Samedi 1er juin 2013, il était 15 h 30 minutes lorsque des tirs sporadiques venant de la Maison d’arrêt de Niamey, située en plein centre ville, ont attiré l’attention des voisins du lieu. Quelques minutes plus tard, comme une traînée de poudre, la nouvelle s’est répandue dans toute la ville. Des coups de téléphone fusent de partout, des assaillants lourdement armés ont attaqué la prison civile de Niamey. Alertées, les forces de défense et de sécurité des différentes casernes de Niamey ont réagi promptement ; ce qui a permis de reprendre rapidement le contrôle de la situation.
Les badauds et autres curieux ont vite fait d’installer leur quartier général aux alentours de la prison pour être les témoins de première heure de cette scène à l’allure d’un film hollywoodien. De la version officielle «quelques détenus, présumés terroristes, appartenant à la secte islamiste Boko Haram s’étaient emparés d’une arme d’un gardien de la prison et ont tué deux gardes», a indiqué M. Ibrahim Moussa Waziri, Procureur de la République, près le Tribunal hors classe de Niamey. À l’issue de cette tentative d’évasion, le Procureur de la République a porté à la connaissance de l’opinion publique nationale et internationale, la mort de deux gardes nationaux répondant au nom de Issaka Ali Wata et Yacine Amadou, ainsi que trois blessés toujours dans le rang des gardiens de la Maison d’arrêt. Il s’agit de Nouhoum Mani, Amadou Harouna et Lawaly Oumarou. Le ministre de la Justice, Garde des Sceaux et porte-parole du gouvernement, Marou Amadou, qui a effectué le déplacement de la Maison d’arrêt en compagnie de son homologue de l’Intérieur et du Procureur de la République, a affirmé que trois assaillants ont été pris sains et saufs et qu’une enquête est déjà ouverte pour tirer au clair cette affaire de tentative d’évasion des détenus.
Le film de l’attaque
Selon les témoins des premières heures de la scène, deux individus habillés en civil et barbus, se sont dirigés vers la Maison d’arrêt de Niamey aux environs de 15h, en se faisant passer comme des visiteurs. Et dès leur entrée, ils se sont emparés des armes des gardiens et ont tiré à bout portant sur leurs victimes. Quelques minutes plus tard, c’était la confusion au niveau de la Maison d’arrêt. Alertés, les renforts ne se sont pas fait attendre. De partout, c’était un ballet de véhicules militaires et des ambulances qui vont dans tous les sens. À moins de 15 minutes, toute la zone a été quadrillée. D’autres témoins nous ont même affirmé qu’un assaillant aurait pris la fuite avec arme à la main, tandis qu’un autre serait embarqué dans un véhicule de marque Toyota Highlander. L’opération a pris tout l’après-midi de samedi, 1er juin 2013. Qu’il s’agisse d’une tentative d’évasion au niveau de la Maison d’arrêt de Niamey ou d’une attaque de l’extérieur pour libérer des prisonniers présumés appartenant à la secte islamiste Boko Haram qui sévit dans le Nord Est nigérian, l’objectif des auteurs de cette attaque du samedi 1er juin, en plein jour et en plein centre-ville de Niamey, est atteint selon plusieurs personnes que nous avons interrogées. Car, disaient-elles, la psychose est désormais installée dans les esprits depuis les attentats suicides du 23 mai 2013 intervenus à Agadez et à Arlit, ayant occasionné la mort de 24 militaires et un civil. Avec les évènements de ce samedi 1er juin dans la capitale, la peur ne fait que s’ancre davantage au niveau de l’opinion publique nationale. Cependant, jusqu’à présent, aucun groupe terroriste n’a revendiqué les évènements qui se sont déroulés ce samedi à la Maison d’arrêt de Niamey. Une autre inconnue de taille, c’est qu’aucune annonce d’évasion n’a été signalée par les autorités pénitentiaires ou le ministère de tutelle.
L’appel à la vigilance lancé par les autorités
Quelques heures avant l’attaque de la Maison d’arrêt de Niamey, c’est-à-dire aux environs de 11h, à l’occasion de la clôture de la première session ordinaire de l’Assemblée nationale au titre de l’année 2013, le président de ladite institution, Hama Amadou, a consacré un discours de 17 minutes à la sécurité. «La sauvage agression du Mujao commande à notre peuple tout entier de comprendre qu’il est tenu à un devoir de vigilance accrue et une discipline collective plus rigoureuse. Car, le Niger ne doit plus faire preuve de complaisance ou de compréhension à l’égard de l’insolite ou de l’inhabituel. Tout, à cet égard, devra désormais être signalé, vérifié et minutieusement contrôlé», a-t-il déclaré.
Signalons que depuis la mise en exécution des menaces d’attaques terroristes par le Mujao, le 23 mai 2013, les autorités nigériennes, à tous les niveaux, multiplient les rencontres avec les différentes couches socio-professionnelles du pays pour dénoncer toute personne suspecte. Face à un ennemi qui mène une guerre asymétrique, la seule façon d’aider les forces de défense et de sécurité, c’est de signaler la présence de toute personne à apparence douteuse, avant qu’elle n’agisse.
Moussa IBRAHIM
Correspondant au Niger