Bandiagara : des jeunes dénoncent l’insécurité

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Les jeunes du pays dogon ont organisé le jeudi 04 avril des marches pour dénoncer la multiplication des attaques dans le cercle de Bandiagara surtout les villages aux alentours du chef-lieu de cercle.

«C’est vers le crépuscule que nous avons été surpris par les bruits des armes, certainement des tirs de sommation tout autour de nos villages  Tabia et Bondo. Nous étions encerclés par des individus armés à environ 1 km  et demi. Il n’y a pas eu de victime parce que les militaires maliens sont intervenus. Ils les ont pourchassés», déclare Youssouf Yanoga, conseiller communal à Tabia.

«Notre village est Têgrou situé au sud et à 9 km de Bandiagara. Les assaillants sont venus en masse, ils ont mis le feu brûlant nos maisons. Ils ont quitté ici pour Dionbolo à 4 km de Bandiagara, et Ogossagou village à 6 km environ de Djagassagou, commune de Timiniri dans le cercle de Bandiagara. C’est en ce moment que nous avons entendu les bruits des avions et l’arrivée des militaires», explique Adama Djiguiba, chef de village de Kegrou.

«Nous avons vu les militaires maliens dans la zone, ils ont utilisé leur avion et ont travaillé avec les casques bleus. Toute la nuit avant de repartir vers Bankass» déclare de son côté le préfet de Bandiagara, Siriman Kanouté.

Face à cette situation, les jeunes des localités de Bandiagara, Bankass et Koro ont marché. Pour «rappeler à l’Etat sa responsabilité exclusive par rapport à sa sécurisation du pays dogon. Pour non à l’insécurité, oui à la protection de tous», laisse entendre Adama Dionko, porte-parole du collectif des associations du pays dogon.

«À Bandiagara, il y a eu plus de 1000 personnes, commerces et administration étaient fermés. Koro, plus de 2000 personnes, la ville était totalement paralysée. À Bankass toutes les communes étaient représentées et la ville était en arrêt avec plus de 1000 personnes mobilisées. Douentza a désisté à la dernière minute», raconte Adama Dionko.

«Aujourd’hui, 04 avril 2019, nous, jeunes du pays dogon, sortons en masse et de façon synchronisée à Bandiagara, à Bankass, à Douentza et à Koro afin de crier haut et fort notre ras-le-bol de l’insécurité, des violences, des amalgames ainsi que les stigmatisations qui sont devenus depuis 2012 notre apanage quotidien. Le pays dogon est meurtri par les assassinats et les destructions de ses villages. Le pays dogon est dépouillé de ses réserves alimentaires. Le pays dogon est devenu méconnaissable à cause de ces lots de morts, de blessés, de disparus et de dégâts matériels importants. Le pays dogon est emprisonné dans la violence depuis 3 ans. En un mot, le pays dogon est au bord du gouffre. Ça suffit et réellement ça suffit.» Telle est la quintessence d’une déclaration lue par Yapéné Dolo.

«Les populations du pays dogon, toutes ethnies confondues, réclamons en ce jour et en ce lieu précis, notre droit à la vie, à la sécurité, à la protection de tous et surtout à la paix et au développement», renchérit Abdoulaye Barro de la jeunesse de Bankass. Et Maimouna Nantoumé de Koro d’ajouter : «Ces marches synchronisées ont pour objectif de mettre un terme aux souffrances et libérer les populations de cette vague de violence inouïe venue d’ailleurs et qui empoisonne notre vivre ensemble. C’est un cri du cœur. Chers autorités du Mali, prenez toutes les dispositions utiles afin que le pays dogon ne tombe plus bas que ce que nous venons de vivre ces dernières semaines à Bandiagara, à Bankass à Douentza et à Koro».

La jeunesse du pays dogon demande à l’Etat de : «accélérer son retour dans toutes les localités du pays dogon afin d’assumer ses responsabilités régaliennes et exclusives, renforcer et rendre plus opérationnelles les forces de sécurité présentes dans la zone afin de mettre à l’abri nos champs, nos greniers, nos pâturages, nos puits et nos villages, apporter une réelle assistance humanitaire aux déplacés, anticiper la crise alimentaire qui naitra de l’impossibilité pour les paysans de cultiver lors de l’hivernage prochain. Vive le pays dogon, vive la région de Mopti et vive le Mali.»

Avant ces marches, l’intervention des hélicoptères d’attaque des Forces armées maliennes (Fama), le 3 avril 2019, après le coucher du soleil, a permis de mettre un terme à une attaque lancée par des hommes armés non identifiés contre les villages de Tégrou, Ogossagou, Kobadiè au centre du Mali.

K.T.

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