Alger s’immisce dans les affaires politiques maliennes en détournant à son profit les objecifs des assises de la coalition de Bamako en vue d’installer un Haut comité d’Etat à prérogatives constitutionnelles qui conforte l’intervention armée au Nord du pays. Le pouvoir de Bouteflika veut en faire une tribune de sa “solution politique négociée” avec “toutes les parties concernées” a annoncé dimanche Mourad Medelci .
A quel jeu fourbe se prête Alger dans le traitement de la crise malienne? Le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, vient d’annoncer dimanche une rencontre avec “toutes les parties concernées entre Maliens” au Mali que celles-ci “soient au nord ou au sud, rebelles ou au pouvoir” relevant que “si une des parties concernées demandait à discuter avec l’Algérie pour impulser la solution politique et le dialogue, l’Algérie est ouverte au dialogue avec les frères maliens depuis 20 ans”. Que signifie ce revirement spectaculaire pour un dialogue de “foire d’empoigne” au moment où Alger semblait donner des signes favorables à l’intervention armée, même si l’option du dialogue restait de mise. Mourad Medelci en annonçant cette rencontre au Mali veut-il parler des assises sur les concertations nationales maliennes prévues initialement au Mali du 26 au 28 décembre 2012 et reportées début décembre du 10 au 12. Ces assises, qui portent sur la crise politique de Bamako, devraient se prononcer sur le maintien ou non des institutions constitutionnelles actuelles et la création d’un Haut comité d’Etat doté de pouvoirs consultatifs et dirigé par le président de la transition, secondé par un militaire et un civil. Régler la crise constitutionnelle, tel est l’objectif principal de ces assises sur lesquelles, selon les observateurs, pèse d’ores et déjà, les vélleités d’une reprise des armes de la junte militaire, par la confrontation entre pro-putsch et anti-putsch ?
A quel rôle malsain s’apprêterait Alger en s’immisçant dans la tenue de ces assises? Abdelaziz Bouteflika n’hésiterait pas à soutenir le retour de la junte militaire au Mali qui serait ainsi confortée de ne plus se voir cantonnée dans les casernes et, en même temps, soustraite d’une intervention militaire qui lui ferait de l’ombre avec les contingents des troupes ouest africaines qui stationneraient à Bamako. Et pas seulement. Un retour de la junte militaire au Mali conforterait Alger puisque les puissances occidentales, la France et Washington, assortissent leur appui logistique à l’intervention armée, par la nécessité impérieuse que celle-ci soit légitimée et soutenue par des institutions démocratiquement élues ou, du moins, par des institutions de transition issues d’une Coalition à prérogatives constitutionnelles. Ce qui contrarie, dans un continent sujet à des coups d’Etat militaire, l’option d’une «solution politique négociée » dans une situation politique en crise que cherche, par ces assises mêmes, à régler Bamako, en vue de donner une crédibilité politique par l’installation d’un Haut comité d’Etat qui se chargerait de régler les conflits politiques internes et de mener l’intervention à son terme.
Dans un entretien à TSA , samedi 24 novembre, Tiébilé Dramé, Premier vice-président de la Coalition pour le Mali qui soutient l’intervention armée au Nord-Mali, considère que le report de ces assises est “une sage décision” dans la mesure où “une bonne partie de la classe politique et des forces vives n’y auraient pas participé. Les conclusions auraient conduit à la division du pays. On ne va pas faire des assises pour approfondir ces divisions. Le Mali donne de lui‑même au monde l’image d’un pays divisé alors qu’il y a une mobilisation extraordinaire autour du Mali, l’image d’un pays qui ne prend pas la mesure de la gravité de la situation.” S’exprimant sur le rapport qu’il y aurait entre ces assises et les négociations avec le MNLA et Ansar Eddine pour lesquelles Alger est en ligne, le Vice-président de la Coalition malienne écarte toute participation de ces deux groupes, encore moins d’officiels d’Alger : “Il n’était pas prévu qu’ils participent. Ils ne figuraient pas sur la liste des participants et je n’ai entendu personne au Mali dire qu’il faut les inviter. En fait, le président avait proposé que les assises mettent en place une Commission nationale de négociations avec le MNLA et Ansar Dine. Et je pense qu’avant les négociations, le Mali doit mettre en place une structure de gestion de la crise au nord.”
Pour Tiébilé Dramé “La majorité des Maliens sont pour l’intervention militaire. Plus grave, on sent une radicalisation de l’opinion vis‑à‑vis du MNLA et d’Ansar Dine. La classe politique et la société civile malienne sont favorables à une intervention militaire pour permettre au Mali de se libérer des groupes armés étrangers. Je pense que l’assistance militaire et diplomatique étrangère doit permettre au Mali d’exercer sa souveraineté sur chaque centimètre carré du territoire malien. Nous avons œuvré pour que la communauté internationale adopte cette résolution. Nous avons fait du lobbying pour obtenir la résolution 2071 du Conseil de sécurité de l’ONU.”
L’Algérie, en menant des négociations avec ces deux groupes, veut-elle bloquer l’intervention? A cette question, le chef de la Coalition répond sans mâcher ses propos : “L’Algérie doit sortir des ambigüités dans la gestion de la présente crise. Il faut éviter que les négociations apparaissent aux yeux des Maliens comme des manœuvres dilatoires pour empêcher l’action militaire. Tous les gens au Mali se demandent si l’Algérie souhaite réellement que l’État malien exerce sa souveraineté dans le nord. Il faut que les Algériens sachent qu’il y a beaucoup de récriminations dans ce pays vis‑à‑vis de l’Algérie. Ce n’était pas le cas il y a quelques mois. Elle doit dissiper vraiment les malentendus. L’Algérie devrait être claire et ferme en ce qui concerne la souveraineté et l’intégrité du Mali. Les divers accords de paix signés sous l’égide de l’Algérie en 1991, en 1992 et en 2006 ont un dénominateur commun : l’allègement du dispositif sécuritaire, le cantonnement des troupes. La mise en application de ces accords a créé un vide au nord du Mali et des zones grises où l’État n’existait plus. Ça a commencé avec les trafiquants de cigarettes, les trafiquants de drogue et puis l’installation du GSPC et d’Aqmi. Ce que le Mali a accepté sous médiation algérienne, l’Algérie ne l’acceptera jamais. Elle n’acceptera jamais de renoncer à exercer son autorité militaire sur une région de son territoire. À ce qu’il n’y ait pas de militaires à Tamanrasset, à Reggane.”
Ainsi tout le martèlement médiatique d’Alger sur la souveraineté et l’intégrité du Mali ne serait qu’une “manoeuvre dilatoire” dans la mesure où les premières négociations menées avec Ansar Eddine en juin dernier par Abdelaziz Bouteflika ont été faites sans en référer à Bamako.
Les propos du vice-président de la Coalition sont clairs. Les assises sur la crise politique malienne pour aboutir à la formation d’un Haut Comité d’Etat avec des prérogatives constitutionnelles, ne concerne nullement le dialogue au Nord-Mali et, de ce fait, Alger n’est pas invité à ces assises. Dans la mise au point faite par le ministère des Affaires étrangères algérien aux propos de Tiébilé Dramé, Alger semble détourner, corrompre la tenue de ces assises qu’il veut transformer en tribune de son “option politique négociée”: “Il est attendu de la tenue des assises nationales de doter le pays d’une feuille de route comportant un échéancier électoral et de mettre sur pied la structure nationale chargée d’engager un dialogue inclusif avec les représentants des populations du nord du Mali qui renoncent, sans ambiguïté, au terrorisme et au séparatisme et qui ont des revendications légitimes à faire valoir par des moyens exclusivement pacifiques”.
Or, pour le responsable de la Coalition malienne, la tenue de ces assises politiques conforte la décision de l’intervention au Nord-Mali par la création d’une structure de gestion chargée d’en suivre l’évolution. En annonçant ces assises comme devant permettre un dialogue avec “toutes les parties” en conflit, Mourad Medelci sème encore et toujours le trouble dans les choix politiques du Mali qui contrarie en vérité le dialogue d’Alger. En définitve, Alger ne veut pas de ces assises de la Coalition malienne.
R.N / 26 novembre 2012 | lematindz
je ne suis pas malien,mais camerounais;je vois bien l’activisme des
Algeriens qui est d’éviter que le Mali exerce toute la plénitude de son autorité dans le nord du pays;l’algérie voudrait au mieux pour le nord une souveraineté partagée entre le pouvoir central et les autres;
c’est trop risqué,comme l’a été le fait pour ATT,de laisser s’établir avec armes et bagages les Touaregs fuyant la guerre en Lybie;le mali
doit compter avant tout sur ses propres forces;l’internationalisation
du conflit le rend non seulement militairement, mais diplomatiquement
dépendant des autres;je suis surpris de lire que la Mauritanie n’est
pas prête pour une action armée, alors qu’il y a un an encore son aviation allait bombarder les terroristes au nord du mali;je dis bien au nord du mali;quant à monsieur Blaise Compaoré,je préfère ne pas dire ce que j’en pense,tant cet homme me paraît fourbe;entout état de cause,les autorités maliennes actuelles,parce qu’elles n’ont pas subi l’onction du suffrage universel ne peuvent engager l’avenir;il en est de même pour ceux des maliens qui combattent le pouvoir central,je veux parler d’Ansar Dine et du MNLA;seules les urnes pourront dire si ces groupes sont réellement représentatifs des populations;ce n’est donc qu’après les élections que pourra avoir lieu le dialogue entre les maliens
Vous savez quand un politicien commence à prendre de l’âge ne sait plus se contrôler dans la tempête du moment et si c’est le cas il faudrait l’aider à voir clair pour ne pas se voir emporté par le vent malencontreux.
“LES REVENDICATIONS LEGITIMES DES REPRESENTANTS DES POPULATIONS DU NORD” du n’importe quoi.
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