Sud font également le terreau des terrorismes, car ces mouvements pointent les inégalités et attisent la haine envers l’Occident afin d’attirer de nouvelles recrues.
Les pays très industrialisés brandissent depuis longtemps leurs propres valeurs morales alimentant ainsi la propagande des groupes fanatisés qui les considèrent justement comme immorales. Depuis des années, des régimes du Sud sont soutenus ou abattus par les puissances néolibérales du Nord qui, ne voyant que leur intérêt, préfèrent ignorer les conséquences tragiques que cela entraînera. Les répercussions de l’intervention en Libye sont connues de chacun. Samuel Laurent, auteur de «Sahélistan, de la Libye au Mali : au cœur du nouveau djihad», en a brossé une analyse sans appel. En trois ans, cette intervention a fait imploser le pays, ouvert le septentrion malien aux groupes armés, et transformé la Libye en brasier jihadiste. Au moment où l’Irak sombre, l’Afrique subit une terreur d’une rare violence, alimentée en armements par le fruit des narcotrafics et des prises d’otages, et tout ça au nom d’un prétendu jihad.
Les actes terroristes revendiqués par Boko Haram au Nigéria et dans le nord du Cameroun, avec le risque de les voir aller se nicher en RCA déjà en proie à une crise sécuritaire majeure, en sont le tragique exemple actuel. Mezri Haddad, philosophe et ancien ambassadeur de Tunisie auprès de l’Unesco, a qualifié les pays qui soutiennent le terrorisme d’islamo-fascistes. Il a dénoncé qu’on accepte de pactiser avec eux pour certaines choses, alors qu’on sait qu’ils sont pourvoyeurs du terrorisme qu’on prétend combattre ailleurs. Il a insisté sur le fait qu’il considère que les interventions de l’Occident sont toujours décidées dans un esprit impérialiste et colonialiste, ajoutant que rien n’a jamais été fait nulle part, depuis la nuit des temps, sans qu’il n’y ait eu des visées d’intérêts.
Marie-Reine Hassen, ancienne ministre, et présidente du MRC Centrafrique (Mouvement pour le Rassemblement et le Changement), a reconnu que malgré la multitude de débats, mesures et recommandations sur la sécurité, malgré les millions de dollars dépensés en Afrique comme en Occident, rien n’a jamais été appliqué, et que rien n’a empêché son pays de sombrer dans le chaos. Elle estime que sans volonté politique réelle, rien n’aboutira, et qu’il est temps de passer des paroles aux actes.
Anne Giudicelli a soulevé la question de savoir qui sont les réels bénéficiaires des financements internationaux alloués pour lutter contre le terrorisme que rien ne semble pouvoir enrayer. Ceux qui, en Occident, accordent les fonds, cherchent-ils ainsi à consolider leur ingérence dans les affaires locales ? Ceux qui sont aux commandes des pays récipiendaires ferment-ils les yeux sur certaines pratiques pour préserver les profits personnels qu’ils peuvent tirer de cette manne ?
Malgré quelques échanges houleux, les intervenants étaient tous d’accord sur l’urgence pour chaque pays de verrouiller ses frontières afin d’empêcher tout trafic ; pour les sociétés civiles de veiller à l’application des politiques de lutte contre la corruption officiellement déjà mises en œuvre ; pour les Etats de s’occuper enfin du développement humain de leurs citoyens.
À la menace globale du terrorisme, il faut apporter des solutions locales qui émergeront de l’implication dans le processus de lutte de toutes les populations de proximité, de tous les chefs traditionnels dont le rôle reste incontestable et incontesté dans les villages, et de toutes les femmes qui sont les véritables piliers des sociétés africaines.
Françoise WASSERVOGEL
je vous en prie vous les produits vous passez paris va accélérer le développement en Afrique mais il ne faut insulte notre conscience paris est à la base de tout les problèmes africains maudit la France.
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