D’ordinaire, on ne voit pas les chefs d’Etat africains se mobiliser pour soutenir un pays terrorisé que lorsqu’il s’agit d’un de leurs bailleurs de fonds. C’était le cas après les attentats contre Charlie-Hebdo à Paris. A cette occasion, outre les messages de compassion de nos chefs d’Etat, ils étaient nombreux à marcher aux côtés de François Hollande en guise de protestation contre cette barbarie. Si certains présidents africains ont joué au coude à coude pour être au premier rang de la marche, d’autres n’avaient pu retenir leurs larmes pour compatir à la douleur des Français. Cette fois-ci, on peut affirmer que la récente attaque de Bamako a éveillé leur conscience sur la nécessité d’une solidarité sous-régionale accrue. Mieux vaut tard que jamais, nous enseigne l’adage. Même si une fois n’est pas coutume, cette première mobilisation des dirigeants africains au tour du Mali est à saluer. A la grande satisfaction de tous, seulement 48 heures après l’attaque de l’hôtel Radisson, outre les messages de solidarité, on a vu des chefs d’Etat de la sous-région manifester leur soutien au Mali sur le sol malien. C’est le cas des présidents sénégalais, Macky Sall, béninois, Yaye Boni et du Premier ministre burkinabé, Isaac Zida. Suite à l’attaque terroriste qui a endeuillé le Mali et la communauté internationale, en sa qualité de président en exercice de la Cedeao, le président sénégalais, Macky Sall, s’est rendu au Mali le dimanche 22 novembre. L’objectif était de présenter les condoléances et apporter un message de solidarité du Sénégal, de l’ensemble des pays de la Cedeao, et de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (Omvs) à notre pays. Aussi, a-t-il déclaré qu’en accord avec le président de l’Omvs, le Guinéen Alpha Condé, et du président mauritanien, l’organisation observera avec le Mali un deuil de trois jours dans chacun des pays membres en guise de solidarité. Avant de notifier à son homologue malien que jamais le Mali ne sera «seul dans son combat contre les terroristes. Le Sénégal est engagé dans tous les combats livrés par le Mali pour préserver son intégrité, l’unité nationale et l’indépendance de ce grand peuple qui a tant donné à l’Afrique», a-t-il ajouté. 24 h après le président sénégalais, celui du Bénin a rallié Bamako. A son arrivée, il a signifié que le Mali n’est pas seul et ne restera pas seul dans cette lutte. «Le monde entier a vécu cette barbarie, cette attaque horrible qui a endeuillé le Mali et le monde entier. Le Mali n’est pas seul, le peuple malien n’est pas seul, mon frère Ibrahim, vous n’êtes pas seul. Vous pouvez compter sur le peuple béninois, sur tous ces peuples qui forment notre espace de destin, c’est-à-dire l’Uemoa, bref sur l’humanité toute entière car cette attaque est contre toute l’humanité et nos valeurs universelles », a déclaré le président Thomas Yayi Boni. Le Burkina voisin n’est pas resté en marge de cette chaîne de solidarité. Son Premier ministre, Isaac Zida était à Bamako le lundi 23 novembre. Il a condamné cet acte horrible avant d’affirmer son soutien à notre pays. La Guinée Conakry aussi s’est faite distinguer. Avant la déclaration du président sénégalais, le chef de l’Etat guinéen avait déjà décrété trois jours de deuil national pour témoigner sa sympathie au peuple malien. En Côte d’Ivoire, c’était le même élan de solidarité. Le chef du gouvernement ivoirien, Daniel Kablan Duncan, s’est rendu à l’Ambassade du Mali à Abidjan. Il a exprimé la consternation du peuple ivoirien et la grande solidarité des autorités. Sur le registre des condoléances qui a été ouvert à l’ambassade, M. Duncan a écrit ceci: “S. E. M. Alassane Ouattara, président de la République, le gouvernement et le peuple ivoiriens sont profondément attristés par le lâche attentat terroriste dont l’hôtel Radisson-Blu de Bamako a été le théâtre le vendredi 20 novembre 2015, qui s’est soldé par une vingtaine de morts. La Côte d’Ivoire ne peut demeurer indifférente à cette autre tragédie qui frappe le peuple frère du Mali, en raison, à la fois de la proximité géographique et des liens sécuritaires de fraternité qui unissent nos deux peuples. Face à cette barbarie sans nom, nous voudrions réitérer nos condoléances les plus attristées aux familles endeuillées, nos vœux de prompt rétablissement aux blessés et assurer le gouvernement et le peuple maliens de notre fraternelle solidarité”. Nous rapporte Koné Houleymatou Diallo, une employée de l’ambassade du Mali.
Oumar KONATE26