Après l’attaque terroriste de Grand-Bassam : Grande crainte de représailles contre les maliens en Côte d’Ivoire

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Les agents de sécurité vérifient les corps sur ​​la plage de Grand Bassam après l'attaque menée par Aqmi en Côte-d'Ivoire, le 13 Mars 2016. © REUTERS/Joe Penney

Après l’attaque terroriste de Grand-Bassam, une banlieue abidjanaise dont le cerveau et les supposés auteurs sont des maliens, la crainte de représailles contre la communauté malienne vivant en Côte d’Ivoire devient de plus en plus persistante.

On se rappelle, lors d’une conférence de presse pour faire le point sur les enquêtes que nous avons suivie en direct sur la télévision ivoirienne, tenue le mardi 22 mars dernier, conjointement animée par le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité de la RCI, Ahmed Bakayoko et  Christophe Richard Adou, le procureur de la République près du Tribunal de première instance d’Abidjan, compétente pour l’instruction de l’enquête, le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité de la RCI, Ahmed Bakayoko, en répondant à la question d’un confrère ivoirien concernant la nationalité du principal présumé cerveau de l’attaque, Kounta Dallah, a dit ne pas être en mesure de révéler la nationalité du supposé cerveau de l’attaque par crainte de représailles contre les ressortissants du pays de Kounta Dallah qui sont d’ailleurs très nombreux sur le territoire ivoirien. Un message clair. Si le ministre d’Etat, une autorité aussi importante dit publiquement que la nationalité du principal cerveau ne peut pas être étalée à la place publique afin d’éviter des représailles cela sous-entends qu’il avait une sérieuse menace. Puisque des rumeurs persistantes circulaient dans la capitale ivoirienne concernant une possibilité de représailles contre la communauté malienne très active en Abidjan, en particulier et sur toute l’étendue du territoire ivoirien, en général, car Kounta Dallah serait un ressortissant malien, un des fidèles de Hamadoun Kouffa, le chef du Front de Libération du Macina (FLM) dirigé par ce prêcheur, qui a une vision lugubre de l’islam.
La peur est montée d’un cran du côté des maliens de Côte d’Ivoire quand les autorités sécuritaires maliennes ont annoncé l’arrestation de deux personnes en liaison avec les attaques terroristes en Côte d’Ivoire. Le vendredi 25 et samedi 26 mars dernier au cours de deux opérations distinctes, dans nord de notre pays, deux suspects clé et non les moindres en relation avec les récentes attaques terroristes de Grand-Bassam ont été arrêtés. Il s’agit d’Ibrahim Ould Mohamed arrêté au nord-ouest, près de Tombouctou et de Mydi Ag Sodack Diko interpellé lui au sud de la ville de Gao.
Depuis cette annonce, la peur a gagné les maliens vivants en Côte d’Ivoire qui ne sont d’ailleurs pour rien dans cette attaque. Ils ne sont ni de près, ni de loin concernés. Ils sont aussi victimes des terroristes comme tous les autres. La menace terroriste est globale. Aucun pays, aucune Nation, aucune communauté n’est à l’abri. Ainsi, la menace étant globale, la solution aussi doit l’être.
Des ressortissants maliens à Abidjan et d’autres régions, nous ont fait part de leur crainte. Dans les causeries en ville, dans les marchés, dans les transports, dans les champs dans la Côte d’Ivoire profonde où les conflits intercommunautaires sont permanents, une certaine catégorie d’ivoiriens ne décolèrent pas contre le Mali et les maliens. Ils les accusent, ils les traitent de terroristes ou de servir de soutiens aux terroristes. Donc les complices des terroristes. Après avoir mesuré la gravité de la situation, les autorités ivoiriennes ont multiplié les appels au calme, à la compréhension, à la retenue. Des messages qui appellent les uns et les autres à éviter l’amalgame ont été largement véhiculés. Espérons qu’ils seront entendus par certains nationalistes  ivoiriens qui voient au Mali et aux maliens les responsables de l’attaque de Grand-Bassam.
Même si tant à Bamako qu’à Abidjan, on compte sur la coopération entre les services de sécurité des deux pays pour arrêter tous les auteurs de cette attaque, une certaine opinion en Côte d’Ivoire estime que le Mali est le maillon faible dans la lutte contre le terrorisme. Cette même opinion soutient que dans le nord du Mali, des zones, qui échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères, abritent toujours des groupes liés à Aqmi. Cette vaste zone désertique, un no man’s land constitue la base arrière et le refuge des terroristes, selon elle. Ce qui est une réalité crue.
Moussa Mamadou Bagayoko

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