RFI/Marie-Pierre Olphand
Au même titre que les auteurs de l’attentat de Janvier contre la rédaction de ‘’Charlie Hebdo’’ se sont réjouis d’avoir atteint les français au plus profond de leur liberté d’expression, ceux du 07 Mars peuvent aussi se féliciter d’avoir réussi à porter un coup aux vertus de la ‘’Diatiguiya’’ malienne. Car, le restaurant « la Terrasse », mieux qu’un cadre de divertissement, était un véritable cadre de brassage en termes d’affaires et de culture entre les Maliens et les occidentaux.
Vaillamment élevé au versant gauche de la rue reliant la route de Koulikoro au quartier Hippodrome, dite « la rue Princesse », ou la rue « Bla-Bla », l’immeuble abritant le restaurant la ‘’Terrasse’’ constitue un véritable temple de l’ambiance. Avec deux boites de nuit en bas (le Cotton Club et le VIP) et un bar américain en haut, appelé la ‘’Terrasse’’. Comme par enchantement, cet établissement répond aux exigences de la clientèle occidentale. Une climatisation continue dans les deux night club avec une sélection musicale faite d’un répertoire varié et connu du show-biz international. Sur ‘’ la Terrasse’’, vibre une clientèle en majeure partie occidentale, sous les sons d’un orchestre pas connu, réputé dans la reprise des chansons européennes et jamaïcaines. Les habitués, les fidèles parmi les fidèles, notamment des employés des services consulaires, organismes étrangers et récemment des missions de défense européennes ont des tables réservées au pourtour du bar américain en rectangle, installé au milieu du temple. Les quelques cadres maliens ou africains, occasionnellement présents pour des diners passagers sont généralement dirigés vers le bas d’un hangar en forme de tente au recoin de ‘’ la Terrasse’’. Sur la ‘’Terrasse’’ il n’est pas rare de voir scintiller les jets de lumière sur les insignes des éléments de la MINUSMA. Qui sont les clients favoris de ces filles de joie, toujours au rendez-vous souvent devant un verre, assises sur des tabourets collés au bar. Le rouge et le noir sont les couleurs fortes de la ‘’terrasse’’, couverte par des tôles traditionnelles. La renommée de la ‘’Terrasse’’ se justifie par la qualité de ses services, sa cuisine et son emplacement. Elle offre une vue d’avion sur la longue rue ‘’Princesse’’ ou des dizaines de maquis, à l’ivoirienne, se concurrencent sous les belles mélodies africaines au grand bonheur des ‘’couche-tard’’ bamakois, dont de nombreuses travailleuses de sexe. Mais l’histoire de la ‘’Terrasse’’ se résume en un seul facteur, sa clientèle ‘’blanche’’. Même si on affirme que l’immeuble en question serait la propriété d’un général de la police malienne, trempé dans de nombreuses spéculations foncières et ayant son bureau dans une autre ‘’Rue-publique’’, celle de l’Appalosa.
Mais, qu’est ce qui a donc poussé l’assaillant du groupe terroriste d’Al Mourabitoune à porter son choix sur la ‘’Terrasse’’ ?
A cette question, deux réponses sont plausibles. D’abord, la clientèle, elle est composée essentiellement des éléments de la MINUSMA, de l’EUTM, de Barkhane et des missionnaires européens. Car, la ‘’Terrasse’’ est à un jet de pierre de l’hôtel TAMANA, fortement conseillé dans les documents de tourisme à la clientèle européenne à destination de Bamako. Les djihado-terroristes, savaient bien qu’en faisant irruption, avec une arme à cet endroit, ils ont mille chances sur une d’atteindre un européen, leur cible.
Aussi, la situation géographique de la ‘’Terrasse’’ rendait facile la tâche aux terroristes. Car, contrairement à d’autres endroits adulés par les européens et américains, comme ‘’le Relax’’, ‘’l’Amandine’’, ‘’le Canoë Club’’… La ‘’Terrasse’’ n’est proche d’aucune unité des forces de sécurité. Dans ce contexte, la poursuite et la traque des assaillants ne seraient pas aisées, quand on sait que ceux-ci peuvent emprunter soit la route de Koulikoro pour bifurquer sur la voie nationale de Ségou et continuer sur le grand nord ou prendre la route de Koulouba pour passer par Dièma afin d’atteindre leur base vers la frontière mauritanienne.
Il revient donc aux autorités publiques de créer de nouveaux postes de sécurité, relevant de la cellule de lutte contre le terrorisme qui doit être logée au pôle de la justice contre le terrorisme, créée depuis belle lurette auprès du Tribunal de la 1ère Instance de la Commune VI, mais sans jamais fonctionner.
Moustapha Diawara
Victime de l’attentat de la ‘’Terrasse’’ :
Le jeune Fabien immortalisé par ses amis de ‘’Rotary Club’’ et de ‘’Vision Jeunes’’
Les amis du jeune français, Louis Fabien Guyomard lâchement tué lors de la fusillade barbare dans la nuit du 07 février viennent de lui rendre un hommage mérité pour l’ensemble de son combat en faveur du Club en particulier et du Mali en particulier.
A travers cette cérémonie d’hommage très significative au regard de la présence massive des amis de Fabien et des témoignages poignants, les amis du « Club Rotary du Mali » et de « Vision Jeunes »viennent d’immortaliser le jeune français, Louis Fabien GUIYOMARD dit « Moussa Tolo » tué dans l’attaque lâche du samedi 07 février ayant fait 5 morts.
La cérémonie d’hommage qui a eu lieu ce lundi9 février 2015 sur l’espace situé entre CFAO-Motors et la clinique Pasteur a vu la participation de tous les représentants des 14 clubs Rotary au Mali, le club « Vision Jeunes » ainsi que beaucoup d’autres amis et sympathisants de ce jeune qui est né en français mais mort malien. En effet, depuis son arrivée au Mali depuis 2007 jusqu’à son assassinat, il n’avait que le Mali dans son cœur. Cela s’est témoigné à travers les multiples interventions lors de cette cérémonie qui ont été l’occasion de dévoiler la vrai dimension humaine de ce jeune, ainsi que des nobles projets qu’il a réalisés pour le Mali et ceux qu’il avait envisagé de réaliser. Les témoignages étaient aussi sincères que pleins d’émotions. Les amis et connaissances de Fabien Guiyomard ont tous successivement témoigné de l’amour de ce bienfaiteur pour le Mali. Aussi bien que ses amis de « Rotary Club », de « Vision Jeunes » que de ses collaborateurs, ils ont tous témoigné sur le combat du défunt.
Sur les banderoles ou les t-shirts, ont pouvait lire « Coordination Nationale des Clubs Rotaract du Mali : Parrain Louis Fabien GUIYOMARD. Nous ne t’oublierons jamais ». Ou encore, les photos en grand format du défunt fixées sur le sol. L’émotion était très vive. La cérémonie a terminé par les vifs remerciements des organisateurs de la cérémonie à l’endroit du monde présent pour leur déplacement. Selon les organisateurs, le corps sera rapatrié en France. C’était hier lundi, par le vol Air France.
Modibo Dolo
