Si l’événement a suscité un certain émoi, il n’a créé, en revanche, aucune panique au sein de la population. Cette «placidité», qui contrarie certainement les noirs desseins des terroristes, ne doit pas empêcher les autorités compétentes de prendre diligemment les mesures idoines pour sécuriser la population, non seulement de Bamako, mais aussi celle de tout le Mali.
Surtout lorsque l’on sait que l’attentat a pu être perpétré à cause des failles de notre dispositif sécuritaire. Avant ledit attentat, la présence d’individus louches dans la forêt classée des Monts Manding avait été signalée à qui de droit par la Sécurité d’Etat, elle-même certainement alertée par des agents des Eaux et Forêts. Une équipe de reconnaissance, constituée de commandos – parachutistes de Samanko, avait été envoyée sur les lieux et avait découvert sur place un véritable arsenal, composé notamment de fusils d’assaut, de munitions, d’ordinateurs portables, de documents en arabe…
Mais les occupants indésirables de ce camp se seraient éclipsés in extremis dans la nature. L’on est fondé à croire que, parmi eux, figuraient peut-être des auteurs de l’attentat de la «Rue Princesse» ou leurs commanditaires. En vérité, l’affaire comporte beaucoup de zones d’ombre, qui appellent une foultitude de questions.
Quels sont les relais entre Al Mourabitoune de Mockhtar Belmocktar, un habitué des coups d’éclat, et les exécutants finaux? Comment sont-ils passés à travers les mailles successives des filets de sécurité? Y-a-t-il une ou des cellules dormantes de ce mouvement à Bamako? Ces questions méritent des réponses claires et précises.
Quid des fameuses cameras de surveillance? Il nous revient qu’une de ces cameras est installée juste en face de la pâtisserie «L’Express» et aurait pu, dès lors qu’elle fonctionnerait, «balayer» toute la «Rue Princesse» et livrer ses précieux secrets aux enquêteurs.
A propos d’enquête, tous les témoins privilégiés – les différents gardiens de nuits du secteur, les petits commerçants, les tenanciers des autres espaces de loisir voisins, les habitants et travailleurs du coin, etc. – ont-ils tous été interrogés, ne serait-ce que pour une reconstitution judicieuse des faits?
Toujours est-il que, en attendant, il convient de tirer toutes les leçons de cette sanglante «première», pour qu’il n’y en ait pas une «deuxième», encore moins une «troisième». En tuant toutes les tentatives dans l’œuf. Il urge donc de se donner les moyens de renforcer le renseignement et le contrôle. Le renseignement, qui est la clé du succès dans une guerre classique. C’est encore plus vrai dans une guerre asymétrique comme celle à laquelle nous faisons face actuellement.
Le tout n’est pas seulement d’avoir les renseignements, encore faut-il les exploiter judicieusement et à temps. Et … agir. Les graves menaces sécuritaires qui assaillent notre pays ne sauraient s’accommoder d’aucun laxisme. En somme, il faut avoir une attitude proactive. La population, qui est censée être la première source de renseignements et au nom de laquelle tout se fait, doit aussi jouer efficacement sa partition, en informant les forces de sécurité de tout cas suspect.
Yaya Sidibé