La quête de meilleures conditions de vie sécuritaires a tourné au cauchemar pour les milliers de réfugiés des régions de Gao, Tombouctou et Mopti du Camp de Goudoubou, au Burkina Faso, en raison des violences et persécutions dont ils font l’objet de la part des groupes armés non étatiques.
Selon le Haut-Commissariat aux Réfugiés (HCR), le camp des réfugiés de Goudoubou, au Burkina Faso, qui récemment abritait 9 000 réfugiés, a été déserté. L’Organisation des Nations-Unies rapporte que les réfugiés maliens qui s’y trouvaient ont fui les violences et la persécution des groupes armés non étatiques. Elle explique que face à la récurrence des agressions mettant en péril leur intégrité physique, certains réfugiés ont choisi de déménager à l’intérieur du Burkina Faso. Ce, alors que d’autres sont retournés au Mali. Dans cette confusion, fait savoir l’Agence des Nations Unies pour les Réfugiés, 5 639 réfugiés maliens obligés de fuir pour survivre ont exprimé leur intention de retourner au pays. Ainsi, fait-elle savoir, à la date du 3 avril 2020, ce sont 2 777 rapatriés du Burkina Faso qui ont été enregistrés par le HCR et ses partenaires dans les communes de retour de N’Tillit et Tessit (Gao), Gossi (Tombouctou), ainsi qu’à Mopti.
Pour autant, le retour au bercail ne rime pas nécessairement avec la fin de tous les tracas pour nombre de réfugiés qui doivent replonger dans un environnement marqué par une insécurité de plus en plus grandissante du fait des Groupes Armés Terroristes (GAT) qui infestent tous les interstices des régions de Gao, Tombouctou et Mopti.
Par ailleurs, l’Agence onusienne pour les réfugiés souligne que pour certains des rapatriés du Camp de Goudoubou, au Burkina Faso, le retour dans leur lieu d’origine n’était pas possible, par crainte de subir de nouveau les persécutions.
‘’Dans ce contexte, et ajoutant à cela le couvre-feu imposé par les autorités en réponse au COVID-19, les problèmes de sécurité et les risques de santé des groupes vulnérables atteignent un point alarmant’’, interpelle le Haut-Commissariat des Nations-Unies pour les réfugiés.
Ainsi, fait savoir l’UNHCR Mali, avec l’appui de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et des Directions régionales de la santé, deux agents de santé ont été déployés dans chaque point d’enregistrement, pour assurer la prise de mesures de prévention de la pandémie. Il s’agit d’une précaution qui s’inscrit dans la batterie de mesures prises par les autorités nationales dans le cadre du Plan d’action pour la prévention et la Réponse à la Maladie à COVID-19 (COVID-19). Ce, à travers la Stratégie de Prévention de l’Introduction du COVID-19 en République du Mali incluant le ‘’renforcement de la surveillance épidémiologique à travers i) la disponibilité au niveau des structures sanitaires, agro-sylvo-pastorale et environnementales, les directives techniques simplifiées, la définition des cas et des fiches de notification ; ii) la transmission quotidienne de la situation épidémiologique ; iii) le renforcement des capacités opérationnelles des points d’entrée’’.
Le 3 avril, lors de la conférence de presse au Palais des Nations, à Genève, Babar BALOCH, porte-parole du HCR, est revenu sur cette situation des réfugiés maliens cherchant à fuir le Camp de Goudoubou qui leur avait pourtant permis de renouer avec un semblant de vie normale, grâce à la sollicitude des autorités du pays d’accueil et à l’investissement des organismes humanitaires.
Il faut signaler que l’insécurité au Burkina Faso oblige des civils en nombre croissant à fuir leur foyer en quête de sécurité dans leur propre pays ou à rejoindre le Mali en tant que réfugiés. Selon l’UNHCR, en mars dernier, environ 14 000 personnes ont fui leur foyer au Burkina Faso au cours de la seule période des 17 derniers jours, ce qui porte à 780 000 le nombre total de déplacés internes. Les violences récentes ont également forcé plus de 2035 personnes à fuir vers le Mali voisin.
Face à ces drames, ‘’le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, reste alarmé par la hausse spectaculaire des déplacements forcés au Sahel et réitère son appel pour la protection des populations civiles et des personnes qui ont fui la violence. Le personnel humanitaire a besoin d’un accès sûr pour acheminer l’aide. Notre réponse intensifiée à la crise se concentre sur les prestations de protection et la fourniture d’articles de première nécessité aux personnes déracinées et aux communautés qui les accueillent, en mettant particulièrement l’accent sur les abris, l’éducation, la prévention et la lutte contre la violence sexuelle et sexiste, tout en limitant l’impact sur la nature’’.
PAR BERTIN DAKOUO