En moins de 40 jours, la capitale malienne vient de subir deux attentats terroristes, par des personnes non identifiées. Si le Général Mohamed Ould Meydou a échappé à la mort, l’intention de tuer était sans doute réelle. Les assassinats du Restaurant-bar la Terrasse, dans la nuit du 6 au 7 mars 2015 corroborent le fait que Bamako court le risque d’être pris en tenaille par les Jihadistes. L’accord de paix qui n’attend que sa signature ne sera une réussite, que si on parvient à garder Bamako, loin de la portée des Jihadistes.
La fusillade qui a éclaté dans la nuit du 6 au 7 mars, vers 1 heure, tuant 5 personnes et faisant autant de blessés, a achevé de convaincre les plus optimistes, que les Jihadistes sont finalement à Bamako ; ils investissent la capitale et peuvent frapper à tout moment, si on ne prend pas garde. Le lieu de frappe en plein cœur de Bamako, Restaurant-Bar ‘’La Terrasse’’ (quartier Hippodrome, ‘’Rue Princesse’’) est assez indicateur de leur capacité d’infiltration à Bamako.
Les victimes du restaurant La Terrasse sont deux militaires expatriés (1 Français et 1 Belge), trois Maliens (1 ménagère, 1 gardien vigile et 1 policier du troisième arrondissement). Il y a eu cinq blessés graves dont trois Maliens et deux Suisses. Un des deux Suisses a été évacué tandis que l’autre recevait des soins intensifs à l’hôpital du Mali. D’autres blessés sont à l’hôpital Gabriel Touré, selon des informations de sources gouvernementales.
Le tireur à l’arme automatique est arrivé au Restaurant La Terrasse situé à l’étage, un coin de la capitale, fréquenté par les expatriés dont des militaires, avant d’ouvrir le feu, tuant sur le coup les deux militaires français et belge. Puis il redescend de l’étage et cherche à rejoindre le véhicule où l’attendait au volant son camarade prêt à démarrer. Avant de regagner le véhicule, il a tiré sur tous ceux qui représentaient une menace à ses yeux, dont la ménagère, le gardien et le policier. Ce dernier faisait partie d’une patrouille de la police du troisième arrondissement. Le fugitif armé et cagoulé a pris soin de faire éclater le pneu du véhicule de patrouille, pour empêcher toute poursuite ; la trame d’un professionnel. Le commando s’est fondu dans la ville à bord d’un 4×4 de couleur rose pour certains, grise pour d’autres. « A ce stade, on ne peut rien dire sur la piste », selon un ministre. On attend les enquêtes qui sont en cours, murmure le ministre.
C’est très tôt le matin que le Premier ministre Modibo Kéita et trois ministres se sont rendus sur les lieux du drame ; à savoir les ministres de l’Economie numérique, de l’Information et de la Communication, porte-parole du Gouvernement, Choguel Kokala Maïga ; de la Solidarité, de l’Action humanitaire et de la Reconstruction du Nord, Hamidou Konaté ; le ministre de la Santé et de l’Hygiène publique, Ousmane Koné. Le président Ibrahim Boubacar Kéita (IBK) est ensuite arrivé sur les lieux.
Après avoir vu et entendu, IBK s’est résolu à convoquer un Conseil de Défense extraordinaire, ce samedi 7 mars 2015. Sous la présidence du président de la République, chef suprême des Armées, ont pris part à ce Conseil, le Premier ministre, chef du gouvernement, les ministres de la Défense et de la Sécurité intérieure, les chefs d’état major des différents corps, les responsables de la Sécurité d’Etat et plusieurs hauts gradés de l’armée, de la police et de la gendarmerie. La principale décision de ce conseil a été le renforcement des mesures de sécurité à travers la capitale Bamako et ses environs.
Dans un communiqué, le gouvernement du Mali « condamne fermement cet acte ignoble. Il présente ses condoléance attristées aux familles de toutes les victimes ainsi qu’aux pays dont les citoyens en mission au service du Mali viennent d’y laisser la vie ». Le Gouvernement du Mali a ouvert une enquête et reste déterminé à la conduire afin « de rechercher les coupables et de leur infliger le traitement qu’ils méritent ». Le Gouvernement du Mali reste attaché à la recherche de la paix et ne se laissera pas intimider par ceux qui n’ont d’autres desseins que de faire éloigner les perspectives de la paix et de la concorde entre les Maliens, selon le communiqué. B . Daou