Circulation routière ou circulation mortuaire ?

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Au moment où le Mali organise la 7è édition de la semaine nationale de la sécurité routière, la circulation routière reste la principale cause décès. Surtout, celui des jeunes, l’espoir de demain.

Les accidents de la circulation constituent la principale cause de décès dans le monde au Mali. Pas un jour sans qu’une famille ne soit endeuillée. Si ce n’est pas un véhicule de transport qui finit sa course dans un ravin tuant des dizaines de passagers, ce sont des jeunes, circulant à moto, les « laharatas » comme on les appelle, qui se font écraser par les « sotrama », sans frein, ni loi.

Le code de la … déroute

Les causes de l’insécurité routière sont variées. Elles sont nombreuses et diverses. Un rapport de la Direction Nationale des Transports Terrestre Maritime et Fluviale, indique que l’insécurité routière en Afrique a un lien avec le développement urbain. En Afrique le développement urbain est synonyme de développement spectaculaire de motorisation ; lequel développement, ajouté à la forte croissance démographique, sont autant de facteurs qui contribuent à la multiplication des risques liés à l’usage de la route. Aussi, l’inadéquation des infrastructures de transport, la pratique des transports mixtes (surtout dans les campagnes), la vétusté des moyens de transports et le non- respect des consignes de sécurité et des contrôles techniques des véhicules, l’excès de vitesse sont les principales causes des accidents de la route. S’y ajoutent, le non- respect du code de la route ou sa méconnaissance. « Au Mali on a l’impression que le respect du Code de la Route est synonyme de faiblesse chez les usagers de la route » déplore un agent de police sollicité pour faire le constat d’un accident. « Comment voulez- vous qu’il n’y ait pas d’accident, quand les permis de conduire sont devenus un fonds de commerce pour certains agents de l’office nationale des transports (ONT) » se plaint, un motocycliste qui failli se faire écraser par un jeune circulant à bord d’une grosse cylindrique. Si au Mali, l’indiscipline en est pour beaucoup dans les accidents de la route, en Europe 20% des accidents de la route sont attribués à la fatigue, l’endormissement et à l’alcoolisme.

Macabre comptabilité

Selon un rapport de l’Organisation Mondiale de la Santé intitulé « les jeunes et la sécurité routière », les accidents de la route font 50 millions de victimes par ans. Ils tuent 1,3 million de personnes, dans le monde chaque année, et en blessent 40 fois plus. Le nombre des tués atteindra, 2,4 millions en 2030 indique le rapport. Les pays pauvres restent les plus touchés avec 90% de cas de décès. Selon le même rapport, la Russie détient le record du monde des accidents de la route avec 35 000 morts par an. En France, le nombre de victimes des accidents de la route est en baisse, à cause des mesures sécuritaires prises par les autorités. Le nombre de tués sur les routes de France est passé de 16 000 victimes en 1972 à 3994 en 2010.

Au Mali, il est difficile de chiffrer les victimes de la circulation, faute de statistiques fiables. Mais les chiffres de l’Agence Nationale de Sécurité Routière (ANASER) font état de 10 730 victimes et 700 tués sur les routes du Mali en 2010. La même source indique que 60% de ces victimes sont des usagers d’engins à deux roues.

Conséquences sur le développement économique

Les accidents de la route ont de graves conséquences sur le développement socio-économique d’un pays. Il s’avère, malheureusement, que ce sont les jeunes considérés, comme l’espoir de demain, qui en payent le prix fort. Plus de 400 000 jeunes de moins de 25 ans, selon l’OMS, meurent, chaque année, sur les routes à travers le monde. Des millions d’autres jeunes sont blessés ou handicapés à vie.

Le coût des accidents de la circulation (toutes catégories confondues) est estimé, selon l’OMS, à plus de 500 milliards de dollars US. Cette somme englobe le coût du préjudice matériel, des soins de santé et d’autres dépenses. Dans la plupart des pays à revenus faibles, le coût des accidents représente entre 1% et 1,5% du Produit National Brut (PNB).Les conséquences liées aux accidents ralentissent le développement social et économique des pays.

Comment limiter alors les accidents de la route et leurs conséquences ? Les accidents de la circulation sont considérés, aujourd’hui, comme un problème de santé publique. Aussi, ils paralysent la croissance économique et sociale. Cette situation exige l’implication de la communauté internationale dans la recherche des voies et moyens afin de minimiser les tragédies sur les routes.

La sécurité routière : une priorité des autorités maliennes

Conscientes des conséquences des accidents de la route, les autorités maliennes ont inscrit la sécurité routière dans leurs priorités. « Je déplore le fait que les populations soient privées de sommeil à cause de la route qui ne cesse de tuer », a indiqué le Pr Dioncounda Traoré, président de l’Assemblée nationale. C’était, le 4 avril dernier, à l’ouverture de la session parlementaire. De plus en plus, les autorités maliennes multiplient les initiatives. Afin de réduire les accidents de la route et leurs conséquences. Il s’agit, entre autres, de la création de nouvelles structures (ANASER par exemple), l’amélioration des infrastructures routières. Rappelons que des campagnes et caravanes de sensibilisation sont fréquemment organisées par le département de tutelle et des associations. Aussi, des semaines entières sont dédiées à la sécurité routière. La croisade contre l’insécurité routière, au Mali, doit passer aussi, par la répression des infractions routières, le respect strict des lois régissant la circulation. La lutte contre l’insécurité routière exige des moyens techniques et financiers. Mais aussi, une volonté politique clairement affichée. Le ministre des Transports et de l’Equipements Ahmed Diane Sémega est formel : « Les accidents de la circulation ne sont pas une fatalité. Nous devons y faire face, en rejetant l’idée qu’ils sont inévitables et adopter une approche préventive dynamique ». C’était le 22 avril dernier, au lancement de la 7è édition de la semaine nationale de la sécurité routière. Un message qui semble, hélas, tomber dans l’oreille d’un sourd.

Abou Berthé

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