Assassinat du gendarme du Sahel : Le Mali n’est plus la digue de la région, c’est le Tchad !

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L’ex président IBK affirma lors d’une interview que le Mali est une digue, et que s’il elle cède c’est tous les pays de la région qui en souffriraient. C’était vrai, en ce moment. Car aujourd’hui, avec le flot d’incertitudes qui planent sur le Tchad menacé dans ses fondements, au nord par la rébellion qui veut s’emparer du pouvoir et au sud par BokoHaram, surtout au lendemain de la mort du président, c’est bien ce pays qui est la nouvelle digue.

Après la stupeur ressentie à l’annonce du décès du désormais ex président tchadien, l’heure est désormais à l’inquiétude quant au devenir politique et sécuritaire du Tchad, pilier de la lutte contre le terrorisme au Sahel et verrou stratégique hautement important.

Le Maréchal Idriss DébyItno serait peut-être mort comme il a vécu, c’est-à-dire dangereusement. Mais avant même de faire le bilan de ses trente ans de règne, ce sont les enjeux à court et moyen terme quant au devenir de ce pays qui font l’objet de spéculations. Car le Tchad n’est pas n’importe quel pays de la sous-région. Il est, comme qui dirait un cas à part parmi les pays du Sahel car étant le mieux armé pour faire face au péril du terrorisme. C’est même là, le principal point positif du règne de Débyà a tête du pays après qu’il eut évincé Hissène Habré. Il aura non seulement, certes non sans soubresauts, armer son armée mais aussi en la formant convenablement au comment faire la guerre surtout dans un environnement aussi hostile que le Sahel. Cependant, il faudra aussi rappeler que les tchadiens ont une longue histoire de rébellions cycliques, très souvent avec des motivations ethniques et tribales. Déby aura donc réussi à fédérer les différentes velléités militaires en place. Un exercice souvent d’équilibriste mais tellement indispensable dans un pays comme le Tchad. Il aura donc eu ce mérite-là, contrairement à nombre de Chefs d’Etats africains : de savoir déceler le véritable destin du pays et d’œuvrer à le changer positivement.

De ce fait au fil des ans, Déby est devenu un allié privilégié pour la sécurité et la stabilité de la zone auprès de la France et des occidentaux de manière générale. Et pendant que la chute de Kadhafi aura déstabilisé certains pays de la zone comme le Mali, le Tchad a pu faire face. Du moins jusqu’à l’assassinat du président Déby. Et la crainte qui envahit peu à peu les Sahéliens, c’est si le pays sera toujours fidèle à ce qu’il a été sur le plan sécuritaire et qu’il ne basculera pas dans l’escarcelle des rébellions cycliques.

Tout le mal que l’on peut souhaiter à Mahamat Déby, le fils du défunt maréchal, c’est qu’il ait la réussite de son père en conservant selon toute vraisemblances les mêmes ingrédients, notamment la mainmise du militaire sur tous les aspects de la vie publique.

Au final, il semblerait que le Tchad n’est pas si différent du Mali, pays qu’il aura tant sauvé par le sang de ses dignes fils. Tous deux sont des pays sahéliens fortement enclavés, vivant depuis presque toujours avec des rébellions liées souvent au terrorisme ; sans oublier bien évidemment le fait que nombre de combattants maliens et tchadiens auront évolués en Libye dans les rangs de l’armée de Kadhafi ou encore après la chute de celui-ci, ce qui eut comme effet la déstabilisation des deux pays au retour des combattants dans leur pays, ou encore quand d’autres se fédèrent en groupes d’opposants politiques armés menaçant de faire tomber ce qu’ils qualifient de « dynastie Déby ». Car au Tchad, contrairement à nombre d’autres pays, les véritables opposants sont ceux qui sont armés et qui sont à même de renverser le pouvoir. Et d’ailleurs, l’assassinat d’Idriss Déby eu lieu, selon la version officielle, lors de combats entre l’armée tchadienne et le groupe armé fort du moment, le Front pour l’Alternance et la Concorde au Tchad (FACT). Ayant pris forme dans le sud libyen où ses membres ont pu s’aguerrir et s’armer, le Front armé qui n’est né qu’en 2016, entend bien s’emparer du pouvoir, peu importe la manière.

Mais Déby n’était pas qu’un chef de guerre. Sur d’autres plans notamment diplomatique, il aura noué des relations avec Israël, énorme coup géopolitique, surtout que bon nombre de pays de la zone rechignent encore à commencer des relations officielles avec l’Etat sioniste. Au demeurant, il était surtout pour l’idée selon laquelle les pays du Sahel prennent à bras le corps leur destin sécuritaire. D’où la création du G5 Sahel, certes avec l’impulsion diplomatique de la France, mais surtout avec le Tchad comme fer de lance. Le calcul est bien simple, sans le Tchad, pas de force conjointe du G5 Sahel.

Qu’à cela ne tienne, s’il y a bien une image que les Maliens devront retenir d’Idriss DébyItno, c’est ce chef d’Etat africain qui aura tout mis en œuvre pour venir en l’aide à leur pays alors que tout semblait incertain sur le plan sécuritaire. Et ce, malgré un lourd tribut payé.

Ahmed M. Thiam

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