Chute de Bachar Al-Assad : Leçons pour les pays sahéliens

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Le pouvoir de Bachar el-Assad, soutenu par la Russie depuis des années, s’est effondré dimanche en Syrie face à l’offensive fulgurante de groupes rebelles menés par des islamistes radicaux, qui a mis fin à un demi-siècle de règne sans partage du clan Assad.

Depuis l’annonce de la chute de Bachar el-Assad, observateurs, commentateurs et spécialistes en relation internationale appellent les pays sahéliens à tirer toutes les leçons de l’échec des Russes en Syrie.

Comme disent les historiens, il n’y a pas mieux que l’histoire. On le savait depuis quelques années déjà, mais on ne voulait pas y croire, pensant que la Russie ne laisserait jamais faire. Pourtant l’histoire vient de se répéter.

Après la reprise d’août 2021 de l’Afghanistan sous le nez des Etats-Unis par les talibans occasionnant l’effondrement du régime d’Ashraf Ghani souvenu militairement et financièrement par Washington   depuis 20 ans. Dimanche dernier, c’est avec stupéfaction que le monde a assisté à l’effondrement du pouvoir de Bachar el-Assad soutenu par la Russie de Vladimir Poutine depuis 13 ans.

A peine dix jours d’offensive fulgurante de groupes rebelles menés par des islamistes radicaux, le régime de Bachar el-Assad s’est littéralement effondré mettant ainsi fin à un demi-siècle de règne sans partage du clan Assad.

En effet, depuis le début du Printemps arabe en 2011, Bachar Al Assad est le seul dirigeant arabe à avoir résisté au vent de contestation qui a emporté Kadhafi en Libye, Zine El Abidine Ben Ali en Tunisie, Hosni Moubarak en Égypte et Ali Abdallah Saleh au Yémen.

Ce dernier a pu compter sur le soutien notamment politique et militaire de la Russie, de l’Iran et du Hezbollah libanais.

Aujourd’hui au regard de la conjoncture internationale défavorable, tout s’est effrité comme un château de cartes.

Dans ce thriller géopolitique, il n’y a pas d’amis, seulement des intérêts permanents. L’affaiblissement du Hezbollah, l’arrivée d’un nouveau dirigeant en Iran et la concentration de la Russie sur l’Ukraine ont été des facteurs accélérateurs de la chute du régime en Syrie. Voilà, Bachar el-Assad a été renversé car il n’a pas pu empêcher l’offensive éclair des groupes islamiques qui ont pris une à une les principales villes du pays en commençant par Alep jusqu’à entrer dans Damas sans rencontrer une véritable résistance.

Pour les géo politologues, la chute de Bachar el-Assad ne signifie pas incontestablement la naissance d’une nouvelle ère de liberté, de paix et de démocratie, ni même peut-être la fin de la guerre et Poutine a été face à la realpolitik.

Avec sa chute, la Russie est en train de perdre d’office, en Syrie deux bases militaires. Il s’agit de la base  navale Tartous et la base aérienne de Hmeimim. D’ailleurs selon plusieurs, ce sont ces bases qui permettaient à la Russie de se projeter vers l’Afrique, notamment vers les pays sahéliens.

Depuis l’annonce de la chute de Bachar el-Assad, observateurs et spécialistes en relation internationale appellent les dirigeants des pays sahéliens à tirer toutes les leçons de l’échec des Russes en Syrie pour éviter un tel scénario au Sahel en proie au djihadisme.

“Au Sahel, la Russie et la Turquie sont alliées. La Turquie semble avoir joué un rôle déterminant pour rééquilibrer les positions et lâcher Assad. Seuls les intérêts des puissances engagées en Syrie ont primé. Le seul perdant est Assad et, peut-être le peuple Syrien qui doit encore se battre pour éviter des scénarios déjà vécus ailleurs”, analyse cet observateur.

“Ce qui vient de se produire en Syrie peut se reproduire au Sahel. Aujourd’hui, la Russie est fortement engagée au Mali dans lutte contre le terrorisme et la rébellion. Si d’aventure elle décide de se retirer comme elle l’a fait en Syrie, ça serait une catastrophe pour les pays sahéliens. C’est pourquoi j’interpelle les dirigeants sahéliens à tirer les leçons de ces métastases du cancer terroriste syrien en adoptant une stratégie nationale pour lutter contre le terrorisme au Sahel. Le Sahel est devenu un terrain de géopolitique et géostratégique par excellence. D’autres puissances peuvent s’appuyer sur ces groupes terroristes pour renverse la tendance qu’on n’a vu en Syrie”, explique un spécialiste en lutte contre le terrorisme.

Ousmane Mahamane

Commentaires via Facebook :

5 COMMENTAIRES

  1. J’alerte à nouveau sur le fait que l’Ukraine et donc les Occidentaux qui la soutiennent sont impliqués directement dans la guerre en Syrie auprès de HTS et des groupes armées terroristes. Ils, les Ukrainiens et les Occidentaux, soutiennent en Syrie le terrorisme comme ils ont soutenu et soutiennent toujours le terrorisme au Mali et en Afrique.

    Le journal américain The Washington Post a publié, le 10 décembre 2024, un article très documenté sur l’implication directe de l’Ukraine dans le soutien militaire aux groupes terroristes en Syrie.

    L’article est disponible en ligne ici : “Syrian rebels had help from Ukraine in humiliating Russia” / https://www.washingtonpost.com/opinions/2024/12/10/ukraine-syria-russia-war/

    Je communique ci-dessous pour le public malien une traduction automatique Google en français de cet article.

    The Washington Post

    “Opinion

    David Ignatius

    Les rebelles syriens ont bénéficié de l’aide de l’Ukraine pour humilier la Russie

    Désireux de saigner le nez de Poutine, Kiev a fourni des drones pour l’offensive qui a renversé Assad.

    December 10, 2024 at 7:13 p.m. EST

    Les rebelles syriens qui ont pris le pouvoir à Damas le week-end dernier ont reçu des drones et d’autres soutiens de la part des services de renseignement ukrainiens qui cherchaient à affaiblir la Russie et ses alliés syriens, selon des sources proches des activités militaires ukrainiennes à l’étranger.

    Les services de renseignement ukrainiens ont envoyé il y a quatre à cinq semaines environ 20 opérateurs de drones expérimentés et environ 150 drones à vue directe au quartier général des rebelles à Idlib, en Syrie, pour aider Hayat Tahrir al-Sham (HTS), le principal groupe rebelle basé là-bas, ont déclaré des sources bien informées.

    L’aide de Kiev n’a joué qu’un rôle modeste dans le renversement du président syrien Bashar al-Assad, estiment des sources des renseignements occidentaux. Mais cela s’inscrit dans le cadre d’un effort plus large de l’Ukraine visant à frapper secrètement les opérations russes au Moyen-Orient, en Afrique et à l’intérieur même de la Russie.

    Le programme d’assistance secrète de l’Ukraine en Syrie est un secret de polichinelle, même si de hauts responsables de l’administration Biden ont déclaré à plusieurs reprises, en réponse à mes questions, qu’ils n’en étaient pas au courant. La motivation de l’Ukraine est évidente : face à une attaque russe à l’intérieur de leur pays, les services de renseignement ukrainiens ont cherché d’autres fronts sur lesquels ils peuvent saigner la Russie et affaiblir ses clients.

    Les Ukrainiens ont annoncé leurs intentions. Le Kyiv Post, dans un article du 3 juin, a cité une source du service de renseignement militaire ukrainien, connu sous le nom de GUR, qui a déclaré au journal que « depuis le début de l’année, les rebelles [syriens], soutenus par des agents ukrainiens, ont infligé de nombreux frappes contre les installations militaires russes représentées dans la région.

    Cette histoire, publiée en ligne, comprenait un lien vers des séquences vidéo montrant des attaques contre un bunker en pierre, une camionnette blanche et d’autres cibles qui, selon elle, avaient été frappées par des rebelles soutenus par l’Ukraine en Syrie. Le journal indique que l’opération en Syrie a été menée par une unité spéciale connue sous le nom de « Khimik » au sein du GUR, « en collaboration avec l’opposition syrienne ».

    Les responsables russes se plaignent depuis des mois des efforts paramilitaires ukrainiens en Syrie. Alexandre Lavrentiev, représentant spécial de la Russie pour la Syrie, a déclaré dans une interview accordée en novembre à TASS : « Nous disposons effectivement d’informations selon lesquelles des spécialistes ukrainiens de la Direction principale du renseignement d’Ukraine se trouvent sur le territoire d’Idlib. »

    Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov avait fait une déclaration similaire en septembre à propos des « émissaires des services de renseignement ukrainiens » à Idlib. Il a affirmé qu’ils menaient des « sales opérations », selon le journal syrien Al-Watan, qui affirmait que le lieutenant-général Kyrylo Budanov, chef du GUR, avait été en contact personnel avec le HTS.

    Avant que l’offensive du HTS ne renverse Assad, les responsables russes avaient affirmé que les liens de l’Ukraine avec le groupe rebelle étaient une tentative de recruter des combattants syriens pour sa guerre contre le Kremlin. Un article publié en septembre sur un site en ligne appelé The Cradle affirmait que l’Ukraine avait proposé 75 véhicules aériens sans pilote dans le cadre d’un accord « drones contre combattants » avec HTS. Mais il n’existe aucune preuve indépendante pour étayer cette affirmation russe.

    La Russie a clairement été surprise par l’avancée rapide du HTS sur Damas – mais il est intéressant de noter que des sources russes ont tenté de minimiser le rôle de l’Ukraine. Un article du Middle East Eye du 2 décembre citait un article du Telegram russe, censé refléter le point de vue de l’armée russe, qui ne tenait pas compte de l’aide de Kiev : « Premièrement, les membres du GUR se sont effectivement rendus à Idlib, mais ils n’y sont restés que peu de temps » – pas assez pour former les Syriens à l’utilisation de véhicules aériens sans pilote (UAV) à partir de zéro. “Deuxièmement”, poursuit le message, “HTS dispose depuis longtemps de son propre programme de drones.”

    L’opération en Syrie n’est pas le seul exemple d’intervention des services de renseignement militaires ukrainiens à l’étranger pour harceler des agents russes. La BBC a rapporté en août que l’Ukraine avait aidé les rebelles du nord du Mali à tendre une embuscade aux mercenaires russes du groupe Wagner. L’attaque du 27 juillet a tué 84 membres de Wagner et 47 Maliens, a indiqué la BBC.

    Andriy Yusov, porte-parole du GUR, a vanté l’opération au Mali quelques jours plus tard, affirmant que les rebelles maliens « ont reçu les informations nécessaires, et pas seulement des informations, qui ont permis une opération militaire réussie contre les criminels de guerre russes », selon la BBC. Après l’attaque, le Mali a rompu ses relations diplomatiques avec l’Ukraine.

    Boudanov s’est engagé en avril 2023 à ce que l’Ukraine poursuive les Russes coupables de crimes de guerre « partout dans le monde », selon un article de presse. Les opérations de renseignement agressives de Boudanov ont parfois inquiété l’administration Biden, m’ont dit des responsables américains.

    J’ai interrogé Budanov lors d’un entretien à son quartier général à Kiev en avril dernier sur les opérations signalées par le GUR contre la milice Wagner en Afrique. « Nous menons de telles opérations visant à réduire le potentiel militaire russe partout où cela est possible », a-t-il répondu. « Pourquoi l’Afrique devrait-elle être une exception ?

    À l’instar des incursions de l’Ukraine en Afrique et de son assaut contre la région de Koursk à l’intérieur de la Russie, l’opération secrète en Syrie reflète une tentative d’élargir le champ de bataille – et de nuire aux Russes dans des zones où ils ne sont pas préparés. L’aide de l’Ukraine n’a pas été « le drone qui a brisé le dos du chameau », pour ainsi dire. Mais cela a contribué, au moins dans une certaine mesure, à faire tomber le client le plus important de la Russie au Moyen-Orient.

    Et comme Israël dans son incapacité à anticiper la montée du Hamas à travers la barrière de Gaza le 7 octobre 2023, la Russie a vu arriver les rebelles soutenus par l’Ukraine, mais n’a pas pu se mobiliser pour arrêter l’attaque et empêcher ses conséquences dévastatrices.”

  2. “D’autres puissances peuvent s’appuyer sur ces groupes terroristes pour renverse la tendance qu’on n’a vu en Syrie”, explique un spécialiste en lutte contre le terrorisme.”

    Pourquoi ne pas dire honnêtement et courageusement, Ousmane Mahamane, que ces “puissances” qui “peuvent s’appuyer sur ces groupes terroristes” pour déstabiliser les États du Sahel ne sont autres que les États-Unis d’Amériques, la France et des monarchies arabes du Golf ?

    De toute façon, c’est ce qu’elles font depuis plus d’une décennie déjà, ces “puissances” étrangères, déstabiliser le Sahel et tenter de faire tomber les gouvernements nationalistes, sans grand succès à ce jour.

    Il faut bien bien sûr au Mali et dans l’AES tirer des “leçons” du cas syrien, anticiper et se préparer militairement à des menaces terroristes de nature différente ou d’ampleur plus grande.

    Mais il faut aussi souligner la réussite jusqu’à ce jour des choix militaires, politiques et géopolitiques du gouvernement de transition du Mali.

    Choix basés sur l’expulsion de tous les militaires occidentaux, la dénonciation de l’accord d’Alger et des traités de la CEDEAO pour mettre fin à l’ingérence politique de l’Algérie et des Etats vassaux africains dans les affaires intérieures du Mali, la non-conclusion d’accord politique officiel avec les groupes armés et une lutte réelle contre les terroristes avec le soutien de la Russie en particulier jusqu’à la frontière de l’Algérie, mais aussi la non-organisation de la vie politique et de la vie militaire maliennes sur la base de l’ethnie et de la religion qui rendent le cas malien très différent du cas syrien.

    • Mon petit Fanga, ne fais aucune analogie entre ce qui reste de ton pays et la Syrie
      La France, les occidentaux et les USA que tu cites à loisir pour défendre tes juntes et leur narratif, n’en ont rien à faire de tes 3 pays à la dérive. Tes petites vérités toutes construites de théories fumeuses ne regardent que toi et ta paranoïa.
      Je veux bien être traité de troll; mais permets moi de te traiter de fou complet , tu es dans le délire total.
      Dans quel monde tu vis ?

  3. Ousmane Mahamane, nous ne sommes pas surpris du tout que ce torchon vient de toi! Prophète de malheur, sale troll de la tres maudite France, apatride et un veritable nègre de maison pour la Metropole!

  4. Faut avoir confiance en votre maitre putin pour un partenariat gagnant-gagnant
    Le grand Bachar disait la même chose à son peuple qu’il a martyrisé comme seul lui savait le faire
    Faut demander aux syriens ce qu’ils pensent de l’humanité des russes, et vous aurez la réponse
    Au delà de ce “lachage” de Bachar, la parole de putin s’en trouve affaiblie dans les pays dont il assure le maintien par la force
    Quand on embrasse le diable sur la bouche , faut s’attendre à tout, même au plus mauvais
    En attendant le peuple syrien est livré à lui même avec sans doute un avenir aussi sombre ou tout sera fait au nom de dieu. Bachar et sa cour sont partis en vidant les caisses en USD pour s’assurer ses arrières (il n’est pas parti avec des roubles )

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