Assassinat de journalistes à Kidal : L’humiliation de trop ?

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Dans les rues de Kidal, en juillet 2013. AFP/KENZO TRIBOUILLARD
Dans les rues de Kidal, en juillet 2013.
AFP/KENZO TRIBOUILLARD

Ghislaine Dupont et Claude Verlon, deux éminents journalistes de RFI en reportage au Mali dans le cadre de la préparation d’une émission spéciale sur « la réconciliation nationale », ont été enlevés et « froidement exécutés » par des inconnus à Kidal. C’était le samedi 2 novembre dernier à la sortie d’une interview avec un responsable local du Mouvement national de libération de l’Azawad (Mnla).

 

Depuis lors, c’est la colère et la révolte qui le disputent à l’indignation dans le monde entier. Les messages de condoléances et de compassion fusent de partout, condamnant avec véhémence cet acte d’une barbarie ignoble et d’une infâme cruauté survenue au nez et à la barbe des forces de Serval et de la Minusma, sensées sécuriser la ville.

 

 

Pour dénoncer cet énième acte criminel, l’ensemble de la presse malienne s’est mobilisée ce lundi pour une marche silencieuse afin de rendre hommage à nos deux confrères et crier par la même occasion le ras-le-bol des hommes de média devant « l’absence de protection et de sécurité pour les journalistes dans l’exercice de leur métier ».

 

Quant au gouvernement du Mali, après avoir condamné le crime, il a diligenté une enquête pour poursuivre, arrêter et punir tous les auteurs et leurs éventuels complices, suivant en cela le Parquet de Paris. Les jours prochains nous indiqueront combien vaut une telle initiative dans un pays où l’Etat est en lambeau à l’issue d’une crise sécuritaire et institutionnelle sans précédent. Selon certaines sources, les enquêtes progressent et des suspects auraient été déjà arrêtés aussi bien à Kidal que dans les hameaux avoisinants.

 

En attendant la suite des procédures enclenchées, c’est le comble de la colère et de l’indignation généralisée face à la situation de non-droit qui prévaut à Kidal où les bandes armés règnent en maîtres absolus sur la ville et ses environs. Pendant ce temps, les troupes de l’armée malienne, quelques 200 à 250 soldats (chiffres imposés par les rebelles du Mnla et Hcua) demeurent cloitrés dans leur camp, uniquement destinées à des « opérations de police » dans une ville dont le premier magistrat, représentant direct du Chef de l’Etat, est confiné dans un studio avec l’ensemble de ses plus proches collaborateurs (préfets et sous-préfets, entre autres).

 

Ne sont-ce pas là le symbole et les signes évidents de l’extrême humiliation pour une nation ? Et pourtant que de promesses lors des campagnes pour l’élection du président de la République en juillet et août derniers.

 

Presque 3 mois après jour pour jour, le peuple semble abasourdi par l’ampleur de la désillusion. Mais puisant, comme d’habitude, des énergies insoupçonnées dans une histoire commune glorieuse, il ne s’avouera jamais vaincu face à l’obscurantisme et la barbarie d’individus ni foi ni loi dont le seul mode d’expression est la violence inouïe et gratuite alors que leur est grandement ouverte la voie du dialogue et de la conciliation.

 

 

Tôt ou tard, le Mali se convaincra que pour dialoguer il faut au moins être deux. Lorsqu’on a en face de soi des gens qui ne connaissent que la loi du Talion, alors, l’usage de la force devient l’ultime solution.

 

La terre du Mali a été si souillée ces dernières années, qu’elle ne peut plus tolérer d’autres crimes sur d’innocentes victimes, dont le seul délit est de ne pas partager l’attitude belliqueuse et va-t-en guerre de quelques illuminés.

 

Peuple du Mali, réveille-toi pour reconquérir ton honneur et ta dignité perdus ! Nulle ne le fera à ta place si tu n’en prends l’initiative. Comme le dit l’adage « Aidez-moi à abattre mon lion, il faudrait auparavant que toi-même aies la tête bien entre les mains ».

 

Bréhima Sidibé

Commentaires via Facebook :

10 COMMENTAIRES

  1. Monsieur le président, vous avez été témoin de ce qui est arrivé à M. Morsi. Si vous ne répondez pas aux aspirations de ce peuple qui vous a élu, ce sera ce même peuple qui vous déposera.
    Si ce problème de Kidal n’est pas résolu avant le 31/12/2013 vous dégagerez en douceur ou par la force.
    Excellente journée à tous.

  2. IBK est dépassé. D’ailleurs a-t-il été une seule fois à la hauteur de la mission? Jusqu’ici c’est plutôt le contraire qu’il démontre. Mais le borgne est tjrs roi dans un pays d’aveugles.

    • “Mais le borgne est tjrs roi dans un pays d’aveugles”, comme un con mieux placé pour amuser la galerie. Quand on ne sait pas ce qu’on dit on est pas loin de la débilité.

  3. Le peuple observe IBK et ce qu’il va faire dans les prochains jours par rapport à la libération de Kidal. Sinon, c’est lui que le peuple fera partir. Ce qui s’est une fois produit, peut se reproduire n fois. Bientôt la patience du peuple atteindra une limite infranchissable.

  4. Il n’est pas question d’une humiliation de trop pour le Mali suite à l’assassinat sauvage des deux journalistes . Kidal est ingérable et ingérée , c’est la loi du Far West il y a 2 siècles aux USA .Et surtout il manque un shériff à poigne !!
    On reproche continuellement à la France d’avoir empéché l’armée malienne à Kidal .Qu’aurait elle fait dans le cas présent ? Rien c’est a dire pas plus que les autres . Sans doute meme que les réglements de comptes aient déclenché des morts de tous les cotés chaque jour que Dieu fait !! voulez un gouverneur malien à Kidal ? il sera assassiné en moins d’une semaine ,meme entouré d’une armée de gardes du corps .

    • Toi tu connais quoi à kidal? L’armée malienne est sur son territoire donc elle doit être libre de mouvement, ce que tu connais pas cher blanche neige il y a beaucoup de ressortissant de ces zones qui sont dans l’armée et qui connaissent bien ces zones. Au lieu de nous aider la France a remis en scelle le MNLA qui à son tour n’ayant plus de combattants a fait appel à des islamistes qu’ils ne contrôle pas.

    • Que propose tu à la place d’un Malien comme gouverneur dans une ville malienne?
      Si la France avait installée et soutenu l’armée malienne à Kidal comme elle l’a fait à Gao et Tombouctou on en sera pas la aujourd’hui.

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