Après l’assassinat de quatre éleveurs touareg le dimanche 27 mai dernier : Niono sous la terreur d’une attaque du MNLA

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Après le meurtre controversé de quatre éleveurs touareg par des inconnus,le dimanche 27 mai 2012; à Niono, la capitale du riz, poumon de l’Office du Niger, a vécu pendant quatre jours dans la psychose, sinon la terreur d’une éventuelle représaille du Mouvement national pour la libération de l’azawad (MNLA). Cette organisation terroriste, selon des folles rumeurs, avait décidé de venger l’assassinat des quatre Touareg décrits comme leurs partisans. Après avoir révélé l’information dans son édition du vendredi 1er Juin 2012, notre collaborateur Alassane DIARRA est allé mener une enquête sur place.

Fouille d'une voiture par les militaires

Depuis la chute de Tombouctou, après celle de Gao et de Kidal à la faveur du coup d’Etat du 22 mars  2012, qualifié par les observateurs de «coup d’Etat le plus inutile de l’histoire de l’humanité», Niono, la capitale du riz, poumon de l’Office du Niger, vit dans la psychose d’une attaque du Mouvement national pour la libération de l’azawad (MNLA). Celle-ci s’est accrue avec la découverte, le mardi 29 mai dernier, des cadavres de quatre éleveurs Touareg qui avaient mystérieusement disparu le dimanche 27 mai.

Face à la situation, des SMS largement diffusés avaient fait état de l’imminence d’une attaque sur  la ville. Toute chose qui a occasionné le départ de certains résidents vers des villes comme Markala  ou encore Ségou, distantes respectivement d’une soixantaine et d’une centaine de Km de Niono. Conséquences: plus qu’une psychose qui s’était emparée de la ville, c’est la terreur.

La vie tournait au ralenti, avec elle l’économie locale. Les boutiques étaient fermées, en plus des banques qui avaient baissé les rideaux depuis le coup d’Etat du 22 mars 2012. Pour tout dire, les populations de la capitale du riz étaient tétanisées paar la peur et n’osaient plus s’aventurer dehors à la tombée de la nuit.

Le préfet de Niono

Comment les quatre Touareg ont été assassinés ? De nos investigations sur place, il ressort que les quatre Touareg éleveurs de leur état, étaient des habitués du marché de bétail de Niono depuis une trentaine d’années. Les quatre Touareg, deux de race blanche et deux noirs communément appelés les Bella (Touaregs noirs) étaient arrivés à Niono le dimanche 27 mai 2012, pour vendre un troupeau de 56 boeufs.  Ils en ont profité pour réclamer le paiement de leurs créances d’un montant assez élevé à un important marchand de bétail, en l’occurrence Mody Koïta, un Djokoramè bon teint, qui est à la fois le logeur de longue date. Ainsi, dans la nuit du dimanche 27 mai dernier, des inconnus, habillés en tenue militaire, font irruption à une heure du matin chez Mody Koïta et ligotent les quatre Touareg avant de les amener vers Sorowele, à environ 7 Km en dehors de la ville. Là-bas, les quatre Thommes sont froidement assassinés puis jetés dans une fosse commune. Le lendemain, le nommé Mody Koîta a procédé à la vente du troupeau de bœufs des quatre Touareg , éveillant des soupçons sur lui de la part d’un autre marchand de bétail qui s’est demandé pourquoi vendre les bœufs des Touareg en leur absence ?

 C’est ainsi que les parents de ceux-ci sont rentrés en jeu en procédant à une recherche active. Celle-ci a abouti à la découverte, le mardi 29 mai, d’une fosse commune par les éléments de la brigade territoriale de Niono et un comité médical  a été commis pour expertiser les corps par le préfet de Niono, Seydou Traoré.

 Deux hypothèses s’affrontent à propos de l’assassinat

Après la découverte macabre des quatre corps, deux hypothèses s’affrontent. La première a trait à une exécution sommaire des quatre Touareg et la seconde à un règlement de comptes entre éleveurs. Selon les partisans de la première hypothèse, “les quatre Touareg seraient des associés du Mouvement national pour la libération de l’azawade (MNLA)“.

Une hypothèse battue en brèche par certains qui soutiennent que «les quatre Touareg étaient des familiers du marché de bétail de Niono depuis une trentaine d’années».  Ceux-ci privilégient la thèse du règlement de comptes entre éleveurs. A les croire, “c’est Mody Koïta qui aurait fomenté le plan d’exécution des quatre Touareg pour la bonne et simple raison qu’il devait à ceux-ci une somme assez importante dans le cadre de leurs relations d’affaires“. En attendant que toute la lumière soit faite sur cette affaire, le logeur des quatre Touareg a été appréhendé par la brigade territoriale de Niono. Et une enquête est ouverte.

Ainsi, pour disculper Mody Koïta qui médite sur son sort en prison, des individus se sont appliqués à répandre la rumeur selon laquelle ce sont des militaires qui auraient froidement assassiné les quatre Touareg soupçonnés de complicité avec le MNLA  afin de venger leurs camarades d’armes sauvagement assassinés lors des attaques du même MNLA en février et mars derniers. C’est ainsi qu’une intense rumeur  d’une éventuelle représaille du MNLA a fait le tour de la ville. En fait, cette rumeur, sinon cette intoxication, venait des proches de Mody Koïta qui voulaient masquer le forfait de leur parent.

 Niono sous forte protection sécuritaire

 En tout état de cause, cette rumeur a été prise au sérieux par les autorités de Niono.C’est ainsi que le préfet de Niono, Seydou Traoré, a demandé une protection sécuritaire auprès du camp militaire de Diabaly. Ce qui fut chose faite. Ironie du sort, quand ces renforts de sécurité s’acheminaient vers Niono, le petit soir du mercredi 30 mai 2012, ce fut le sauve-qui- peut, la population ayant pris les forces de l’ordre et de sécurité pour des éléments du MNLA. “La terreur fut grande surtout qu’il y avait une coupure d’électricité dans la ville” nous a indiqué le préfet de Niono.

A notre passage à Niono, le week-end passé, la capitale du riz était sous une forte protection sécuritaire. L’entrée et la sortie de la ville sont  filtrées par les forces de l’ordre et de sécurité, qui ont installé des check point.

Nous avons même assisté, à notre passage  à Sorowele, à 7 km de la ville, à des fouilles systématiques de véhicules. Aussi, des patrouilles sont organisées de 17 h à 6 heures du matin aux alentours de la ville.      

Alassane DIARRA *Envoyé spécial à Niono

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7 COMMENTAIRES

  1. Pourquoi s’attaquer aux gens désarmés dont la culpabilité n’est pas avérée ?! Il faut nos forces de l’ordre apprennent à faire la différence !
    Peaux rouges ne veut pas dire apatride ou ennemis du Mali !
    Encore une fois ils ont donné l’opportunité à ces gens de piailler dans tous les médias en criant à une guerre ethnique, à l’extermination d’un peuple…..

    Évitons l’amalgame si on veut vraiment bénéficier du soutien de la communauté internationale !

    D’ailleurs ces gens là ne font que se passer toujours pour des victimes et dans cette lancé on ne fait que leurs donner raison !

    En tout cas à bon entendeur, salam !

    Sinon tout le monde connait là ou se trouve Iyad Ag Ghaly, Mohamed Najim et Cie.

    Même en situation de guerre, on a pas le droit d’abattre l’ennemi quand il est complètement désarmé surtout un supposé ennemi en plus !

    • En passant, membre du Mnla ou pas, ce sont nos frères donc que la terre leur soit légère ! amen !

  2. arretez de sanctionner des actes heroiques chers compatriotes.de toute maniere rien ne sera comme avant.le malien est gentil,tres gentil et a cause de cette gentillesse on nous poignarde dans le dos.ca suffit.maintenant il faut montrer a l ennemi que nous les maliens:nous pouvons etre pire que n importe qui car le malien n aime pas l humiliation.bravo a ceux qui ont accompli cette mission.ne soyez pas naif

    • Attention!Attention!Epargnons les civiles.L’ETAT doit rechercher et mettre les coupables à la disposition de la justice,qu’ils soient civiles ou militaires.Tous les maliens sont égaux devant la justice.Pas d’amalgame!

  3. attention à l’amalgame et soyons plus civilisés que les rebelles qui n’ont pas tué un seul civil depuis l’attaque de Menaka le 17 janvier 2012 jusqu’à nos jours et prions Dieu pour que le MNLA n’essaye pas de venger ces pauvres bergers qui ont été lâchement assassinés à cause de leurs 57 bœufs.Nous sommes sûrs que l’incorruptible juge de niono et son nouveau Ministre de la justice aussi pointu sur l’état de droit feront la lumière sur cette affaire sombre afin de châtier les vrais auteurs qu’ils soient civils ou hommes habillés.
    le temps nous édifiera sur le comportement des uns et des autres

  4. cet acte est intolérable dans un pays comme le nôtre qui puise sa grandeur dans le respect de la parole de Dieu à savoir le coran qui dit que la personne humaine est sacrée et que seul le Tout Puissant crée et rappelle à sa guise tout être qu’il soi humain ou animal.
    Aussi, pour nous éviter la colère de Dieu, nous devons dénoncer cet assassinat horrible quel que soit l’auteur ou le commanditaire et exiger que justice soit faite.
    Les acteurs et complices de cet acte doivent être sévèrement punis.

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