D’abord, à l’analyse il s’est avéré que ce sont les agents de sécurité (certains policiers et gendarmes) qui propagent l’insécurité en distribuant la carte d’identité et le passeport maliens contre espèces sonnantes et trébuchantes. 5000 à 15 000 F Cfa pour une carte d’identité nationale mais contre un reçu de 1000 F ; 200 à 500 000 F Cfa pour un passeport contre un reçu de 50 000F Cfa.
Là, Sada Samaké ne s’est pas, outre mesure, empêché de reconnaître cet état de fait tout en donnant lui-même un exemple qui date du moment où il était ambassadeur du Mali en Côte d’Ivoire. Pour lui, la carte d’identité consulaire et le passeport malien étaient détenus par des non-maliens, de quoi apporter de l’eau au moulin des députés.
Pis, à la veille de l’interpellation de Sada Samaké, il avait initié une visite inopinée dans certains commissariats de police de Bamako, dont le 6è arrondissement où le ministre a constaté de visu le racket dont les usagers sont quotidiennement victimes pour acquérir la carte d’identité.
Le racket anecdotique d’un policier sur une pauvre femme, selon le ministre Samaké, puisqu’il en était témoin, a fini de convaincre tout le monde sur son ampleur. Toute chose qui fait dire au ministre que la corruption qui est établie en système de travail au Mali depuis plusieurs années ne peut pas être endiguée en une ou deux ans. Pour nombre de Maliens le ministre Samaké a fait là un aveu d’impuissance.
Invoquant par moment un manque de moyens conséquent, le ministre Samaké est visiblement seul au milieu de ses collaborateurs – policiers et autres gendarmes- qui, à l’évidence n’entendent pas changer leur comportement pour des raisons certainement superflues.
Les députés ont-ils fait violence sur eux-mêmes, pour croire une fois de plus, aux mesures annoncées par Sada Samaké pour non seulement améliorer le système de délivrance du passeport mais aussi passer à la carte d’identité biométrique comme c’est le cas dans plusieurs pays de l’Afrique de l’Ouest. Ce n’est pas le nombre de policiers suspendus ou mis sous mandat de dépôt (242) pour les comportements ci-haut évoqués qui va changer la donne de sitôt, s’est empressé de se convaincre Samaké.
Le ministre Sada Samaké n’est pas à son premier passage devant les députés : il y’a environ 10 mois il avait fait les mêmes promesses aux Maliens concernant le comportement désobligeant de certains policiers et gendarmes. Et pendant tout ce temps, rien ne semble être fait. Les policiers n’ont pas changé d’habitude. Et la vie continue !
Irrévocablement, le ministre Samaké semble manquer de poigne nécessaire pour amener ses ouailles à changer. Le phénomène est en train de se généraliser mais Sada Samaké ne semble pas être très pressé. Et les agents continuent de s’adonner à cœur joie à un racket visiblement bien organisé dont les chefs tapis dans les bureaux bénéficient des dividendes par l’entremise des agents affectés sur le terrain.
Face à l’incurie des plus hautes autorités du Mali, doit-on croire un jour à la fin de cette corruption à ciel ouvert ? Dans tous les cas, nombre d’observateurs croient que c’est aux usagers des services publics de résister et de dénoncer toute tentative d’extorsion d’argent indu. Mais que faire quand on est dans un pays à plus de 70% d’analphabètes et que les quelques lettrés ont souvent peur d’aller en justice parce que la justice est taxée, elle aussi, de corrompue ou aux ordres des princes du jour.
Le ministre Sada Samaké fort de sa longue et grande expérience au service de l’Etat dont il n’a de cesse marteler devant les députés, reconnaît, du moins implicitement que l’insécurité s’est installée à Bamako et à l’intérieur du pays. L’insécurité, un « Djin » pour le ministre Samaké ; donc insaisissable et est partout à la fois. Il ne le conteste pas.
On reconnaît surtout une qualité à Sada Samaké : la franchise. Le ratio d’agent qu’il a annoncé a donné le tournis à nombre de Maliens à telle enseigne que son employeur, le Premier ministre, Kéïta, s’est empressé d’arrêter la diarrhée. (Selon les normes internationales, il faut 1 agent pour 400 habitants or au Mali, nous avons 1 agent pour 1066 habitants). Apprécier.
Alhassane H. MaÏga
Pauvre sada
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