Armées étrangères en Afrique : sympathie ou politique d’expansion économique ?

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Présentes en Afrique, les forces militaires étrangères constituent une politique d’expansion économique. Leur présence n’est pas seulement que sympathie. Explication.

Dans sa grande majorité, le peuple africain semble insatisfait de la présence des forces étrangères sur leur sol. Une présence qui se justifie par la lutte contre les crises qui coupent le sommeil à beaucoup d’États africains.

Cette insatisfaction mérite une attention particulière. Il s’agirait d’une impression sincère ou d’une expression d’antipathie envers les forces étrangères, ou le Blanc en particulier.  Cette insatisfaction pourrait se comprendre également comme le résultat d’une divergence d’objectif et d’entente dans l’appréciation de l’efficacité de ces forces présentes sur leur sol.

Nouvelles stratégies d’expansion

Il serait difficile de donner une réponse toute faite à cette crinière de questions. Des analystes sont quasiment tous unanimes qu’à la différence de la période précoloniale, la mission dite « civilisationnelle » n’est plus branlée pour justifier cette présence sur le territoire africain. Cet ancien prétexte devenant caduc par la force du temps, les impérialistes occidentaux procèdent à un changement de paradigme.

D’une part, les atteintes aux droits de l’homme, la lutte contre les trafiquants de drogue et d’armes, le terrorisme, l’extrémisme violent et la piraterie maritime, sont mis en avant pour justifier leur présence. D’autre part, ils tentent de la justifier par le désir d’assurer la stabilité dans les États moins organisés, veiller à ce que la paix et la concorde soient partout dans le monde.

Les nombreuses bases militaires installées à Djibouti ou dans le Sahel, les moyens matériels, financiers et humains déployés, pendant l’invasion de la Libye ou dans la lutte contre le terrorisme au Sahel et en Somalie, pour expliquer cette présence sur les côtes africaines ne sont pas non plus convaincants.

Selon de nombreux observateurs, la présence des forces armées étrangères en Afrique ne peut s’expliquer qu’étant de nouvelles stratégies conceptualisées par les grandes puissances pour étendre leur pré-carré ou tout simplement le conserver.

Des présences dissuasives

Cette idée, qui est de plus en plus soutenue par certains africains ainsi que des Occidentaux, est plausible. Il suffit d’être un observateur attentif aux événements, à chaque fois qu’une puissance étrangère s’installe dans un pays africain, pour s’en rendre compte. Elle est persuasive. Jusqu’ici aucun théâtre de ces forces étrangères n’a été pacifié. Au contraire, il s’envenime.

La situation sécuritaire au Sahel, après l’opération militaire française au Mali en 2013, celle de la Libye en 2011, de la République Démocratique du Congo en 2003, de la Somalie en 1992, du Nigeria en 2016, en sont des illustrations. Ces zones exhibent clairement que les opérations des puissances militaires en Afrique ne profitent pas aux Africains. Elles aggravent d’une part la crise pour laquelle elles se disent être mobilisées ; et d’autre part, elles déplacent cette crise ailleurs.

L’enlisement de la violence, liée aux activités des djihadistes dans tout le Sahel et de l’insécurité dans toute la Libye et même au-delà de ses frontières, illustre cette politique d’occupation des terres africaines. Mieux, les activités auxquelles s’adonnent les militaires des forces étrangères en terre africaine sont celles qui permettent de se rendre compte davantage que la fin de leur présence dans ce continent ne vise autre chose que l’instauration d’un équilibre entre les États impériaux, pour lesquels ce continent est vu comme la terre de l’avenir. Celle qui dispose de plus de ressources naturelles non exploitées dans le monde.

L’interdiction du droit de siège aux forces de défense malienne dans la ville de Kidal est un fait qui montre que la France n’est pas intervenue au Mali pour permettre aux Maliens d’exercer leur souveraineté sur toute l’étendue de leur territoire, mais juste pour protéger ses intérêts dans la sous-région.

De nouveaux acteurs

Contrairement aux premières heures de la pénétration occidentale en Afrique, aujourd’hui, ce sont des accords de défense, des partenariats bilatéraux ou multilatéraux dans divers domaines que les grandes puissances, par essence des Nations prédatrices des peuples faibles ou en situation de détresse, signent avec les États africains pour revenir se faire une place.

Les peuples africains, qui ont été assujettis tour à tour par les puissances militaires européennes, depuis le contact des noirs avec les Occidentaux, sont de nouveau plus qu’auparavant sous l’emprise de celles-ci.

La liberté qui avait été prétendument accordée à ces peuples, pour qu’ils s’occupent de leurs affaires internes, est confisquée de nouveau sans que cela offusque. Pire, les anciens maîtres ne sont plus les seuls, à se présenter de nouveau sur le continent. Les autres Nations militairement puissantes ou émergentes se font remarquer au grand dam des Européens.

Des indépendances confisquées 

La situation actuelle en Afrique n’augure pas un avenir heureux pour ses enfants. Les Européens qui avaient accepté, malgré eux-mêmes, de se retirer visiblement de ce continent se font de plus en plus visibles à travers leurs armées dans presque tous les points dits stratégiques du continent. Le temps de grâce qu’ils avaient accordé aux peuples africains, que ces derniers ont appelés indépendance, a pris fin sans que les Africains ne parviennent à s’organiser et former des États forts. Faut-il pour autant en vouloir aux Européens ? Pas tout à fait.

Les Africains ont passé le temps de leur brève autonomie à se disputer autour des postes de responsabilité, à s’entre-tuer pour des futilités. Quant aux Nations européennes, elles ont mis à profit ce temps pour se construire, sceller de nouveau contrat sur la répartition des ressources des peuples moins organisés. Mais aussi se mettre d’accord sur les nouvelles règles du jeu du partage du monde et ses richesses naturelles après que celles mises en place lors de la Conférence de Berlin en 1885 étaient devenues caduques.

Mikaïlou CISSE

Les opinions exprimées dans cet article ne sont pas forcément celles de Sahel Tribune.

Source : https://saheltribune.com

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