Ansar Dine, le MNLA et la France : le marché de dupes

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Iyad Ag Ghaly, chef d'un des groupes islamistes qui ont occupé le nord du Mali, le 7 août 2012 à Kidal

Selon le Figaro,   le groupe jihadiste Ansar Dine a revendiqué l’attaque qui a fait samedi, trois morts, dont deux Casques bleus guinéens et un civil de l’ONU et vingt blessés, dans un appel téléphonique avec l’AFP.

Le journal ajoute : “Nous revendiquons au nom de tous les Moujahidines l’attaque contre le camp de Kidal” qui est “une réponse à la violation de nos terres par les ennemis de l’islam”, a déclaré Hamadou Ag Khallini, un responsable d’Ansar Dine, dirigé par l’ex-chef rebelle touareg malien Iyad Ag Ghaly, dans une brève conversation téléphonique avec un journaliste de l’AFP.

Cette déclaration d’Ansar Dine, sans aucun doute, souligne le lien entre les hommes d’Iyad Ag Ghali et ceux du Mouvement de Libération de l’Azawad (MNLA). En effet, en faisant référence à la « violation de leurs terres », ils rentrent dans la même logique séparatiste que le MNLA, qui, en revanche, n’a pas de revendication islamiste. Toutes choses qui révèlent à quel point, Ansar Dine, le MNLA et le HCUA peuvent, opportunément, faire cause commune, pour attaquer les FAMA, la MINUSMA et les forces françaises. C’est une leçon pour la France, qui, sous l’ère Sarkozy, a entretenu des relations plus qu’équivoques avec ceux que les Occidentaux ont désignés comme les séparatistes qui ont des revendications politiques, des minorités qu’il faut protéger sous risque de génocide. On justifiait ce qu’on croyait être ses intérêts. De ce fait, les terroristes ont profité de ces brèches, pour se mouvoir dans une nébuleuse, changeant de dénominations et donc, de revendication, suivant les circonstances.

L’exemple syrien doit aujourd’hui édifier la France qui a tenu à armer des rebelles dont elle ne connaît pas  «  la véritable identité. » On ne pactise pas avec des hommes armés dont le seul dessein est de faire crouler un Etat, sans donner une garantie politique de bonne gouvernance. On l’a vu en Tunisie, après le départ de Zine el-Abidine Ben Ali, en Egypte, après celui  de Hosni Moubarak, en Irak et en Libye aujourd’hui, c’est le chaos. Pourquoi donc précipiter la déchéance de certains Etats, si c’est pour les entraîner dans le gouffre ? La géopolitique occidentale commande souvent et les intérêts des grandes puissances ne sont pas guidés par l’éthique. En Afghanistan, Les Américains et les  Français ont chassé les Russes, en armant les Talibans, pour les déloger ensuite du pouvoir. Cette stratégie révèle l’absence de logique dans certaines opérations militaires des Occidentaux.  C’est pourquoi, aujourd’hui, le Proche Orient est devenu une poudrière dont les retombées se font en Europe : migration et attaques terroristes. S’il faut puiser du pétrole dans ces pays, c’est à la merci des kalachnikovs de Daesh. Le fait que Barack Obama se méfie de François Hollande qui, après l’embargo contre la Russie, tend la main à Vladimir Poutine montre que l’Europe vogue au gré de ses intérêts. Après avoir tendu, hier, la main au MNLA, la France sait aujourd’hui, que ses intérêts ne se trouvent pas chez les séparatistes.  Elle le sait d’ailleurs, depuis que le MUJAO  a rapidement fait fuir les séparatistes de Gao, pendant  «  l’occupation jihadiste » du Nord du Mali, révélant la faiblesse du MNLA, soutenu à coup de propagande médiatique et faussant, du coup, les calculs de la France.

B.D.

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