Le centre du Mali à l’instar de certaines localités du nord, devient de plus en plus une zone de « non-droit ». Et pour cause, les affrontements intercommunautaires se multiplient de plus en plus avec son cortège de morts. Se faire justice, c’est la nouvelle règle dans cette partie du Mali. Le dernier cas de ce genre, survenu dans le cercle de Koro a malheureusement enregistré d’énormes dégâts matériels et de pertes en vies humaines. Où est passée l’autorité de l’Etat ? L’Etat malien a-t-il définitivement décidé d’abandonner nos compatriotes aux mains des gens sans loi et ni foi ? Sinon qu’est ce qui peut expliquer l’indifférence totale de Bamako par rapport à ce qui passe dans la région de Mopti, notamment dans sa partie inondée ? Par exemple, la semaine dernière, les terroristes ont rassemblé tous les villages aux environs du lac Debo pour leur dire qu’ils sont désormais là et les conduites à tenir désormais. L’Etat et les forces de la Minusma peuvent-ils dire qu’ils n’étaient au courant de ce grand rassemblement que tout le monde a appris ? Où était Barkhane qui est là pour lutter contre les terroristes ou pour sauvegarder les intérêts français ?
Parler du centre du Mali nous amène à pointer du doigt une partie de la région de Ségou et de la région de Mopti, notamment les cercles de Tenenkou, Djenné, Douentza, Bankass, Koro. En plus de l’influence de milices armées et des combattants au service du terroriste prédicateur, Amadou Kouffa, ces zones sont coupées du reste du Mali. A cause de l’absence de l’Etat, ces localités constituent des proies faciles pour les bandits armés et portent, du coup, les germes d’une guerre civile qui ne dit pas son nom. Pour preuve, les évaluations du DEF 2017 n’ont pas pu être organisées dans certaines de ces localités à cause de l’insécurité grandissante. D’où l’urgence de restaurer l’autorité de l’Etat dans cette partie stratégique du pays. L’installation de la menace terroriste et la multiplication des conflits communautaires au centre du pays, font front au dos. Si la situation n’évolue pas, il faut craindre que la partition du Mali soit en jeu. A l’Etat se doit de s’assumer pour asseoir son autorité sur l’ensemble de son territoire. Car, les populations de cette partie de notre pays souffrent.
Jean Goïta