Le président burkinabé Blaise Compaoré a appelé à renforcer les échanges d’informations en Afrique après le carnage commis dans un centre commercial de Nairobi, en soulignant les « liens » entre certains groupes terroristes.
« Il est possible qu’il y ait des passerelles, des liens entre tous ces groupes », a déclaré M. Compaoré dans un entretien à l’AFP, avant de s’exprimer mercredi devant l’Assemblée générale des Nations Unies à New York.
« Au delà du Sahel, nous devons commencer à renforcer aussi les échanges d’information, les renseignements avec les autres régions, que ce soit l’Afrique centrale (…) et jusqu’à cette région d’Afrique orientale », a ajouté le président burkinabé.
Au moins 67 personnes ont été tuées et 175 autres blessées dans le siège d’un centre commercial huppé de Nairobi, la capitale du Kenya, attaqué samedi dernier par une quinzaine d’islamistes. L’attaque, revendiquée par les shebab somaliens, s’est terminée mardi soir.
M. Compaoré, médiateur dans la crise malienne, a par ailleurs appelé à la vigilance au Mali, tout en estimant que la guerre y était « terminée ». « Ces mouvements maliens qui revendiquaient l’indépendance ou la charia ont adhéré aux principes républicains, à savoir d’abord, aller aux élections, permettre au Mali de désigner un président légitime », a-t-il déclaré.
« Mais pour ceux qui sont partis, qui n’étaient pas Maliens, il faut malgré tout montrer de la vigilance », a-t-il ajouté, les qualifiant de « terroristes ».
Sous l’égide de M. Compaoré, nommé médiateur par l’Afrique de l’Ouest dans la crise malienne, un accord préliminaire a permis l’organisation d’une élection présidentielle en juillet et août dernier sur tout le territoire malien y compris à Kidal, ville du Nord-Est du Mali occupée par les Touareg après l’intervention française qui a chassé les djihadistes de la région en janvier dernier.
Evasif sur la fin de son mandat
M. Compaoré est également revenu sur la Centrafrique, pour laquelle le président français François Hollande a poussé mardi « un cri d’alarme » à la tribune des Nations Unies, réclamant un renforcement de la force panafricaine existante.
« Nous avons certainement, après ce cri d’alarme, à imaginer peut-être une grande conférence internationale pour voir comment gérer cela, dans l’intérêt de la paix dans le monde », a déclaré M. Compaoré. « Je pense que cela doit être fait le plus rapidement possible », a-t-il ajouté, évoquant la question du « financement de ces engagements ».
« Le Darfour, la Somalie où il y a d’autres forces de la région, plus la Guinée Bissau, et bientôt la Centrafrique, le Congo RDC, cela commence à être effectivement assez lourd pour les Etats comme pour la communauté internationale », a déclaré le président burkinabé.
En politique intérieure, interrogé sur la fin de son mandat en 2015 et ses intentions futures, M. Compaoré, 62 ans, à la tête du pays depuis 1987, est resté évasif: « J’ai été élu sur la base d’un programme, et mon souci c’est de tout faire pour exécuter tout ou une grande partie de mon programme ».
La question de savoir s’il va se représenter ou non est « un sujet intéressant, mais (…) on est encore trop loin (…) Je ne crois pas que ce soit le premier souci », a-t-il ajouté.
Et il a une fois encore défendu la création d’un Sénat, qui selon lui « ne peut que donner plus de forces à nos institutions » en associant des « forces sociales essentielles pour notre société » qui ne le sont pas actuellement.
Il a rejeté l’idée de pouvoir ainsi modifier l’article 37 de la Constitution pour pouvoir se représenter. « Pour modifier la Constitution, je n’ai pas besoin de créer d’autres institutions », a-t-il affirmé.