Officiellement, on ne parle plus ou très peu de la crise dans le centre de notre pays et de son cortège de morts, d’assassinats et d’exécutions sommaires. Nos dirigeants ont décidé de banaliser les drames qui y sont perpétrés au quotidien.
Ce sont nos parents de Bandiagara qui l’ont vite compris : «Il faut se faire entendre, sinon ils ont décidé de nous reléguer au second plan, de nous oublier». Ils ont manifesté le lundi 9 septembre dernier et demandent «la démission pure et simple du Premier ministre». Tout simplement !
Avant cette manifestation, force est de reconnaître que, du centre, on n’en entendait très peu parler, surtout du côté officiel. Le gouvernement a décidé de mettre plutôt l’accent sur d’autres activités et faire oublier la région de Mopti et toutes «ses mauvaises nouvelles» qui rappellent aux Maliens et à la Communauté internationale le blocage dans lequel se trouve notre pays, et l’incapacité de nos autorités à apporter une solution à la crise que nous traversons depuis plus d’une décennie.
On a donc décidé d’oublier Mopti !
La stratégie est bien montée et elle découle de la reconnaissance par l’Etat, lui-même, de son incapacité à pouvoir mettre fin aux carnages, drames et autres tueries à Mopti dans tout le centre du Mali.
Au départ, il fallait trouver des milices, les financer, les soutenir, les armer et les charger de s’exterminer. C’est ainsi que vint le jour des milices ethniques et interethniques. Toutes chargées de prendre la place de l’armée malienne et «assurer la sécurité» de nos compatriotes. Au bout du compte : zéro résultat.
Pire, on a distribué à tout venant de l’argent, beaucoup d’argent, des armes et surtout des armes de guerre et des armes lourdes. Des munitions qui circulent encore et avec lesquelles les pauvres populations du centre, au lieu de sécuriser leurs villes et villages, exterminent leurs frères, sœurs, fils, pères et mères.
Face à cet échec et aux carnages d’Ogossagou, de Sobaneda et Guiré, etc., on ne pouvait que tirer les leçons et prendre les décisions qui s’imposaient. C’est ainsi que fut débarqué le Premier ministre d’alors, Soumeylou Boubèye Maïga, remplacé par Dr. Boubou Cissé.
Un voyage au centre, et puis deux, quelques distributions de vivres, la situation devrait se calmer. S’est-elle calmée ? Pas du tout, bien au contraire.
Tous les jours que Dieu fait, des hommes, des femmes, des enfants sont tués, brûlés, violés, violentés ; des villages et des greniers brûlés sans quele gouvernement ne pipe mot. Le dernier cas en date révèle 6 personnes brûlées vives, lundi 9 septembre, tout près, près de Bandiagara.
À part un laconique communiqué, quarante-huit heures plus tard, aucune réaction du gouvernement, ne serait-ce que pour condamner !
À suivre
Moussa Touré