Attaques- enlèvements-braquages-absence de l’Etat : Après Kidal, Mopti échappe-t-il à l’Etat? Cet article a été publié le 1 février 2018. Il est d’actualité.

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Les dangers d’un embrasement !
Photo à titre illustratif

Les régions de Mopti et de Ségou sont sous la menace patente d’une invasion terroriste, à l’image de Kidal où les ouailles de Iyad Ag Ghaly, leader du groupe djihadiste Ansar Dine, règnent en maîtres absolus. Tous les signes et signaux évidents qui ont abouti à la « chute » des régions du Nord en 2012 se dessinent à Mopti, à savoir les attaques en cascade et d’une violence indescriptible, l’insécurité, le délaissement et la non protection des populations par l’Etat, voire même l’absence de celui-ci. De plus en plus, les disciples de Hamadoun Kouffa investissent la région,  y captivent les esprits faibles qui rependent, à leur tour, une haine accrue à l’égard des agents et symboles de l’Etat.

Pendant ce temps, à Bamako, les autorités semblent dépasser à la fois par l’ampleur des dégâts et la tournure dramatique des évènements.

Les projecteurs sont braqués sur ces régions où, au fil des mois, la violence est montée crescendo pour atteindre les pires proportions. Aujourd’hui, plusieurs localités de Mopti sont totalement ou partiellement occupées par une meute en armes, des hommes de Hamadun Kouffa qui appliquent leur loi en occupant systématiquement le terrain. Les administrateurs civils, les enseignants, les agents de santé et autres représentants de l’administration publique ont déserté les lieux. L’Etat n’y est quasiment plus représenté qu’à travers quelques postes militaires, si éparpillés et limités sur le plan opérationnel qu’ils ne gênent pratiquement en rien les terroristes dans leurs actions. Les populations sont prises en otage, elles n’ont plus le droit de franchir des limites fixées par les occupants. Toute personne, soupçonnée ou accusée de collaboration avec l’administration, est sévèrement punie. Face à la situation et l’incapacité de l’Etat, les populations ont décidé de prendre leur destin en main, autrement dit se défendre par tous les moyens. Ainsi, des groupes et milices d’auto-défense, de groupuscules de règlements de comptes se créent à travers la 5è région. De même, se développe une haine accrue à l’égard des agents et symboles de l’Etat. Un Etat qui ne peut protéger les populations. Celles-ci se meurent, particulièrement les populations implantées dans les cercles de Ténenkou, Youwarou, Douentza, Bankass et Mopti. En longueur de journée, elles font l’objet d’exactions de toutes sortes : meurtres, assassinats, coups et blessures, enlèvements de bétails, vols d’engins et d’objets de valeurs de la part des rebelles, des djihadistes et autres bandits de grand chemin. Les autorités maliennes n’ont quasiment jamais réagi des cris de détresse aux associations de la 5è région basées à Bamako.

Mopti comme Kidal ?

Au même moment, les attaques terroristes s’intensifient contre les  forces militaires. En effet, depuis le début du mois de janvier, des attaques croisées perpétrées par des rebelles et/ou terroristes ou djihadistes dans des localités situées dans ces deux régions ont fait plusieurs morts, d’importants dégâts matériels et de nombreux forains dépouillés de tous leurs biens. Rien que la semaine dernière, il a été enregistré plus de 50 morts (militaires et civils) dont une quarantaine dans la seule région de Mopti. Même les enfants et les femmes n’ont pas été épargnés. Le jeudi 25 janvier dernier, 30 civils (dont des femmes et enfants) ont péri dans l’explosion d’une mine à Boni, près de la frontière Mali-Burkina. Le même jour, à Youwarou, l’armée a annoncé avoir tués 5 assaillants et perdu 2 éléments, suite à une attaque.

Et le samedi 27, au Nord de Mopti, précisément à Soumpi (Niafunké), des terroristes ont massacré une vingtaine de soldats, et fait de nombreux blessés.

Aujourd’hui, le chaos s’installe dans le Centre du pays. Et les autorités, face à cette évidence, n’ont apparemment aucune réponse. La situation est telle qu’il faut craindre le pire : Mopti coupée du reste du pays, à l’image de Kidal.

Car, de toute évidence, ce sont les mêmes assaillants qui avaient annexé le nord du Mali entre le 30 mars 2012 et le 29 janvier 2013 qui se reconstituent et se retrouvent au sud où ils terrorisent les populations, s’attaquent aux symboles publics et mettent à mal l’autorité de l’Etat. Mais, un fait nouveau va entrer en ligne de compte, à savoir l’apparition des peuls dans les attaques, et par conséquent, l’avènement d’une nouvelle forme d’insécurité qui pousse les germes d’une rébellion. Cette forme d’insécurité qui implique des autochtones dans les attaques a été remarquée lors de plusieurs attaques.

Ces messages forts à l’endroit des autorités traduisent le ras-le-bol des communautés vis-vis des agents et des symboles de l’Etat, un Etat incapable d’assurer leur sécurité, à fortiori le développement de leurs zones.

A ce phénomène, il faut aussi ajouter les actes de défiance en cascade ou radiation au sein des forces armées et de sécurité. L’affaire des gendarmes qui ont abonné leur poste est toujours au centre des débats.

Autant d’indices indiquent que le Centre du Mali est en train de sombrer, comme Kidal.

(L’Aube  953 du jeudi 1 février 2018)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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