Alors que le Niger n’a pas encore fini de pleurer ses morts suite à l’attaque meurtrière contre un convoi de commerçants dans la zone de Tillabéri, c’est l’armée malienne qui déplore dans ses rangs, la perte d’au moins 33 soldats.
Cette embuscade contre les FAMA dans la région de Gao et qui a nécessité l’intervention de la Force Barkhane, est la preuve, s’il en est, que les terroristes qui écument le Sahel, font preuve d’ingéniosité dans la préparation et l’exécution de leurs basses besognes. C’est d’autant plus vrai qu’ils auraient utilisé une diversité d’armements, mettant ainsi en difficulté l’armée malienne. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les forces du mal qui ont repris du poil de la bête après leur débâcle en 2013, suite à l’opération Serval, donnent du fil à retordre à nos armées ; tant et si bien que l’on en vient à se demander qui arrêtera l’hydre ? C’est dire si les autorités de la Transition malienne ont du pain sur la planche. Car, en dépit de divers accords signés entre les groupes d’autodéfense et les groupes terroristes dont l’encre du dernier n’a pas encore séché, le Mali continue de subir la furia des terroristes. Faut-il croire aux vertus du dialogue avec ces ingénieurs du mal, pour ramener la paix au Mali? Difficile de nourrir un optimisme béat. Face à des individus sans foi ni loi, mieux vaut avoir plusieurs flèches dans son carquois. Car, tout porte à croire que ces marchands de la mort n’entendent que le langage de la force. Autant dire que ce n’est pas demain la veille que la paix reviendra sur les bords du Djoliba. On est d’autant plus fondé à le penser que le nombre de forces étrangères ne fait que s’accroître au Mali. Malgré tout, la paix dans le Sahel reste, jusque-là, vaine. Pire, le Mali, et c’est peu de le dire, se « somalise » de plus en plus. Et on peut croire que le pays de Modibo Kéita constitue le ventre mou de la lutte contre le terrorisme au Sahel.
Les FAMA gagneraient à apprendre vite de leurs erreurs
En effet, si des pays voisins comme le Burkina et le Niger, sont régulièrement attaqués, c’est bien souvent parce que les FAMA n’arrivent pas à contenir les abeilles de la ruche terroriste. D’où la nécessité de repenser la stratégie de lutte contre le terrorisme au Sahel. Et plus tôt on le fera, mieux cela vaudra. Cela est d’autant plus nécessaire que, que ce soit au Mali, au Burkina ou au Niger, les populations ont payé un lourd tribut dans cette guerre interminable. En tout cas, au-delà des économies ruinées, c’est une liste de veuves et d’orphelins longue comme le bras que produisent les terroristes dans ces trois États. Quid du vivre-ensemble ? Le tissu social, et c’est peu de l’affirmer, est mis à rude épreuve au point que certaines communautés se regardent en chiens de faïence. C’est dire si nos armées, en commençant par celle du Mali, se doivent de tenir la dragée haute aux malfaiteurs des temps modernes. En frappant si fort, les terroristes donnent à penser qu’ils sont vraiment maîtres du terrain. Et les FAMA gagneraient à apprendre vite de leurs erreurs. Elles doivent constamment garder l’arme au pied. Du reste, on a le sentiment que cette attaque est un message adressé aux autorités maliennes mais aussi aux forces alliées qui, lors du sommet de N’Djamena, ont décidé de mobiliser plus de ressources contre le terrorisme. Et il serait suicidaire de le minimiser.
Arouna Traoré