Attaque terroriste à Grand Bassam : A qui le tour ?

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Grand Bassam

Par le passé, le terrorisme était un problème qui concernait les grands pays, tels que les États-Unis, l’Angleterre et la France. Même si les meilleurs ennemis des djihadistes sont toujours en tête sur leurs listes cibles, de nouveaux territoires sont désormais dans leurs viseurs. Après la Côte d’Ivoire, quel pays sera la prochaine cible ?

Situé à une quarantaine de kilomètres à l’Est d’Abidjan, ce complexe touristique est très fréquenté par les Occidentaux. La nature terroriste de l’attaque ne fait aucun doute. Cet attentat ressemble aussi aux attaques menées à Ouagadougou (Burkina Faso) le 15 janvier, à Mogadiscio (Somalie) le 21 janvier et à Bamako (Mali) le 20 novembre 2015. Le bilan de ces attentats sur le sol africain ces derniers mois est lourd: 39 morts à Sousse (Tunisie), 30 à Ouagadougou (Burkina Faso), 19 à Mogadiscio (Somalie), 22 à Bamako (Mali) et 22 à Grand Bassam (Côte d’Ivoire).

Cette attaque, comme les autres, n’est pas anodine. Elle touche la culture occidentale que les zélateurs extrémistes du prophète Mahomet vomissent et rejettent en bloc. Elle vise à imposer la charia dans les lieux de perdition que sont les plages, les bars, les boîtes de nuit, les salles de spectacle, etc. L’objectif des islamistes est aussi de conserver et renforcer leurs bastions musulmans, surtout dans le nord de l’Afrique: la Libye, la Tunisie, l’Égypte, l’Algérie, le Maroc et la Mauritanie qui comptent plus de 99 % de musulmans. Le Sénégal, le Niger et les deux Soudans dépassent 97 %, et 92 % de la population malienne est musulmane. Les «mahométans» sont de 84% en Guinée, 65 % au Burkina Faso et 55% au Tchad. Avec 16 % d’adeptes du Prophète, le Ghana, l’Éthiopie (34 %), le Cameroun (20 %) et la République centrafricaine (15 %), ces pays font figure de terres de mission. Et les ‘’chiens’’ d’infidèles, occidentaux ou pas, devront se convertir ou mourir. Et tous ceux qui les soutiennent aussi. Après la Côte d’Ivoire, quel pays sera la prochaine cible ?

Et l’Afrique ne sera désormais plus épargnée puisque le Sénégal est aussi dans le cœur de cible de ces gens, selon certaines informations. La décision du gouvernement d’interdire le voile intégral dans ce pays ne va pas arranger les choses. Macky Sall a confié mardi 17 novembre 2015: « Le port du voile intégral ne correspond ni à notre culture ni à nos traditions ni même à notre conception de l’Islam.» Et le premier des Sénégalais avait affiché son refus ferme de se soumettre à la volonté d’individus peu recommandables d’imposer leur vision erronée de l’Islam au monde.

Cette attaque meurtrière vise en Afrique plusieurs objectifs. « Punir » ces alliés africains de la France contre le terrorisme, et, parallèlement, affaiblir l’un de leurs poumons économiques, le tourisme, comme c’est le cas en Côte d’Ivoire, et plus encore au Sénégal, cible potentielle, selon les observateurs.

Ces derniers jugent que cette attaque visait aussi directement la France, coupable aux yeux des islamistes d’être intervenue au nord-Mali en janvier 2013. Entre 800 et 900 militaires français stationnent dans quatre bases, dont l’une à proximité de Grand-Bassam, capitale historique de la présence française. « Pour Aqmi, cela permet de dire à Paris : ‘’Vous voyez, vous faites la chasse aux djihadistes au Mali, au nord du Niger, dans la bande sahélo-saharienne, mais nous, on vous tape au cœur du business et de la présence française dans la région. En plus, on cible Grand-Bassam, site historique où vos cadres expatriés vont à la plage le dimanche’’», a déclaré hier Antoine Glaser, grand spécialiste de l’Afrique. « L’extension des frappes d’Aqmi dans la région est le prolongement normal de la guerre qui se poursuit contre les djihadistes dans le nord du Mali», pense aussi l’expert mauritanien des mouvements djihadistes, Isselmou Ould Salihi. L’opération militaire française Barkhane, qui a succédé à Serval, devra-t-elle être redimensionnée et élargie ? Les forces françaises présentes dans ces pays « amis » devront sans doute, de plus en plus, être mobilisables pour la lutte anti-terroriste.

La Turquie qui vient, elle aussi, d’être frappée à Ankara ? Encore la France, qui est sensible à la première rumeur venue ? En particulier celle qui a couru les 11 et 12 mars et qui recommandait d’éviter d’aller dans les grandes surfaces parisiennes. C’est l’essence même du terrorisme : frapper aveuglément, n’importe où, n’importe quand, sans distinction, sous n’importe quelle latitude, sans crier gare avec l’objectif de faire naître et grandir chez l’adversaire un sentiment total d’insécurité et de terreur.

Paul N’GUESSAN

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