Bamako en ébullition : Coup d’Etat avorté des « maîtres » de la colline du Point G

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Une bande fortement armée, composée d’apprentis chauffeurs, de vendeurs de bricoles, de réparateurs de motos et de jeunes filles qui s’apprêtait à prendre le pouvoir en Commune II du district de Bamako, a été défaite par les légendaires Contrôleur général de police Moussa Sissoko  et son irréductible Epervier du Mandé, l’inspecteur de police Papa Mambi Keita dont les noms resteront longtemps gravés en lettre d’or au tableau d’honneur de la police nationale. Les efforts immenses que ces derniers déploient chaque jour que Dieu fait pour la lutte contre le banditisme et la criminalité dans le district de Bamako, méritent une attention particulière des plus hautes autorités de notre pays.

Après la capture des seigneurs de la mort de la Rue de la Princesse et de bien d’autres prédateurs qui avaient transformé les rues de la Commune II en de véritables couloirs infernaux, le Contrôleur général de police Moussa Sissoko et les éléments de sa brigade de recherche, à leur tête, l’Epervier du Mandé, viennent  de terrasser une bande de caïds non moins dangereux. L’exploit des guerriers du Mandé date de la nuit du 4 au 5 août dernier. Dans le souci de débarrasser leur territoire de tous les virus et prédateurs susceptibles d’entamer la quiétude des populations, sous la supervision du Contrôleur général de police Moussa Sissoko, les éléments de la brigade de recherche organisent une patrouille dans les zones dites hautement criminogènes de leur commune.

 Aux environs de 4 heures 30 minutes, pendant qu’ils fouinaient toujours dans le noir, ils reçoivent une information faisant état de la présence d’un voleur fortement ligoté et abandonné dans un coin, non loin du domicile de l’ancien président de la République, M. Alpha Oumar Konaré à l’Hippodrome. L’équipe de patrouille dirigée par le commissaire lui-même parachute sur les lieux où ils trouvent le nommé Boubacar Bah dit Flakè, solidement ligoté des pieds aux mains, à côté de lui, deux motos que ses compagnons avaient abandonnées avant de semer leurs poursuivants. Il portait sur lui un coupe-coupe en bandoulière et un trousseau de fausses clés.  Selon des témoins qui se trouvaient sur les lieux, le délinquant a été arrêté suite à un vol avec effraction qu’il a commis avec deux de ses camarades dans des familles différentes. Pourchassés par la clameur publique, Boubacar Bah dit Flakè tombe. Il est mis hors d’état de nuire pendant que ses compagnons ont pu s’échapper des griffes de la foule après s’être débarrassés de leur butin. Avec cette information, les policiers conduisent leur oiseau à leur base où ils le mettent au frais pour les besoins de l’enquête.

L’orage balaie les maîtres de la colline

Au commissariat de police du 3e arrondissement où le suspect a été conduit, il est vite soumis à un interrogatoire pour des raisons de vérification d’identification. Visiblement inconnu des archives de ce commissariat, Boubacar Bah dit Flakè tente de se jouer des policiers. Il déclare être réparateur de motos. C’est en cette qualité qu’il terminait son service pour se rendre chez lui à Sikoroni en Commune I. Sur son chemin, il croise le fer avec un groupe d’individus qui l’ont pris pour un voleur, alors qu’il n’en est rien. Ces déclarations ne convainquent pas l’Epervier du Mandé et ses hommes. Ceux-ci poussent leur enquête en se faisant épauler par des gens dans l’entourage du malfrat. Il a fallu beaucoup de tacts pour que l’Epervier du Mandé perce le mystère.

D’information en information, il aboutit à la demoiselle Fanta Diarra dite Fatim, une des copines d’un ténor de la bande, répondant au nom de Malick Diakité dit Kôkô alias le gros, natif de Yanfolila, sans profession, un des maîtres de la colline du Point G. D’après des renseignements, juste après le forfait, Malick Diakité dit Kôkô alias le gros aurait demandé à celle-ci de lui remettre 10000FCFA pour lui permettre de se planquer en dehors de Bamako. Celle-là est vite arrêtée et conduite à la police. Interrogée, Fanta Diarra dite Fatim opte pour le chemin tortueux, histoire pour elle de trouver une échappatoire entre les mailles de ses poursuivants. Mais, elle renonce à son projet lorsqu’elle a compris que son charme ne pouvait pas faire fléchir l’Epervier du Mandé et ses cobras. Sans être plus coopérative, elle se limite à dire que son copain se trouverait avec une de ses copines du nom de Massitan Dénon dite Taïni à Djissourountou, un des coins malfamés de Lafiabougou en Commune IV.

Aussitôt, les policiers organisent une descente dans ce lieu via le bar Fida où ils mettent la main sur la nommée Massitan Dénon dite Taïni. Celle-ci interrogée à son tour, tente de se disculper en déclarant qu’elle n’a pas rencontré Kôkô depuis sa sortie de prison. Mais ce qu’elle ne savait pas, c’est que la police avait pu arracher le numéro de téléphone de son copain. Pour se rassurer des déclarations de la jeune fille, les policiers vérifient dans le répertoire du portable qu’elle avait sur elle et découvrent le dernier appel de Kôkô à 21 heures 35 minutes. Devant l’évidence, Taïni crache le morceau en orientant les policiers sur sa « coépouse » Fanta Diarra dite Fatim, qui selon elle, est au courant de tous les mouvements de leur copain commun. Puisque le vin est tiré, celle-ci accepte de le boire pour de bon. C’est ainsi que tôt dans la matinée du dimanche, 6 août dernier, sous escorte policière, elle appelle au téléphone Kôkô pour lui indiquer là où il se trouve afin qu’elle lui apporte les 10000FCFA qu’il avait demandés.

Cette stratégie a eu raison du délinquant. Il invite Fatim à le rejoindre au bord du marigot de Sikoroni, sur un espace que celle-ci connaissait parfaitement. Les policiers et Fatim s’embarquent à bord de deux taxis escortés à distance par deux policiers à motos pour atterrir à Sikoroni. Discrètement, ils font débarquer Fatim. Peu de temps après, Kôkô, accompagné de Aliou Diarra dit « Dabakalani » et Karim Dembélé dit Baba sortent d’un coin pour se diriger vers la demoiselle. Mais, ils durent retourner sur leurs pas lorsqu’ils ont aperçu un policier se diriger sur eux. Comme on pouvait déjà l’imaginer, une course-poursuite s’engage aussitôt entre les policiers et les délinquants à l’issue de laquelle Kôkô et Baba Dembélé sont arrêtés. Quant à « Dabakalani », il réussit à semer les policiers à la faveur d’un relief très accidenté pour se planquer à Kayes où il se fait arrêter par la police de cette ville. Il est conduit à Bamako dans la journée du jeudi, 10 août pour être mis à la disposition de ses poursuivants de policiers du 3e arrondissement.

Le grand déballage

Après la capture de ces deux ténors du grand banditisme bamakois, l’Epervier du Mandé et ses hommes ont compris à l’issue de leur interrogatoire que le réseau auquel ils appartenaient a ses ramifications dans plusieurs quartiers de Bamako. Selon les délinquants à moins de dix jours de leur sortie de la maison centrale d’arrêt de Bamako, ils ont volé plus de 40 motos à travers la ville de Bamako, notamment en Commune II. Ils opèrent en bande armée et ils ont comme point de rencontre la colline du Point G où ils se retirent après leurs différentes opérations. Leur butin est directement acheminé chez leur receleur potentiel du nom de Mamadou Coulibaly dit « Shakara ». Selon eux, ils n’hésiteraient pas à frapper dans les services qui avoisinent la présidence de la République au moment où les travailleurs sont dans leur bureau.

Parmi leurs nombreuses victimes, ils n’ont pu citer que Alassane Doucouré, domicilié à l’Hippodrome II, Modibo Traoré et Zoumana Konaré tous les deux domiciliés à Fadjiguila, à Banconi où ils ont volé la jakarta rouge appartenant à Mamadou Traoré pendant qu’il l’avait empruntée à un élément du GMS. La liste est très longue. Mais selon eux, ils opèrent avec une autre bande dirigée par l’impardonnable Mamadou Ballo dit Mandès. Elle est composée de Karim Karambé, Boubacar Bah dit Flakè et Alou Diarra dit « Dabakalani » (ces deux derniers sont actifs dans les deux réseaux de voleurs). A la faveur d’une pluie diluvienne qui s’abat nuitamment sur Bamako, Mandès et Karambé sont surpris en plein sommeil sur la colline par les hommes de l’Epervier du Mandé. Ils élisent domicile à la garde-à-vue du 3e arrondissement tout comme leurs compères. Tous ces prédateurs ont reconnu les faits d’association de malfaiteurs, de vol à main armée et avec violence ainsi que de récidive qui leur sont reprochés.

La police aux trousses des receleurs

Comment mettre la main sur Mamadou Coulibaly dit « Shakara » ? Les policiers tentent de le joindre sur son portable. Curieusement, une autre voix les répond en leur donnant rendez-vous dans un bar à Kalaban-Coura pour marchander une moto. C’était la voix du chef de la brigade de recherche du 11e arrondissement qui avait mis le grappin sur « Shakara » et l’autre voix était celle du chef de la brigade de recherche du 3e arrondissement à la poursuite du même oiseau. Finalement, le voile se déchire lorsque le second s’est renseigné auprès de son ancien maître, le sorcier Adama Baradji, commissaire adjoint du 11e arrondissement qui a confirmé que Mamadou Coulibaly dit « Shakara » est entre leurs griffes pour une affaire de recel de motos.

Mais, la collaboration aidant, les autorités policières du 11e arrondissement le mettent à la disposition de leurs homologues du 3e arrondissement pour la suite de leur enquête. « Shakara » n’est pas passé par mille chemins, après avoir reconnu les faits de recel de plus de 40 motos. Il dénonce ses partenaires guinéens et maliens, entre autres les nommés Békidi et Bourama dit Ibrahim, de nationalité guinéenne et domiciliés à Djicoroni-Para, Bourama Guindo, réparateur de motos, près du cimetière de Faladié, se fait surprendre tôt dans la matinée du 8 août à son domicile. Une perquisition effectuée sur place a permis de découvrir cinq motos dont une Jakarta, deux Yamaha mate, une Cameco, une Peugeot 154 et plusieurs vélos. A celui-ci, s’ajoutent l’incorrigible Namory Keita, Chaka Keita et Mamadou Sow dit Boubou de Sabalibougou, tous des Maliens qui vivent exclusivement de recel. Exceptés les deux Guinéens présentement en voyage à Conakry, tous ont été mis aux arrêts, en plus du nommé Bengaly Kanté qui sert d’intermédiaire entre « Shakara » et ses compatriotes de Guinée-Conakry. Le coup d’Etat de ces seigneurs du mal contre les populations de Bamako s’est soldé par un échec cuisant. Chacun d’eux aura droit à une cellule et à une natte à la volière de Bamako-Coura où ils ne sont guère étrangers.

La capture de ces récidivistes notoires interpelle fortement la justice malienne. La récidive de ces ex-bagnards de Bamako-Coura explique toute la légèreté de nos magistrats dans le traitement des dossiers de ceux-là même qui tuent et qui ne se nourrissent que du sang des paisibles citoyens. Il est temps que notre justice ait une pensée pieuse envers son peuple qui paye de sa vie de certaines de ses décisions. Félicitation tout de même à nos policiers qui ne se lassent pas de sacrifier leur vie pour la protection des populations et de leurs biens.

O. BOUARE

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