Bamako post-attentat : Comment coopérer avec les forces de sécurité !

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Mali: la vie reprend timidement son cours à Bamako
Restaurant La Terrasse à Bamako, le 8 mars 2015.
RFI/Marie-Pierre Olphand

Pour certains, la question ne se pose pas. Nicolas Cezzy est gérant d’un petit hôtel de la rue Princesse, tout près dubar-restaurant attaqué il y a dix jours. Il se dit naturellement prêt à donner un coup de main aux autorités. « Moi je n’ai pas peur de faire ça, je suis prêt à travailler avec les agents de sécurité de mon pays pour qu’il y ait plus de sécurité. »

Tous ne tiennent cependant pas le même discours. Pour être vigilant, il faut d’abord avoir pris conscience de la menace. Un pas que beaucoup n’ont pas franchi, que ce soit à Bamako mais aussi à Nouakchott ou à Niamey, comme le fait remarquer le sociologue nigérien Abdoulaye Mahamadou, de passage dans la capitale malienne. « Nous avons vécu dans la paix pendant très longtemps, et du coup, on n’a pas ce comportement de surveiller, de faire de la délation. Mais les menaces actuelles font qu’on est obligés de changer de comportement. »

Manque de moyens

Si beaucoup ne s’impliquent pas plus, c’est qu’ils ont perdu confiance face au « manque de réactivité des forces de sécurité », disent-ils. A leur décharge, policiers et gendarmes manquent cruellement de moyens, indique Ousmane Kornio, consultant sur les questions sécuritaires. « Quand quelque chose vous arrive et que vous appelez la police, ils vous répondent qu’ils n’ont pas de carburant, explique-t-il. Je sais qu’à un commissariat, ils ont donné dix litres de carburant par semaine. J’ai appris que la dotation a augmenté mais c’est insuffisant. »

Cet expert malien pointe aussi un autre frein, plus culturel. La traditionnelle hospitalité malienne envers les inconnus ou les étrangers, appelée Diatiguiya, une façon d’être et qui est contraire à la culture du renseignement, et qui fait que certains ne sont peut-être pas assez méfiants.

Plus de sécurité

Si certains Maliens réfléchissent à deux fois avant de sortir tard le soir, la plupart des Bamakois n’ont pas changé leurs habitudes. C’est le cas de Daniel, un Libanais installé depuis cinquante ans dans la capitale. Il fréquente toujours la rue Princesse, où l’attaque contre le bar-restaurant a eu lieu. Pour autant, il souhaite aussi qu’on tire les leçons de ce qui s’est passé. « C’est un drame qui va faire évoluer les pensées et peut-être qu’on mettra plus de sécurité dans les endroits où les gens vont aller. »

On a peur parce qu’il n’y a pas assez de sécurité ici

Dans le quartier excentré de Magnambougou, on se souvient encore de l’assaut lancé par les forces spéciales jeudi soir contre un des hommes recherchés, à l’image de trois commerçantes que RFI a rencontrées. Elles travaillent à deux pas de l’immeuble où l’intervention s’est déroulée. Elles n’ont rien changé à leurs habitudes, mais ne sont pas rassurées pour autant

« On a peur parce qu’il n’y a pas assez de sécurité ici », regrette la première. « On se sent mal à l’aise », ajoute une autre. « Nous, on est étrangers, on a quitté chez nous pour venir se reposer ici », explique la troisième, une Ivoirienne immigrée à Bamako. Ce qui l’inquiète le plus, depuis l’attentat du 7 mars, « c’est qu’on ne sait pas ce qui va se passer maintenant ».

Enquête

Pendant ce temps, l’enquête se poursuit pour en savoir plus sur l’un des auteurs présumés de l’attaque, abattu dans la nuit de jeudi à vendredi, lors de l’assaut lancé par les forces spéciales de sécurité dans l’immeuble où il habitait, et pour retrouver aussi ses complices qui se trouvent peut-être encore dans la capitale. Au moins quatre personnes sont toujours recherchées, de source judiciaire.

Yattara Ibrahim 

 

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