Le jeudi 17 février 2022, le président français, Emmanuel Macron en compagnie de ses partenaires européens et africains a annoncé la fin de l’opération Barkhane et Takuba au Mali. Cette annonce intervient au moment où le torchon brulait depuis des mois durant entre notre pays et la France. L’annonce de ce retrait constituera-t-elle un déclic pour amorcer le dialogue avec les groupes djihadistes. Une hypothèse, jadis, envisagée par les autorités de la Transition que la France s’y opposait fermement.
Si le départ des troupes françaises et européennes du sol malien suscite des sentiments de satisfaction et d’inquiétude, cela peut ouvrir d’autres opportunités. Notamment, celle d’entamer des pourparlers avec les groupes djihadistes qui sévissent dans notre pays.
Pour rappel, le Gouvernement du Mali, à travers son ministre des Affaires religieuses, avait annoncé le 19 octobre dernier qu’il a mandaté le Haut Conseil Islamique pour des négociations avec les groupes djihadistes dirigés par Iyad Ag Aghaly et Amadou Kouffa, pour mettre fin au terrorisme qui a secoué le pays et entrainé le déplacement et la mort de nombreux Maliens. Cette décision comme solution de sortie de crise sécuritaire pour le gouvernement du Mali n’était pas du goût de la France d’Emmanuel Macron. D’ailleurs, à cet effet, le président français avait vite déclaré unilatéralement, la fin des opérations conjointes avec le Mali.
Maintenant, après une nouvelle annonce sur la fin de l’opération Barkhane, l’on peut dire que le Gouvernement de la transition a désormais une large opportunité d’envisager toutes les solutions possibles pour mettre fin au terrorisme qui dure depuis bientôt dix ans dans de nombreuses régions du pays. Et la négociation avec les groupes djihadistes a toujours constitué l’une des solutions phares envisagées.
Le Haut Conseil Islamique pourrait être un acteur majeur dans cette option
Le Haut Conseil Islamique qui est la principale institution musulmane, jouera sans doute un rôle de premier plan dans cette option.
Le Cheick Imam Mahmoud Dicko avait proposé à un moment donné cette solution au gouvernement du Mali. La négociation avec les djihadistes n’est pas une nouvelle chose dans la résolution des conflits, puisque beaucoup de grands pays l’avaient fait auparavant pour la fin de la crise sécuritaire dans leurs pays respectifs. Le Haut Conseil Islamique du Mali sous le leadership du Cherif Ousmane Madani Haidara sera un acteur majeur dans l’amorce des discussions avec les Iyad Ag Aghali et Amadou Kouffa. Les groupes djihadistes qui sont en passe de perdre du terrain ne vont pas cracher sur cette opportunité. Surtout que la plupart de leurs leaders sont de nationalité malienne. De même, on affirme que certains de nos religieux sont en contact permanent avec eux. Toute évidence qui pourra faciliter les choses.
Pour rappel, le Président du Haut Conseil Islamique du Mali, Cherif Ousmane Madani Haidara avait joué un rôle prépondérant dans le processus de libération du village de Farabougou en 2020 des mains des jihadistes. Cela à travers le dialogue avec ces derniers, qui occupaient les entrées dudit village. Certains leaders religieux avaient aussi facilité la libération de certains otages dans le passé et ils pourront faire de même pour la négociation avec les groupes djihadistes. Nonobstant, la guerre contre les djihadistes est un combat de longue haleine qu’un régime de transition ne peut mener jusqu’au bout. C’est pourquoi, dès à présent, il urge d’user de tous les moyens possibles pour trouver un déclic à cette crise sécuritaire. Et la fin de l’opération Barkhane ne pourra que faciliter la concrétisation de cette hypothèse. Car cela aussi était une condition sine-qua-none posée par ces groupes jihadistes.
Adama Tounkara