Le Conseil de sécurité des Nations Unies a adopté le 20 décembre une résolution autorisant le déploiement d’une force internationale au Mali, pays en proie à une grave crise depuis près de neuf mois. Cette opération d’intervention sera menée sous conduite africaine et avec des troupes combattantes “exclusivement africaines”.
Les pays et organisations du continent africain ont montré à maintes reprises qu’ils étaient déterminés à régler par eux-mêmes les crises et conflits survenant sur le continent, comme cela a été manifeste dernièrement pour la crise au Mali, et ils ont déployé des efforts considérables à cette fin. Par le biais d’organisations telles que l’Union africaine ou la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), la diplomatie africaine prend corps et s’attelle à éteindre les foyers de tensions pour ramener la quiétude dans diverses régions du continent.
L’INTERVENTION AU MALI, UNE OPÉRATION SOUS COMMANDEMENT AFRICAIN
Face à la crise sans précédent dans laquelle est plongé le Mali, la diplomatie africaine est déterminée à résoudre la crise coûte que coûte en n’excluant aucun moyen, et elle s’est montrée prête à s’engager à la fois dans la voie du dialogue et celle de l’intervention militaire.
M. Tiebile Dramé, ancien ministre malien des Affaires étrangères, insiste sur cette volonté affichée par les diplomates de la région : “Les Africains ont la détermination de résoudre la crise malienne. Soutenue par l’UA, la CEDEAO joue un rôle irremplaçable, depuis mars, pour mobiliser la communauté internationale afin de résoudre les crises maliennes.”
Les résolutions de l’ONU relatives à la crise au Mali sont d’abord l’oeuvre des Africains. La force qui sera déployée sera africaine, a souligné M. Dramé, ajoutant : “Ce qui est en cause au Mali, c’est la paix et la sécurité en Afrique, mais aussi l’honneur et la dignité du continent.”
Le Conseil de sécurité de l’ONU a autorisé le 20 décembre le déploiement de la Mission internationale de soutien au Mali sous conduite africaine (MISMA). Philippe Lalliot, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères de la France, pays qui a présenté le projet de résolution concernant le Mali au Conseil de sécurité, a précisé que l’opération d’intervention au Mali serait conduite avec des troupes combattantes “exclusivement africaines” et “une forte mobilisation” de l’Union européenne sur les plans financier et logistique.
FORTE IMPLICATION DE LA CEDEAO EN FAVEUR DE LA SÉCURITÉ EN AFRIQUE DE L’OUEST
La politique africaine de gestion des crises régionales est en marche, comme l’atteste le rôle dominant que la CEDEAO jouera dans l’opération d’intervention au Mali, notamment par l’envoi de troupes pour sécuriser le nord du pays.
Pour le docteur en droit Jacques Traoré, expert au ministère ivoirien de la Communication, la CEDEAO a bel et bien les moyens d’aider à libérer le nord du Mali.
“Face aux menaces sur la sécurité sous-régionale, l’armée malienne, qui n’a pas suffisamment de moyens, a besoin d’un appui. La CEDEAO qui a libéré le Liberia puis la Sierra Leone lorsque ces deux pays ont connu des conflits aigus, pourra aussi libérer le nord du Mali”, a expliqué M. Traoré lors d’un entretien avec des journalistes.
De l’avis du président de l’Organisation citoyenne ouest-africaine (OCOA) Seydou Doumbia, les massacres d’origines politiques, terroristes ou rebelles perpétrés dans des pays tels que le Mali et le Nigeria montrent l’importance d’une action assumée par une institution régionale crédible comme la CEDEAO.
“Cette institution est capable d’appuyer les dispositifs judiciaires, politiques et militaires nationaux, ou de pallier leur déficience”, a noté M. Seydou.
Grâce à la détermination de cette organisation qui regroupe les pays africains de la région, la normalité revient de manière progressive au Mali, où les putschistes ont cédé le pouvoir à des personnalités civiles sous la pression de la CEDEAO, mais aussi en Guinée Bissau, où l’ardeur de la soldatesque a été freinée.
M. Seydou a aussi rappelé les actions militaires et diplomatiques de la CEDEAO au Liberia en 1990, en Sierra Leone en 1991, en Guinée Bissau en 1998, en Côte d’Ivoire en 2003, au Togo en 2005 et en Guinée en 2007.
L’UA, UN ACTEUR AU COEUR DU RÈGLEMENT DES CONFLITS SUR LE CONTINENT
Tout comme la CEDEAO s’attelle à maintenir la paix en Afrique de l’Ouest, l’Union africaine s’efforce plus largement d’assumer un mandat de pacification sur l’ensemble du continent.
En ce qui concerne la Somalie, plusieurs observateurs ont fait le constat que le pays, qui a été longtemps ravagé par la guerre, se trouvait dans une période de transition, et que la situation politique était sur la bonne voie, en dépit des échauffourées sporadiques.
Pour éradiquer les dernières poches de violence, la Mission africaine de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) est à pied d’oeuvre.
L’AMISOM a été créée 19 janvier 2007 par le Conseil pour la paix et la sécurité de l’Union africaine.
A plusieurs occasions, le Conseil de sécurité de l’ONU a encouragé l’AMISOM à soutenir le gouvernement fédéral de transition, à mettre en oeuvre une stratégie de sécurité nationale, à former les forces de l’ordre somaliennes et à contribuer à créer un environnement sûr pour la distribution de l’aide humanitaire.
“Il faut reconnaître que la politique africaine devient plus stable. Les pays africains commencent à avoir les capacités de maintenir la paix régionale”, a fait remarquer Théodore Kouassi, expert en histoire-géographie à l’université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan.
De nombreux observateurs mettent ainsi l’accent sur le rôle crucial joué par les pays africains pour ramener la paix sur le continent. Les actions des intervenants africains comptent : elles sont à même de dénouer des crises et de stabiliser des situations parfois tumultueuses.
(Article réalisé avec le concours de nos correspondants WU Changrong, WANG Zizheng)
Publié le 2012-12-25 14:15:29 | French. News. Cn